26 mai 07

Le duc d'Anjou


François_de_Valois_duc_d'AlençonPortrait au crayon de François d'Anjou par Pierre Dumonstier

Source de l'image et localisation : Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France)

Il s'agit peut-être d'un portrait réalisé au lendemain de la victoire que François remporte sur son frère Henri III. Avec ses alliés malcontents et protestants, il contraint le roi a signer l'édit de Beaulieu qui cède à François un nombre considérable d'avantages (1576).

François se soumet au roi mais reçoit en échange le duché d'Anjou en apanage. Désormais appelé duc d'Anjou, François fait son retour à la cour plus fort et plus puissant que jamais. Il devient un personnage incontournable, rivalisant avec le roi par son influence et son réseau de courtisans.

 

 

 

François d'AnjouLe dessin a servi à réaliser plusieurs portraits peints du prince.

Le costume n'est pas sans faire penser au portrait d'Henri III peint au début du règne et à celui du roi de Navarre peint vers 1576.

Le prince porte également le même type de pourpoint, le même collier et quasiment la même fraise que ceux portés dans le portrait précédent. Il ne serait pas étonnant que le portrait en soit une variante.

Ce tableau de très bonne facture (ci-contre), présente l'intérêt d'un cadrage plus élargi, ce qui permet de mieux apprécier le costume (le manteau et le haut-de-chausse).

François d'Anjou, miniature des OfficesFrançois, Victoria and Albret museumSource et localisation des images : Sotheby's ; Web gallery of art (Florence, galerie des Offices) ;(Londres, Victoria and Albert museum)

Biblio : Jean Adhémar, Les Clouet et la cour des rois de France, de François Ier à Henri IV, Paris, 1970 ;

P. Rosenberg, Pittura francese nelle collezioni publiche fiorentine, Firenze, Centro Di, 1977 (Florence, musée de Offices) 

Source : (Vienne, Kunsthistorisches museum) ; Gazette Drouot (Mirabaud - Mercier, vente du 23 juin 2021 à Paris )

 

 

Francois_DrouotFrançois d'Alençon, Kunsthistorisches museum

 

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François d'Anjou, extrait de la tapisserie des ValoisFrançois d'Anjou, extrait de la tapisserie des Valois

Portrait de François d'Anjou sur l'une des tapisseries des Valois

Le duc est représenté en armure devant un fond illustrant un combat équestre.

Source : Frances Yates, The Valois tapestries, 1959 (Florence, musée des Offices)  

François d'Anjou, extrait de la tapisserie des Valois, musée des OfficesLa reine margot et son frère François d'Anjou, musée des Offices
















Représentation de François d'Anjou et de sa soeur Marguerite de France, reine de Navarre sur l'une des tapisseries des Valois.

Contrairement à la précédente tapisserie, François est représenté en habit de cour. Il porte toujours une barbe légère et une petite moustache taillée.

Cette mise en scène, en toute apparence anodine, connote un dessein très politique. François était proche de sa soeur Marguerite. Comme elle, il était la victime des quolibets de la cour d'Henri III et les calomnies les avaient rapprochés.

L'éléphant d'Anvers, dans la tapisserie des Valois, musée des OfficesL'homme placé derrière eux sur la tapisserie n'a pas été identifié. Frances Yates qui a travaillé sur les tapisseries, a pensé qu'il pouvait s'agir d'un membre de la maison de Nassau. Protecteurs des Calvinistes aux Pays-Bas, les Nassau tentaient de libérer leur pays du joug espagnol et François était pressenti pour devenir leur nouveau souverain.

Sur le fond de la tapisserie, est représenté un spectacle mettant en scène un faux éléphant. Il pourrait s'agir d'un événement qui a eu lieu à Anvers en 1582, lors de l'Entrée de François. Ce n'est qu'une hypothèse. Les huit tapisseries ont pour point commun de représenter au premier plan des personnages qui n'ont pas de rapports temporels avec la scène représentée sur le fond.

Source : Fr. Yates, Op.cit. (Florence, musée des Offices) 

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Anjou, Kunsthistorisches museumPortrait de François d'Anjou par Nicholas Hilliard

Entourée par des conseillers défavorables à la France, la reine Elisabeth d'Angleterre rechigna longtemps à prendre le duc d'Anjou pour époux. La politique antiprotestante de la cour des Valois et la guerre civile en France freinaient le projet d'une union entre les deux couronnes.

En 1577, le miniaturiste anglais Nicholas Hilliard débarque en France et se met temporairement au service du duc d'Anjou. Il est probable qu'il ait agi sur la recommandation de la reine Elisabeth qui aimait posséder le portrait de ses prétendants. Il n'est toutefois pas certain que la commande par la reine d'un portrait de François corresponde à la miniature ci-contre qui semble, au vu du costume, légèrement plus tardive1.

Source : (Vienne, Kunsthistorisches museum)

Anjou, fac-simile

Le projet d'un mariage franco-anglais reprit de la consistance en 1579 quand le prince se rendit en Angleterre et qu'il fit la connaissance de la reine. Jusqu'à présent, Elisabeth était déterminée à ne pas épouser un homme qu'elle n'avait jamais rencontré.

De ses premières entrevues avec Anjou, la reine semblait avoir été plutôt satisfaite. Le prince était appelé à revenir à ses côtés pour concrétiser leur mariage.   

Témoin de ces tractations conjugales, la reine Elisabeth possédait un livre de prières dans lequel se trouvait un portrait du duc d'Anjou. L'ouvrage a disparu, mais il en existe un vieux fac-simile en noir et blanc2 (ci-contre colorisé).

 

Anjou, musée CondéIl existait un autre portrait du duc d'Anjou réalisé par Nicholas Hilliard3 (ci-contre). Mais François d'Anjou n'est pas reconnaissable dans les traits physiques du modèle. On peut légitimement s'interroger de la justesse de cette identification (qui n'est pas sans rappeler un autre portrait, difficilement reconnaissable lui-aussi, que Nicholas Hilliard avait fait de Marguerite de Valois).

Peut-être s'agit-il d'un homme appartenant à l'entourage du duc d'Anjou (comme Bussy d'Amboise par exemple) ? 

Source : Rmn (Chantilly, musée Condé)

 

 


 Notes

1. Erna Auerbach, Nicholas Hilliard, Londres, Routledge and Kegan Paul, 1961, p. 79 et  Raphaelle Costa de Beauregard, Nicholas Hilliard et l'imaginaire Elisabéthain, ed. CNRS, 1991, p. 12. La miniature a longtemps été identifiée à Walter Raleigh.

2. Erna Auerbach, op. cit., p. 77-78.

3. Erna Auerbach, op. cit., p. 74-75

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Mr le Duc Danjou - British museumPortrait posthume du duc d'Anjou publié par l'artiste ligueur Pierre Gourdelle

 

Les gravures françaises ont laissé une image beaucoup moins séduisante que les miniatures idéalisées de Nicholas Hilliard.

Sur ce portrait édité après la mort du duc d'Anjou, le graveur Gourdelle a fait représenter le prince avec les marques de la petite vérole qui depuis l'âge de ses dix ans, défiguraient son nez (détail ci-dessous). Mais le portrait est encore "convenable" sur le plan esthétique, à comparaison d'autres gravures beaucoup moins réalistes (voir la galerie de portraits ci-dessous).

nez vérolé

Source : (Londres, British museum)

François par Rabel BnFFrançois par Hogenberg OBNFrançois d'Anjou OBN

 

 

François d'Anjou par Thomas de Leu

 

 

 

 

 

 

 

Source : Gallica (Paris, Bnf) ; Digitaler Portraitindex (Vienne, Osterreichische nationalbibliothek) ; (Londres, British museum)

article modifié en avril 2014

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Le prince des Pays-Bas


François d'AnjouPour convaincre les hommes des Pays-Bas à adopter François pour nouveau souverain, une série de gravures a été imprimée pour diffuser son image.

On le représente alors à son avantage, comme ici, sur un cheval cabré.

En 1582, François entreprend un tour des villes de son nouveau pays. Après un séjour de quelques mois auprès de sa soupirante anglaise, en février 1582, il débarque en Flandre.

 

Au cours de son parcours royal, il assistera impuissamment à la reprise en main du pays par les Espagnols. François sera aussi confronté à l'hésitation de ses sujets partagés entre francophobie et hispanophobie et au manque de soutien du roi de France et de la reine d'Angleterre.

Source : Fr. Yates, Op.cit.

 

Franciscus Valesius DPortrait de François d'Anjou, par Hans Liefrinck

Source : (Londres, British museum)

 

 

 

 

PORT_00038135_02 mw127911François d'Anjou Il existe aussi un certain nombre de portraits gravés. En voici une sélection, les autres laissant beaucoup à désirer.

Source : (Osterreichische nationalbibliothek) (National portrait gallery) (Osterreichische nationalbibliothek)

 

 

L'entrée de François d'Anjou à AnversEntrée de François d'Anjou à Anvers le 19 février 1582

Son Entrée dans la ville d'Anvers se déroule selon un cérémonial bien déterminé. Le prince suit un long parcours à travers la ville. Il est en costume de sacre sous un dais porté par six hommes.

Comme il est de coutume, l'Entrée s'accompagne d'une publication d'un texte accompagné d'illustrations qui raconte le déroulement de la journée.

 

La Joyeuse entrée de Francois à AnversIl existe au Rijksmuseum un très beau tableau représentant l'Entrée de François. Il montre que ce fut pour les habitants de cette grande et riche cité du Nord, un véritable jour de fête.

Source : (Amsterdam, Rijksmuseum)

 

François de Valois à la messe par Bol, Hans (1534-1593)Représentation de François d'Anjou à la messe, dans une miniature du livre de prières du duc d'Anjou.

François est représenté à genoux sur un prie-Dieu, les mains jointes derrière un prêtre qui dit la messe.

François était accusé en France d'être un catholique assez tiède, voire même d'avoir adhéré secrètement à la Réforme. Mais en Angleterre et aux Pays-Bas, on lui reprocha son catholicisme. Sa religion porta préjudice au projet d'alliance anglaise et limita sa popularité en Flandre. Lors de son séjour à Anvers, l'ouverture d'une église pour le service du duc provoqua du ressentiment chez les habitants de cette cité protestante.

François mourut le 10 juin 1584, à trente ans, sans jamais avoir été marié.

Source : (Paris, BnF)

 

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02 juin 07

Les portraits de Marguerite de Valois (1553-1615) 

Marguerite de ValoisPlus connue sous le nom de la reine Margot, Marguerite de Valois s'est rendue célèbre pour son esprit frondeur et son destin romanesque. Fille de roi, soeur et épouse de roi, Marguerite était une princesse qui avait une haute estime d'elle-même.

Marguerite était également connue pour son glamour. Femme courtisée et chef de file de la mode, Marguerite fut durant les années 1570 l'un des plus beaux ornements de la cour de France. Les poètes et les écrivains ont loué et chanté son élégance.

L'étude de ses portraits remet partiellement en question cette image flatteuse. Marguerite ressemblait beaucoup à sa mère Catherine de Médicis, connue pour sa disgrâce physique, et - canon de l'époque - Marguerite avait une bonne corpulence qui ne fit que s'accentuer avec l'âge.

Galerie de portraits de Marguerite

 

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Marguerite enfant


Marguerite de Valois, BnFPortrait de Marguerite de Valois enfant

Source de l'image : (Paris, BnF),

Marguerite est née au château de Saint-Germain-en-Laye, le 14 mai 1553. Elle est la troisième des filles de Henri II et de Catherine de Médicis.

 

 

 

 

 

 

Marguerite de Valois en 1561 (Chantilly)Marguerite de Valois (Chantilly)Portraits de Marguerite vers l'âge de 8 ans, dessiné et peint par François Clouet en 1561 et conservés par le musée Condé à Chantilly

Source des images : Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé) ; Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé).

La peinture procède du dessin fait par François Clouet. Le dessin a été commandé par la reine Catherine au moment de l'avènement du petit roi Charles.

Une réplique existe au musée de Porto au Portugal (ci-dessous à gauche). Le portrait a également été repris dans le  tableau représentant la famille royale. (conservé à Castle Howard, avant sa destruction en 1940). La petite princesse se tient debout, derrière ses deux frères aînés, le roi Charles IX et le futur Henri III. Elle tient sa ceinture dans la main et sa robe ouverte sur le devant, traîne à terre (ci-dessous à droite).

Extrait de la famille royale (vers 1564)Clouet_1561_Marguerite_PortoC'est une époque de changement important pour la cour de France. Trente ans plus tard, la princesse Marguerite en a laissé un témoignage personnel dans ses mémoires. Entre l'arrivée à la cour du culte protestant et les festivités organisées par la reine Catherine pour assoir la concorde au sein de sa noblesse, Marguerite tient sa place de fille de France, ballotée entre les différents courants d'opinion qui agitent la cour. Dans ses mémoires, Marguerite racontent les pressions pour la convertir au protestantisme et les festivités qui eurent lieu sur une île à la frontière franco-espagnole, lors de l'entrevue Bayonne en 1565. 

Source des images : Googleartetculture (Porto, Musée national Soares dos Reis) ; L. Dimier, Histoire de la peinture de portrait en France au XVIe siècle, G. Van Oest, 1924

 

Marguerite de valois, BnFPortrait de Marguerite adolescente, réalisé vers 1565-1570 

Source de l'image : (Paris, BnF)

voir également le portrait de la BnF que je propose d'identifier à Marguerite.

 

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Le mariage de Marguerite (1572)


Marguerite de Valois vers 1570-1572 (BnF)Portrait de Marguerite de Valois réalisé par François Clouet vers 1570-1572 et conservé à la BnF.

Il s'agit d'un portrait réalisé quelques temps avant son mariage. A l'approche de ses 18 ans, la main de Marguerite fait l'objet de spéculations dans les cours d'Europe. Le choix de l'époux appartient à la reine Catherine qui est à la fois sa mère et la chef du gouvernement. Marguerite est une fille de France ; son mariage doit nécessairement servir les intérêts du royaume. 

La reine-mère avait eu le projet de marier sa fille au prince du Portugal ou au roi d'Espagne, mais à défaut de pouvoir le faire, elle proposa de l'unir au jeune prince du sang, Henri de Bourbon, fils de la reine de Navarre. Cette alliance avait déjà été proposée quinze ans plus tôt, lorsque le couple de Navarre était venu à la cour de France pour présenter leur fils âgé de trois ans.

Le mariage de Marguerite de Valois, moment important dans la vie d'une princesse, est à l'origine de plusieurs portraits dont voici quelques exemples.

Marguerite de Valois (Dresde)

Le dessin de Clouet a fait l'objet d'une peinture dont il existe une très jolie copie à Dresde (ci-contre). Le tableau reprend les détails du crayon avec beaucoup de précision. Vu le style, il pourrait s'agir d'une oeuvre du XVIIIe ou du XIXe siècle.

Dans le catalogue imprimé de la Gemäldegalerie Alte Meister où il est conservé, il est identifié comme représentant Catherine de Médicis1. Ce n'est pas la première fois que la mère et la fille sont confondues ; Marguerite ressemblait beaucoup à sa mère.

La princesse Marguerite était réputée pour être d'une grande beauté ; c'était surtout une jeune femme très glamour qui faisait un très grand usage d'artifices pour paraître belle. On la voit par exemple sur le portrait les cheveux frisés.

Source : (Paris, BnF) ; (Dresde, Gemäldegalerie Alte Meister)

 

Marguerite de Valois vers 1572 (Chantilly)Portrait de Marguerite de Valois vers 1572

C'est un tableau probablement peint à l'époque du mariage de la princesse. Comme toute femme issue de la noblesse, son teint est blanc comme la neige. Portant un léger décolleté, signe du renouveau de la mode, Marguerite affiche son appartenance à la cour de France. 

Quand sa future belle-mère, Jeanne d'Albret, la rencontra pour la première fois, celle-ci fut heurtée par son apparence. La très puritaine reine de Navarre avait passé les dix dernières années de son règne à chasser de sa cour les superfluités de la vie mondaine. Elle avait fait appliquer dans son pays une morale calviniste très stricte et son intransigeance l'avait brouillé avec d'autres protestants plus modérés.

Au printemps 1572, elle débarqua à la cour de France, remplie de préventions. Son espoir était que Marguerite fusse récupérable. Ce fut une déception. Non seulement, sa future bru avait l'intention de rester catholique, mais en plus, elle était complètement soumise aux vanités de la cour.

Dès lors, les négociations pour le mariage furent pour Jeanne d'Albret très pénibles. C'est avec beaucoup d'amertume qu'elle signa le 11 avril, les clauses du contrat de mariage unissant son fils à Marguerite. Elle craignait non sans raison que sous l'influence de la cour des Valois, son fils abandonna l'éducation calviniste qu'elle lui avait transmise. Ce qui ne manqua pas d'arriver.

L'existence du puritanisme protestant est une donnée essentielle à connaître pour appréhender l'image de dépravée véhiculée sur le compte de Marguerite par l'historiographie orientée du XVIIIe et XIXe siècles. Les écrivains et les scénaristes du XXe et XXIe siècles en sont encore très dépendants.

Marguerite de Valois (Versailles)Marguerite de Valois

Les deux portraits suivants sont à peu près de la même époque. Le premier reprend les traits du portrait précédent mais le costume est différent. Marguerite est représentée avec un voile en forme de conque, caractéristique de la mode de cette époque. Pour quelle occasion, Marguerite est-elle habillée ainsi ?

Le deuxième portrait n'est qu'une copie de qualité inférieure du portrait du dessus. Le traitement du costume offre moins de détails et la coiffure est négligée.

Source : Rmn (Chantilly, musée Condé)

Source : Rmn (Versailles, musée du Château)

Source : Bridgeman art (collection privée)

 

Henri de Navarre et Marguerite de Valois dans le livre d'heures de Catherine de Médicis, BnFPortraits de Henri de Navarre et de Marguerite de Valois, roi et reine de Navarre représentés vers 1572 sur une miniature du livre d'heures de Catherine de Médicis.

Leur mariage a été célébré sur le parvis de Notre-Dame de Paris, le 18 août 1572. Après plusieurs jours de fêtes, il fut terni par le bain de sang de la Saint-Barthélemy. Comme beaucoup de ses coreligionnaires, Navarre fut contraint de revenir au catholicisme.

Cet épisode dramatique marque pour la princesse le point de départ d'une vie conjugale très mouvementée. Marguerite était une femme du monde, portée sur l'entretien des moeurs raffinées de l'aristocratie. Son époux Henri était plus désinvolte. Volage, ingrat et parfois indécent, il pouvait se montrer à l'égard de son épouse autant rustre que serviable. Après avoir accepté et supporté les indélicatesses de son mari pendant dix ans, Marguerite devait prendre le parti en 1583 de « l'abandonner » .

Marguerite, extrait du livre d'heuresLes deux époux sont représentés en prière, les mains jointes, revêtus du manteau royal et d'une couronne. 

Marguerite porte un resplendissant décolleté, mis en valeur par une collerette ouverte, départ d'une mode qui va se développer pendant plusieurs décennies. En coiffure, elle porte une perruque blonde confectionnée selon la légende à partir des cheveux de ses valets. Sur la miniature, la princesse paraît beaucoup plus âgée qu'elle n'était en 1572 (ou 1574 date limite de la réalisation des miniatures du livre d'heures de Catherine de Médicis). Son portrait laisse déjà transparaître l'embonpoint qui l'accompagnera sa vie durant.

Source : (Paris, Bnf)

 

 


 

Note

1.  C'est sous cette identification qu'il est catalogué dans Marx Harald, Gemäldegalerie Alte Meister Dresden, Vol 2, illustriertes Bestandsverzeichnis, W. König, 2005.

 

Article modifié en août 2015

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Sous le règne d'Henri III


Marguerite de ValoisPortrait de Marguerite de Valois vers 1575

Source de l'image : Bibliothèque nationale de France

Ce joli dessin de la BnF, rehaussé de couleur, est certainement l'un des plus beaux portraits de la reine de Navarre. Il est l'un de ceux qui retranscrivent le mieux la beauté si bien décrite par ses contemporains (comme Brantôme par exemple).

Marguerite était une princesse passionnée par la mode et l'entretien de son apparence. Sur le portrait, on la voit avec un teint blanc rehaussé de rouge sur les joues. A l'époque médiévale de l'amour courtois, le rouge et le blanc constituaient une association de couleur très appréciée de l'aristocratie (notamment pour sa valeur symbolique, pour ne pas dire ésotérique). Protectrice des lettres et héritière d'un mode de vie aristocratique, Marguerite contribuait à renouveler et à perpétuer les traditions de la noblesse.

Ce dessin a du servir à l'élaboration d'un portrait peint. Malheureusement, celui-ci ne nous est pas parvenu. Il subsiste aujourd'hui deux copies qui prouvent qu'il a cependant existé :

Marguerite de Valois (Puy-en-Velay)Marguerite de Valois (Blois)Ces deux copies sont malheureusement d'une qualité plutôt médiocre (par rapport au dessin). Aucun des deux n'a su retranscrire avec fidélité le physique si particulier de la reine de Navarre.

Le premier est au Puy-en-Velay, au musée Crozatier (source: 1st-Art-Gallery), le second est à Blois (source : Région Centre).

(je propose sur un autre blog un essai de reconstitution de la robe de Marguerite : ici)

 

Marguerite_Valois_sothebys_v2

Portrait de Marguerite de Valois, peint en miniature par Nicholas Hilliard en 1577

Source de l'image : Sotheby's (vente du 5 juillet 2017 à Londres) ; Localisation : collection privée.

Si cette miniature est d'une qualité remarquable, le portrait du visage, en lui-même, surprend beaucoup. Marguerite paraît empâtée, ce qu'elle était peut-être, mais ici, son embonpoint paraît exagéré. De plus, on ne reconnaît pas d'emblée les traits physiques de la princesse. Le principal élément qui permet de confirmer l'identité du portrait est l'énorme perruque blonde que la reine de Navarre avait l'habitude de porter.

L'intérêt du portrait réside également dans le regard altier du modèle. A travers sa superbe, il fait apparaître le caractère orgueilleux et trempé de la reine. C'est ce tempérament supérieur ne souffrant pas les humiliations qui devait la mettre si souvent à mal avec le roi son frère. Les historiens peuvent avoir des difficultés àexpliquer la haine qui opposait Henri III à sa soeur. Le roi ne pouvait tout simplement pas souffrir la présence d'une Majesté concurrente à la sienne. Il ne pouvait y avoir deux soleils à la cour.

On remarquera la richesse du costume si typique des années 1577-1580, où l'on voit apparaître sur les épaulettes, le buste et la robe, un ensemble très surchargé de noeuds, de pompons et même de petites fleurs (élément de comparaison avec le portrait d'une dame de la cour de France en 1577, sur Gallica, BnF)

 Marguerite de ValoisPortrait de Marguerite de Valois (?)

Source de l'image : Hamm Institute (lien défaillant) ; Localisation de l'oeuvre : inconnue

Les éléments d'identification qui accompagnent ce portrait sur le site où il était publié sont erronés. Aucun doute ne semble permis sur l'identité du modèle, il s'agit bien de Marguerite de Valois. Le portrait semble reprendre en partie, le dessin de la BnF, mais s'en distingue par des élements de costume et des traits physiques plus prononcés. Marguerite y apparaît plus âgée.

Les élements de costume renvoie au règne d'Henri III, vers 1575-1580, mais il pourrait aussi s'agir d'une reproduction du XVIIe siècle.

 

 

Marguerite_de_Valois_Rabel_OnB_v2Portrait de Marguerite de Valois édité par Jean Rabel

 

Source de l'image et localisation : Osterreichische Nationalbibliothek

 

Dans cette oeuvre, Rabel propose un portrait de profil, ce qui ne manque pas d'originalité. Les traits sont idéalisés, mais la reine reste reconnaissable (avec son double menton).

Un soin particulier est apporté à la représentation du costume. L'image se veut éclatante à l'image de la renommée de Marguerite, paragon de la mode et du raffinement des moeurs à la cour de France.

 

Marguerite de ValoisCette vue de profil se retrouve sur cette mauvaise reproduction (ci-contre à droite). Il s'agit d'une médaille sur laquelle la reine est représentée entourée d'un décor allégorique.

Source : Pierre Chevallier, Henri III roi shakespearien, Paris, Fayard, 1985

 

 

 

Marguerite_de_Valois_Rabel_Hogenberg_v2Portrait de Marguerite de Valois gravé par Frans Hogenberg 

Source de l'image et localisation : Osterreichische Nationalbibliothek

L'artiste flamand imprime un portrait de la reine dont le costume et la coiffe rappellent la gravure de Rabel. L'image est pourtant très différente et le costume plus sobre.

Marguerite_de_Valois_Bussemecher_BnF_v2L'oeuvre sera recopiée quelques années plus tard par l'imprimeur allemand Johan Bussemecher. L'image est éditée sous le règne d'Henri IV (l'inscrition mentionne Marguerite comme reine de France).

Source de l'image : Gallica ; Localisation : Bibliothèque nationale de France (voir également l'exemplaire du département des Arts graphiques du musée du Louvre)

 

 

Article mis à jour en avril 2019

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