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Les Derniers Valois
15 août 2007

Marie Stuart


Malgré la très courte période durant laquelle Marie Stuart fut reine de France (1 an et quelques mois), elle a été - et demeure encore aujourd'hui - la reine de France du XVIe siècle la plus populaire. Vu le grand nombre de sites qui lui sont consacrés outre-manche et au delà (un exemple ici), je n'entends pas reconstituer une galerie iconographique exhaustive. Je m'attacherai à rassembler ici les principaux portraits, en particulier ceux de la période française, Marie étant plus connue pour sa couronne d'Ecosse que pour sa couronne de France.

Voir aussi l'article qui lui a consacré Alexandra Zvereva dans Marie Stuart, un destin français, sorti à l'occasion de l'exposition organisée par la Réunion des musées nationaux en 2008 au château Ecouen et dans lequel l'auteur aborde en détail l'iconographie de Marie Stuart dans sa période française.

Marie Stuart YalePortrait de Marie Stuart dessiné par François Clouet vers 1549 et aujourd'hui conservé à l'université de Yale aux Etats-Unis.

Source : (New haven, The Yale University Art gallery)

Il s'agit d'un très beau portrait de la reine réalisé après son arrivée à la cour de France en 1548. Elle a cinq ans.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Marie StuartPortrait de Marie Stuart par François Clouet

Très tôt promise au dauphin François, Marie grandit au côté des enfants de France, sous la bienveillance de sa famille maternelle les Guise.

Sur ce dessin d'une belle qualité, rehaussé de couleur, la petite reine est représentée telle qu'elle était sous le règne d'Henri II.

Elle porte un french hood en coiffe, un petit col plissé en godrons (qui annonce les fraises), une guimpe et des revers de manches très larges comme on en porte depuis le début du siècle.

 

 

 

 

 

 

Marie Stuart, ChristiesMarie Stuart, musée CondéIl existe au musée Condé un dessin plus ancien qu'A. Zvereva attribue à Lemannier (pour le visage uniquement).

Un petit portrait vendu récemment chez Christies semble se rapprocher de ce modèle (encore que le costume semble légèrement plus tardif).

Source : Base Joconde (Chantilly, musée Condé)

Source : Christies

 

 

 

 

 

Marie StuartPortrait de Marie Stuart

Source : Henri Malo, Les Clouet de Chantilly, Paris, Laurens, 1932 et Plateforme ouverte du patrimoine (Chantilly, musée Condé) 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Marie Stuart, BnFPortrait de Marie Stuart étant jeune

(Paris, Bibliothèque nationale de France)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Marie Stuart, The royal collectionPortrait de Marie Stuart tenant son alliance dans les mains, peint à l'aquarelle par François Clouet vers 1558 et aujourd'hui conservé dans les collections de la Couronne britanique

Source de l'image : (Royaume-Uni, The Royal Collection)

La reine d'Ecosse est représentée à l'âge de seize ans. L'oeuvre est le témoignage de son mariage avec le dauphin François, qui a eu lieu le 24 avril 1558 à Notre-Dame de Paris. Malgré la guerre en cours, il est suivi par de nombreuses festivités.

Pour la France, cette alliance est l'occasion d'étendre son influence sur l'Ecosse et de contrecarrer l'alliance de l'Angleterre et de l'Espagne. En épousant Marie Tudor, Philippe II d'Espagne avait construit autour de la France une aire d'influrence très menaçante. C'est pour contrer cette menace que le roi Henri II eut le projet d'unir la France et l'Ecosse, ... territorialement.

A l'issue du mariage, Henri II prit des mesures allant dans ce sens. Les Ecossais possédaient désormais "l'identité française", et l'on faisait signer à l'enfant qu'était Marie Stuart un document qui stipulait que l'Ecosse serait fusionnée avec la France quelque soit la situation, avec ou sans enfants. L'alliance que tient donc Marie Stuart dans ses mains sur ce tableau est aussi le symbole de cette intégration.

Marie Stuart, Victoria-Albert museumFrançois II et Marie Stuart, livre d'heures de Catherine de Médicis, BnFLa miniature de la collection royale reprend les traits du dessin de la BnF.

Il en existe plusieurs reprises dont une dans le livre d'heures de Catherine de Médicis qui représente Marie avec son époux François (ci-contre à droite). L'oeuvre a été peinte quinze ans après le mariage, quand François était déjà mort depuis longtemps.

 

 

Marie Stuart, BeauregardMarie Stuart, Philip MouldSource des images ; (Londres, Victoria and Albert museum) ; (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Philip Mould and Co ; (château de Beauregard)

 

 

 

Clouet_Marie_StuartPortrait de Marie Stuart vendu aux enchères en 2018

La peinture reprend en modèle l'aquarelle de la Royal Collection.

Le costume est beaucoup plus riche et la coiffe plus moderne. Du point de vue iconographique, l'oeuvre est donc probablement postérieure. Peut-être s'agit-il du portrait de Marie après son accession au trône de France en 1559. Il s'agirait alors de l'unique portrait connu de la reine Marie en tant que reine de France.

Source de l'image : Artnet (im Kinsky, vente du 23 octobre 2018 à Vienne)

 

 

 

 

 

 

 

 

Portrait de Marie Stuart en deuil blanc dessiné au crayon par François Clouet en 1559 et sa version en peinture aujourd'hui conservée à Breamore House, au Royaume-Uni

Source des images : (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Bridgeman Images (Breamore House, Hampshire)

Marie Stuart, BnFMarie Stuart, Breamore HouseMarie Stuart, Wallace collectionLe portraitiste a représenté la reine voilée. L'image est assez connue car il existe encore aujourd'hui plusieurs portraits peints réalisés à partir de ce dessin.

A la mort de son époux, le 5 décembre 1560, la jeune reine de France n'a que 17 ans. Le portrait de la reine voilée aurait pu être réalisé à cette occasion, mais peut-être aussi à la mort de sa mère ou de son beau-père décédés précédemment. L'historienne Alexandra Zvereva en a précisé la genèse. Voir l'article dans Alexandra Zvereva, « La beauté triomphante de la reine endeuillée : les portraits de Marie Stuart », in T. Crépin-Leblond (dir.), Marie Stuart. Un destin français, Paris, RMN, 2008, pp. 73-87

Ce portrait a été de nombreuses fois recopié, y compris au XIXe siècle, mais beaucoup d'entre elles sont des copies assez fades. La plus belle est sans aucun doute celle de la Wallace collection à Londres (ci-contre à gauche).


 Marie Stuart, Royal CollectionMarie Stuart, SNG  Pescheteau-Badin, 2014Marie Stuart, musée CarnavaletMarie Stuart, Blois

 

 

 

 

 Marie Stuart, NPG

SourcMarie Stuart, BnFe des images : (Londres, The Wallace collection) ; (Royaume-Uni, The Royal Collection) ; (Edimbourg, Scottish National Gallery)1 ;  La Gazette Drouot (Pescheteau-Badin, Vente du 6 juin 2014 à Paris) ; (Paris, musée Carnavalet) ;  Agence nationale de la RMN (Blois, musée du château) ; (Londes, National Portrait Gallery) ; Gallica (Paris, Biblothèque nationale de France)

 

 

 

 

Marie Stuart, NPGPortrait de Marie Stuart, reine d'Ecosse conservé à la National Portrait Gallery de Londres

Source des images : (Londres, National Portrait Gallery)

Marie Stuart débarque en Écosse le 19 août 1561. Elle découvre un pays qu'elle ne connait pas et qui lui est étranger. Elle y règne sous la contrainte des conjonctures politiques et religieuses du moment, jusqu'à ce qu'en 1567, elle soit démise de sa couronne au profit de son fils.

Ce portrait serait l'un des rares - sinon le seul - qui nous soit parvenu de Marie Stuart de cette période. C'est d'autant plus étonnant que cette période fut pourtant majeure dans sa vie.

Le portrait a longtemps été vu comme une oeuvre posthume. Mais la reine est représentée avec un costume des années 1560. La taille des godrons de la collerette et l'âge apparent du modèle, plus mûr que dans le modèle clouetien, font pencher la datation de ce portrait à la période écossaise de sa vie. Les couleurs noire et blanche de l'habit seraient également une marque du deuil 2 ; cela laisser supposer que le portrait a été tiré entre la mort de son premier époux et son second mariage, soit entre 1561 et 1565.

Une pN_Marie Stuart_Uffizi_v2etite miniature conservée aujourd'hui à la galerie des Offices de Florence est l'exacte reprise de ce tableau (image ci-contre à gauche). Elle appartient à un ensemble de petits portraits représentant la famille royale des Valois. L'oeuvre n'est pas non plus datée, mais sa ressemblance avec le tableau de Londres laisse supposer l'existence d'un prototype commun aujourd'hui disparu. Selon toute probabilité, ce portrait a existé dans un plus grand format, selon un cadrage qui la représentait en pied.

Marie Stuart, GaignieresUn dessin de la collection Gaignières actuellement conservé à la Bibliothèque nationale de France  en conserve le témoignage visuel (image ci-contre). Il s'agit un dessin aquarellé fait aux XVIIe siècle par le collectionneur Roger de Gaignières (un siècle après le portrait original). Le dessin aurait été fait d'après un portrait un pied que Gaignières possédait. La peinture a disparu, mais peut-être existe t-elle encore dans une collection privée 3.

Source des images : Florence, Galerie des Offices ; (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; (copie du XIXe siècle ? vendu chez Giquello & Associés le 13 juin 2023)

 

 

Lord Darnley et Marie, National Trust CollectionsPortrait de Henry Stuart, Lord Darnley, et de Marie Stuart peint vers 1565

Source de l'image : National Trust Collections (Hardwick Hall, Derbyshire

Le 29 juillet 1565, Marie épouse son cousin Henry Stuart. Le tableau où les deux époux sont représentés côte à côte, est le témoignage commémoratif de cette union. La reine est habillée dans un habit contemporain des portraits précédents. La toque et les formes de la collerette sont en tout point, identiques.

L'union de Marie avec son cousin Henry procède autant des sentiments que de la politique. Elle permet à la reine française de conforter son intégration à la cour écossaise. Entrainée par la passion des sentiments et les luttes de pouvoir internes, elle se termina de façon violente lorsque lord Darnley fut assassiné le 9 février 1567. Cet évènement tragique sert de prélude à la chute de Marie Stuart.

 

Maria_Stuart_RijksmuseumPortrait en miniature de Marie Stuart conservée au Rijksmuseum

Source de l'image : (Amsterdam, Rijksmuseum)

L'oeuvre est datée du XVIIe siècle, mais la reine est représentée coiffée et habillée selon la mode des années 1570. L'image fait la transition entre les deux grandes séries de portraits connus de la reine en Ecosse, celle vue précédemment, peinte vers 1565 et le portrait Sheffield peint vers 1577.

 

 

P_Mary_Queen_of_Scots_after_Nicholas_Hilliard_NPGv2Portrait de Marie Stuart, reine d'Ecosse déchue, peint vers 1577/1578 et aujourd'hui conservé à la National Portrait Gallery

Source de l'image : (Londres, National Portrait Gallery)

La reine est représentée à l'âge de 35 ans, alors qu'elle est retenue prisonnière par sa cousine Elisabeth Ière. Pendant 14 ans, de 1570 à 1584, Marie Stuart est assignée au château de Sheffield (dans le Yorkshire).

Le portrait a été peint vers 1577. C'est le dernier portrait officiel de la reine avant son exécution en 1587. Considérée dans le milieu catholique européen comme une reine martyre, Marie Stuart a fait l'objet d'une importante récupération politique après sa mort. Son image a été diffusée en grand nombre sous forme de gravures mais aussi de peintures. Et c'est ce portrait qui est abondamment repris. Aujourd'hui, il en existe plusieurs copies.

Marie Stuart Liria PalaceLa reine est habillée dans une robe noire et austère, un chaperon et un voile transparent qui signalent son statut de veuve. Elle porte une colllerette dont les formes sont celles de la mode des années 1570. Sur le ventre et à la ceinture, elle porte un crucifix et un chapelet, qui signalent son appartenance à la religion catholique, objet de persécution dans l'Angleterre d'Elisabeth Ière. 

L'auteur du portrait, ainsi que l'identification du portrait original font encore l'objet de discussion.


1191862Marie Stuart, NPG

 

P_Hilliard_Marie_Stuart_Victoria_and_albert museumv2

P_Hilliard_Marie_Stuart_RC_v2

On peut encore lire dans des articles récents que l'auteur du portrait serait le miniaturiste Nicholas Hilliard, mais de cette attribution, rien n'est moins sûr. Le peintre a laissé deux miniatures identiques à ce modèle, et nombre de personnes y voient la source des peintures précédentes 4. Pourtant, comme pour les autres miniatures de Hilliard, le visage de la reine Marie est idéalisé et n'est pas particulièrement ressemblant. Le même problème se posait pour les portraits peints par Hilliard en 1577 du roi Henri III et de sa soeur Marguerite de Valois. L'article du Burlington Magazine consacré à Henri III en 2019, y voyait l'origine des portraits en fraise du début du règne, en lieu et place de Decourt. Mais, ici encore, la comparaison entre les différents portraits de Marie Stuart ne fait pas de doute ; les miniatures de Hilliard ne peuvent pas être la source des tableaux peints. Le contour oblong du visage que traverse un long nez fin n'est pas traduit avec fidélité.

Mary_Stuart_James_Blair-CastleLe portrait Sheffield a été maintes fois repris, et encore longtemps après la mort de la reine, au XIXe siècle. Sur ce portrait ci-joint, le modèle est repris en 1583 pour la représenter avec son jeune fils, le roi Jacques VI, alors agé de seize ans. Depuis son accession au trône, le jeune prince n'avait jamais revu sa mère, devenue paria du nouveau régime écossais et de sa classe politique.


Gourdelle_Marie_Stuart_NPGDavid_Marie_Stuart_BNF_GallicaSource des images :  Fondation Casa de Alba (Madrid, Palais de Liria) ; (Edimbourg, Scottish National Portrait Gallery) ; National Trust Collections (Derbyshire, Hardwick Hall) ;  (Londres, Victoria and Albert museum) ; (Royaume-Uni, The Royal Collection) ; Wikimedia (Royaume-Uni, Blair Castle)

P_Marie_Sturat_BnFMarie_Stuart_NPG

Source des estampes : (Londres, National Portrait Gallery) ; Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; (Londres, National Portrait Gallery)

 

 

 

R_Marie_Stuart_Leu_BnfPortrait de Marie Stuart par Thomas de Leu

Source des images : Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France)

Le maître graveur français a produit une image très différente du portrait Sheffield. La reine est ici habillée selon la mode française des années 1580. Elle porte une collerette ouverte dont la forme froncée s'apparente à celles qui se voît sur certains portraits de la reine Louise.

L'image proposée par Thomas de Leu est novatrice, car il n'existe pas de portrait connu de Marie Stuart après celui de Sheffield. A partir de quelle image Thomas de Leu a-t-il produit son dessin ? A t-il eu accès à un portrait, inédit à ce jour, tiré peu de temps avant le décès de la reine ? Ou a-t-il recomposé par lui-même un portrait après sa mort ?

 

Wierix_Marie_Stuart_GallicaLe maître flamand Jerôme Wierix a édité un portrait de la reine d'Ecosse selon le même modèle (image ci-contre) . Le portrait placé dans un cadre ovale est accompagné de figures allégoriques et de deux scènes d'histoire représentant l'exécution de la reine. Il procède de la campagne de communication qui assure la publicité de cet évènement considéré comme historique dans le milieu catholique.

L'existence de plusieurs copies (images ci-dessous) montrent le succès de cette iconographie dans l'Europe catholique. Après la mort de Marie Stuart, c'est ce portrait qui a du être principalement diffusé. Il a du trouver un accueil très favorable dans la France ligueuse des années 1587-1594.

Marie_Stuart_NPG2R_Maes_Pierre_Marie_Stuart_BnFSource des images : (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; (Londres, National Portrait Gallery) ; (Paris, Bibliothèque nationale de France)

 

 

 

 


 

Notes

1. Le portrait serait du XIXe siècle.

2. Alexandra Zvereva, « La beauté triomphante de la reine endeuillée : les portraits de Marie Stuart », dans Thierry Crépin-Leblond (dir.), Marie Stuart. Le destin français d'une reine d'Écosse, Paris, RMN, 2008, p. 84.

3.

4. Notamment, Antonia Fraser, " Mary Queen of Scots" , Delta, 1993 et plus récemment par David A.H.B. Taylor, " Why are there so few portraits of Mary, Queen of Scots? ", dans Apollo The International Art Magazine, 15 novembre 2017 (consulté le 04/01/2021).

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15 août 2007

Les reines de France Au XVIe siècle, la famille

Les reines de France

Les reines de FranceAu XVIe siècle, la famille royale des Valois compte huit reines de France. Certaines d'entre elles ont vécu un destin hors du commun et sont entrées dans la postérité, d'autres, en revanche, ont été très discrètes.

C'est le cas d'Elisabeth d'Autriche (épouse de Charles IX) et de Louise de Lorraine (épouse d'Henri III), deux reines de France réservées et intègres, dont la vie et l'iconographie restent peu connues du grand public.

La plus distinguée des reines de France de ce siècle, Catherine de Medicis, n'est pas présentée dans cette catégorie. Cette femme a joué un rôle si important dans la monarchie et l'histoire du royaume, qu'elle méritait, par l'abondance de ses portraits, d'avoir une catégorie particulière.

Galerie des reines de France

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