Portrait au crayon d'Henri III attribué à Etienne Dumonstier et aujourd'hui conservé à la Bibliothèque nationale de France
Source des images : Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Agence photographique de la Rmn (Le Mans, musée de Tessé) ; La Gazette Drouot (Vente du 29 septembre 2020)
Le dessin est centré sur le visage du roi, tourné exceptionnellement vers la gauche. A la façon dont la toque est placée au-dessus du front on peut affirmer que ce portrait est plus tardif que celui de Chantilly (voir article précédent). Le couvre-chef cache désormais les cheveux, faisant apparaître au niveau du front un début d'alopécie.
Quand on sait l'importance du paraître à la cour d'Henri III, la dissimulation des cheveux est significative de l'évolution de la physionomie royale. Dans les années 1580, les cheveux sont censés être relevés en hauteur au-dessus du front et brossés en arrière. Cette représentation du roi n'est pas un arrangement trompeur. Elle témoigne de façon réaliste de son évolution physique à trente ans passés.
A ce dessin, peuvent se rattacher deux peintures, l'une est conservée au musée de Tessé du Mans (ci-contre, image de gauche), et l'autre a récemment été vendue aux enchères (ci-contre, image de droite).
Elles se distinguent du dessin, par la broche en forme d'étoile et l'absence de perle suspendue. Il semblerait que dans le courant du règne, les portraits du roi aient abandonné les pendants d'oreille.
Il est possible que ce soit ce dessin qui ait servi de modèle à Thomas de Leu pour son portrait gravé du roi. On peut leur trouver deux points communs : l'alignement de la toque sur la ligne du front, faisant disparaître les cheveux, et l'absence de la seconde boucle d'oreille (ci-contre).
Source et localisation des images : (Musée d'Art de l'université de Princeton) ; (Washington, National Gallery of Art)
C'est aussi le modèle vraisemblablement repris en 1588 par Gourdelle, dans sa série dite des ligueurs (ci-contre, image de gauche). Dans son sillage, Léonard Gaultier propose une version du roi en fraise (ci-contre, image de droite). Ces gravures témoignent du succès de ce genre, à une période où le conflit politique opposant la Ligue au roi s'intensifie.
Source des images (1ère version) : Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; 2e version : Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France).
Portrait du roi Henri III attribué à l'atelier de Dumonstier lors d'une récente vente aux enchères
Source de l'image : Wikimedia commons (Hampel, vente du 11 avril 2013 à Munich ; Sotheby's, vente du 15 juin 2021 à Paris)
Il s'agit d'un très beau portrait du roi récemment apparu dans une vente aux enchères. C'est un évènement que de tels portraits inédits et d'une telle beauté puissent encore être découverts sur le marché de l'art.
Le tableau a été vendu en 2013 chez Hampel ; il était alors attribué au peintre François Quesnel ; puis en 2021, il est vendu chez Sotheby's et rendu à Dumonstier et son atelier (voir la notice de Sotheby's rédigée avec l'aide de l'historienne Alexandra Zverava).
Le tableau a probablement été peint dans les années 1580. La présence du collier de l'ordre du Saint-Esprit permet de le dater de façon certaine à une date postérieure ou égale à 1578. Mais l'âge du roi qui peut se deviner aproximativement au vieillissement des traits, devrait orienter les recherches vers une datation plus tardive.
Ce tableau reprend un portrait en pied aujourd'hui conservé par le Kunsthistorisches museum de Vienne (ci-contre).
Le portrait en pied est toujours intéressant pour appréhender la mode d'une époque. Malgré le caractère sombre du costume, on devine au niveau du bas ventre, l'énorme panseron qui, à la manière du costume de Polichinelle, rendait le pourpoint déformé.
La cape très courte cache des manches ballonnées. Sur son coté gauche, est brodée la croix de l'ordre du Saint-Esprit.
Le portrait en pied est un genre qui se développe en France dans la seconde moitié du XVIe siècle et plus particulièrement sous le règne d'Henri III. Si un certain nombre de portraits en pied du roi devait exister, beaucoup d'entre eux ont disparu du fait des destructions et des autodafés organisés par la Ligue. Après l'assassinat du duc de Guise, les portraits du roi ont été publiquement détruits. Ont ainsi disparu le portrait du palais parisien de la reine-Catherine ou encore celui en costume de l'ordre du Saint-Esprit, conservé au couvent des Grands Augustins.
La plupart des portraits en pied qui subistent aujourd'hui ne sont que des copies souvent tardives. Un portrait du XVIIe siècle se trouve par exemple au château de Cadillac (ci-dessous, 3e portrait à droite) ; le roi est rhabillé à la mode de l'époque (le col dit pelle à tarte a les dimensions d'un col des années 1590). Plus intéressant est l'exemplaire du musée des Beaux-arts de Troyes qui reprend avec quelques modifications vestimentaires (toujours au niveau du col), celui du musée du Kunsthistorisches (ci-dessous, au milieu).
Source et localisation de l'image : (Vienne, Kunsthistorischesmuseum)
Source des images (de gauche à droite) : Akg images (Paris, Musée du Louvre ?) ; Henri IV et la reconstruction du royaume, colloque, Pau, 1989 (Troyes, musée des Beaux-arts) ; Regards, Centre des Monuments historiques (Cadillac, Château des ducs d'Épernon)
Portrait d'Henri III attribué à François Quesnel et aujourd'hui conservé au musée du Louvre
Source de l'image et localisation : (Paris, musée du Louvre)
Ce portrait représente le roi dans la dernière partie de son règne, soit vers 1585. Henri III a maintenant la trentaine passée. Son chapeau est désormais placé au sommet du front pour cacher une calvitie de plus en plus importante.
Le roi arbore le ruban bleu au bout duquel pend la croix de l'ordre du Saint-Esprit.
Ce portrait illustre le style sevère adopté par le roi dans les dernières années de son règne. Le chapeau, le manteau et le pourpoint sont complètement noirs. Hormis celui du chapeau, aucun bijou ne vient égayer la face grave du roi.
Devant l'absence d'héritier mâle et la montée de l'obscurantisme religieux (la Ligue), Henri III sombre dans une période de remise en question qui le conduit à mener une vie de dévotion intense. Les années 1580 constituent également en France le début de la Contre-réforme catholique, marquée par la quête d'une spiritualité intérieure. Plus que jamais le roi s'engage dans une vie austère, faite de pénitence qui lui vaudra le surnom de roi-moine.
Portrait au crayon d'Henri III conservé à la Bibliothèque nationale de France
Ce dessin d'Henri III est le dernier réalisé de son vivant. Il a été attribué par l'historienne Alexandra Zvereva à Étienne Dumonstier.
A la fin de son règne, Henri III n'a que 38 ans. Sur ce dessin, il paraît plus âgé. Ses traits sont marqués, les poils de barbe paraîssent hirsutes et la calvitie avancée. Comme sur la peinture du Louvre, les cheveux sont recouverts par la toque.
Source des images et localisation des oeuvres : Gallica (localisation : Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Plateforme ouverte du patrimoine ou Collection du Château de Versailles (Château d'Azay-le-Rideau)
Notes
1. Pour l'attribution du portrait et celui traditionnellement attribué à Quesnel voir la notice rédigée par Alexandra Zvereva in Fêtes et crimes à la Renaissance : La cour d'Henri III, Paris, Somogy, 2010, p. 82.
2. Isabelle HAQUET, L’énigme Henri III, Presses universitaires de Paris Nanterre, 2012
3. Isabelle HAQUET, Op. cit., 2012, p.
Article initialement publié en 2020.