Marguerite sur la tapisserie des Valois
La reine Marguerite apparaît à trois reprises dans la tapisseries des Valois, conservées à la galerie des Offices de Florence.
Portrait de Marguerite de Valois dans la Fête nautique sur l'Adour.
La reine de Navarre est représentée accompagnée de son mari, Henri de Navarre (placé en face d'elle), et de son beau-frère, Charles III duc de Lorraine (placé derrière elle), très reconnaissable à ses grandes moustaches.
Les huit pièces de la tapisserie des Valois aujourd'hui conservent leur part de mystère. On présume qu'elles ont été réalisées à la fin des années 1570, mais on ignore l'identité de leur commanditaire. Les personnages sont représentés sur un fond qui n'a rien à voir directement avec eux. Sur cette tapisserie seraient représentées les festivités nautiques de l'entrevue de Bayonne (1565). La scène a pour modèle le dessin qu'en avait fait l'artiste Antoine Caron.
Les personnages du premier plan appartiennent, quant à eux, à la fin des années 1570, probablement après l'année 1578, date des retrouvailles de Marguerite et de son époux après une séparation qui avait duré deux ans. Le roi et la reine de Navarre s'étaient brouillés pour des broutilles de cour, mélant histoire de coeur et tensions politiques.
Photo : Roberto Palermo (Florence, musée des Offices)
Portrait de Marguerite de Valois dans la Mascarade à l'éléphant.
La reine de Navarre est représentée avec son frère François, et derrière eux, leur neveu Henri de Lorraine, alors adolescent.
Marguerite entretenait de bons rapports avec son frère cadet. Les intrigues de la cour les avaient rapproché. Marguerite partagait la cause de son petit frère quand il était en butte aux humiliations des hommes du roi.
Ce partis pris avait valu à Marguerite de subir la méfiance constante d'Henri III. Le roi la pensait complice de la fuite de François en 1575 et la fit enfermer au palais du Louvre ; pendant plusieurs semaines, Marguerite vécut récluse dans sa chambre sans pouvoir en sortir.
Marguerite soutenait son frère cadet au point d'entreprendre un grand voyage aux Pays-Bas, pays dont François est appelé à devenir le souverain. Marguerite a laissé dans ses mémoires le récit rocambolesque de cette aventure, où elle manqua à plusieurs reprises d'être enlevée.
Sur la tapisserie, la princesse est représentée en pied dans un grand décolleté, la main au côté, le visage souriant. Sa ressemblance avec Catherine de Médicis est ici particulièrement saisissante.
Le costume qu'elle porte appartient encore aux années 1570. La collerette s'ouvre largement au-dessus des épaules (ce qui est moderne pour la mode de l'époque), mais le reste de la robe est assez simple. Marguerite ne porte pas encore de vertugadin en bourrelet, ni de manches ballonnées comme il est d'usage à la cour d'Henri III.
Pour le commentaire de cette tapisserie voir l'article dans la partie François d'Alençon.
Photo : Roberto Palermo ; Source : F. Yates, The Valois tapestries, London, Warburg institute, 1959
Portrait de Marguerite de Valois dans le Carrousel des chevaliers bretons et irlandais à Bayonne
La reine de Navarre est représentée cachée derrière sa mère et son mari. On la reconnaît à sa perruque blonde et à ses traits de visage qui la rendent si proche de sa mère.
L'image que renvoie cette représentation, c'est qu'entre les deux grands personnages historiques qui l'encadrent, Marguerite apparaît comme prisonnière, une représentation qui n'est pas sans rappeler une certaine réalité matrimoniale et politique.
De par la nature de son mariage, Marguerite avait un rôle politique d'une grande importance à jouer : celui de garder le roi de Navarre dans le giron de la Couronne. Dans le contexte des troubles politiques de l'époque, Marguerite était le pont d'alliance établi entre Henri de Navarre, prince du sang et trublion potentiel d'une part et la reine-mère, garante des intérêts de la couronne d'autre part. C'est bien pour maintenir le prince Henri sous sa tutelle que Catherine de Médicis ramena physiquement Marguerite auprès de lui en 1578.
Seulement le double jeu de Navarre (qui se comprend par le comportement des Valois pendant le massacre de la Saint-Barthélemy) et les aléas des conjonctures politiques devaient porter préjudice à cette alliance. Des deux côtés, Marguerite allait être prise à partie.
Après plusieurs années, lasse de servir de bouc émissaire, elle finit par abandonner son mari et par tremper dans la trahison. Après des aventures dignes d'un roman, elle fut emprisonnée par son frère, déshéritée par sa mère et au final démariée par son mari.
Pour le commentaire de cette tapisserie voir également l'article dans la partie Catherine de Médicis.
Photo : Roberto Palermo (Florence, musée des Offices)
Article modifié en avril 2019