Portrait de la reine Louise peint en miniature dans le livre d'heures de Catherine de Médicis qui est aujourd'hui conservé à la Bibliothèque nationale de France
Où sont passés les portraits peints de Louise de Lorraine ? Si beaucoup d'entre eux ont disparus, il existe heureusement des copies qui permettent de se faire une idée des originaux perdus.
Le premier est une miniature peinte dans le livre d'heures de Catherine de Médicis, le second est une copie assez médiocre du XIXe siècle.
Existe t-il un dessin original ? Les deux copies permettent de s'en faire une idée. Louise de Lorraine porte une robe sans décolleté et des grappes de perles qui tombent au-dessus des oreilles. La fraise qu'elle porte semble rapprocher le tableau des années 1570, mais la coiffure, très moderne, annonce les années 1580.
La très mauvaise copie du XIXe est une commande passée par le roi Louis-Philippe pour la décoration de son château d'Eu. Le portrait de la reine Louise disparu existait donc probablement à cette date, à moins que la copie n'ait été réalisée à partir d'une autre copie. Cela expliquerait la médiocrité du tableau.
Source : (Paris, BnF) ; Base Joconde (Eu, musée Louis-Philippe)
Portrait de la reine Louise peint en miniature et conservé à la galerie des Offices de Florence
Source des images : Florence, musée des Offices
Il s'agit d'une très belle image de la reine avec une grande collerette à godrons plats, ouverte devant la gorge. L'image représente la reine dans les années 1580.
Plusieurs images proches de la miniature montrent qu'il existe un modèle aujourd'hui perdu. La première est une peinture tardive du XIXe siècle, aujourd'hui entreposée dans les réserves du château de Versailles. La seconde est une copie d'époque comme on en trouve dans les collections privées et les galeries de portraits.
Source des images : C. Constans, Musée national du château de Versailles, 3 vol, Paris, RMN, 1986 (Versailles, musée du château) ; Millon et associés (collection privée)
L'image se retrouve sous forme d'estampe. Le graveur Léonard Gaultier en a réalisées plusieurs qui ont été éditées en pleine époque de la Ligue ; les deux gravures présentées ci-contre sont datées de 1588, année où la reine se retrouva prisonnière de la rebellion parisienne.
L'image de gauche se retrouve dans plusieurs collections institutionnelles (Osterreischiche Nationalbibliothek ; Bibliothèque nationale de France ; centre de recherche du château de Versailles).
Source des images : (Paris, BnF) ; Agence photographique de la Rmn (Paris, musée du Louvre) ; (Paris, BnF)
Portrait en pied de la reine Louise
Il s'agit d'un très beau tableau, malheureusement très abîmé. L'oeuvre n'est peut-être pas un original, mais reste très intéressante pour la recherche iconographique.
La reine est habillée selon la mode des années 1580. Elle porte sous sa robe un vertugadin et ses manches ont triplé de volume.
Source : (Vienne, Kunsthistorisches museum)
Louise de Lorraine apparaît dans les deux tableaux qui représentent la cour des Valois.
D
ans le Bal de noces du duc de Joyeuse, elle est assise sur la gauche de la reine-mère. Sa soeur Marguerite de Lorraine-Vaudémont est représentée au centre du tableau avec son époux.
Source : Marilena Ferrari (Paris, musée du Louvre)
Dans le Bal à la cour des Valois, Louise serait représentée en train de danser une ronde avec des membres de la cour.
Elle se tiendrait face au spectateur, le visage tourné vers lui. Comme le veut la mode dans les années 1580, elle porte une robe rouge à vertugadin (c'est-à-dire une robe qui est artificiellement arrondie en volume) et à corps piqué (qui lui donne une taille de guêpe). La collerette est largement ouverte sur la poitrine et les manches sont à crevés et ballonnées.
Le personnage qu'elle tient par la main droite serait le duc de Joyeuse, son beau-frère.
Source : Marilena Ferrari (Paris, musée du Louvre)
Portrait de la reine douairière Louise de Lorraine gravé par Léonard Gaultier
Source de l'image : The Royal Collection (Royaume-Uni)
Il s'agit de la dernière image de la reine Louise. Elle est représentée avec une coiffe de veuvage.
C'est une estampe qui se retrouve dans beaucoup de collections publiques (Centre de recherche du château de Versailles , The Royal Collection, Bibliothèque nationale de France, Osterreischiche Nationalbibliothek).
Elle a été reprise par Thomas De Leu mais avec beaucoup moins de précision (The Royal collection, The Fitzwilliam museum, Bibliothèque nationale de France, Osterreischiche Nationalbibliothek)
Le montage des portraits au XIXe siècle
Voici un exemple qui montre qu'il faut prendre avec beaucoup de prudence les portraits historiques du XIXe siècle.
Il s'agit d'un tableau appartenant à la galerie historique du château d'Eu, commandée par le roi Louis-Philippe (voir la notice sur la base Joconde). Le personnage est censé représenter le cardinal de Lorraine (celui assassiné à Blois en 1588 sur l'ordre d'Henri III). Mais en regardant l'habit, on constate que le personnage ne porte pas le costume pourpre des cardinaux.
En réalité, l'artiste a représenté le duc de Mayenne, le frère du cardinal en question. Il a peut-etre pris en modèle un portrait de Mayenne comme en possède le musée de Versailles, et pour lui donner un caractère ecclésiastique, il a simplement rajouté sur sa tête une calotte pourpre.
Manquait-il un modèle à l'artiste ? c'est possible. Il existe pourtant un très beau portrait du cardinal de Lorraine à l'hôtel de Soubise à Paris.
Il existe également au château de Blois un tableau où sont représentés les trois frères Guise (ci-dessous) : Charles duc de Mayenne, Henri duc de Guise et Louis cardinal de Lorraine. L'artiste a donc repris les traits de celui qui se trouve à gauche pour représenter celui qui se trouve à droite. Curieux, non ?
La remise en question d'un prétendu portrait de Jeanne d'Albret
Il existe au musée Condé à Chantilly un portrait de Jeanne d'Albret, reine de Navarre dont l'identification mérite d'être réétudiée.
Le portrait représente une dame probablement mariée, âgée de 35 à 45 ans. C'est une femme d'un important lignage appartenant vraisemblablement à la cour de France. La coiffure appartient aux années 1560 mais la collerette appartient davantage à la première moitié des années 1570.
Or cette description peut difficilement désigner la reine de Navarre.
* En 1570, Jeanne d'Albret est veuve depuis huit ans. Ses portraits la représentent en noir portant le voile et le chaperon noir, ce qui n'est pas le cas ici.
* Deuxièmement, la femme représentée ici est assez loin d'être la protestante puritaine que fut Jeanne d'Albret. Le portrait représente davantage une femme de la cour habillée à la mode du temps.
* Troisièmement, le portrait ne ressemble pas à Jeanne d'Albret. La dame n'a ni son nez prédominant, ni ses petits sourcils droits et rectilignes. Son visage est moins allongé que celui de Jeanne d'Albret.
Du costume au visage, je ne vois rien qui puisse être rapproché du portrait de Chantilly.
Alors qui est donc cette dame ? Je propose de donner un nom : Diane de France, fille illégitime de Henri II.
Sur un portrait plus tardif, datée d'environ 1577, Diane est représentée avec des traits assez semblables à ceux de la dame de Chantilly, mais en plus accentués.
Il reste à confirmer la chose.
Les portraits de François II
Fils aîné d'Henri II, François est un roi de France qui n'a pas vécu longtemps. Mort à l'âge de seize ans, il n'a pas laissé beaucoup d'images de lui.
Appelé à monter un jour sur le trône, il est d'abord portraituré durant son enfance comme dauphin de France, héritier de la couronne. Il devient roi en juillet 1559 et meurt seize mois plus tard.
D'abord marqué par la répression, on oublie trop souvent que son règne fut sous l'action politique de Catherine de Médicis, le début de l'instauration d'un dialogue envers les tenants du calvinisme.
Le dauphin François
François naît le 19 janvier 1544 à Fontainebleau. Il est baptisé avec le prénom de son grand-père le roi François Ier.
Une série de portraits dessinés se trouvent aujourd'hui au musée Condé à Chantilly.
Source : Rmn (Chantilly, Musée Condé)
Source : Rmn (Chantilly, Musée Condé)
Source : Rmn (Chantilly, Musée Condé)
Source : Rmn (Chantilly, Musée Condé)
Tous ces portraits sont identifiés par une inscription qui se trouve sur le bord supérieur ou inférieur de la feuille. Certains ont fait l'objet de répliques ou de copies.
Portrait du dauphin François à l'occasion de son mariage avec Marie Stuart en 1558
Voir à propos des portraits des Clouet, Alexandra Zvereva (notamment Alexandra Zvereva, « La genèse du portrait de Henri III », in Isabelle de Conihout, Jean-François Maillard et Guy Poirier (dir.), Henri III mécène des arts, des sciences et des lettres, Paris, PUPS, 2006, pp. 56-65).
Source de l'image : (États-Unis, Cambridge, Fogg Art Museum)
Portrait en pied du dauphin François
Source de l'image : Bridgeman Images (Collection of the Earl of Pembroke, Wilton House)
Le portrait est aujourd'hui accompagné par celui du duc Charles III de Lorraine, otage de la cour de France, et élevé aux côtés du dauphin.
Portrait du dauphin François par Léonard Limosin
Source : Insecula (Paris, musée du Louvre)
Ce portrait de François II est le seul portrait peint que nous connaissons de lui à l'heure actuelle.
Il est évidemment à rapprocher des portraits de ses frères Charles et Henri réalisés un an plus tard, avec le même type de costume. A cause de cette similitude, je me suis longtemps posé la question de savoir si ce portrait représentait bien François II. D'une part, nous ne connaissons pas le dessin qui en a servi de modèle, d'autre part, la ressemblance avec les portraits de Charles IX est saisissante. Enfin dernier point d'interrogation : Quel est le modèle de ce portrait ? La physionomie est trop différente du dessin de Clouet pour que cela soit François Clouet qui l'ait fait.
Conclusion, j'adhère à l'identification traditionnelle de ce portrait, mais je me permet de garder un doute.
Source (Chantilly, musée Condé)
Les portraits ultérieurs
Comme les portraits de François II sont rares, je propose de mettre ici les portraits posthumes.
Il y a la très belle miniature du livre d'heures de Catherine de Médicis où François est représentée au côté de son épouse. Le portrait ne fait que reprendre le dessin de Clouet.
Il existe un très beau portrait en pied de François II au parlement anglais, probablement réalisé au XIXe siècle.
Il y a enfin un portrait réalisé par Charles Rauch pour le musée Louis-Philippe de Versailles. Le portrait ne fait que reprendre le visage du portrait peint de Chantilly.
Source (Paris, musée de l'armée)
Erreurs en série sur François d'Alençon
Il existe un certain nombre de faux portraits de François d'Alençon, c'est-à-dire des portraits qui représentent une autre personne que lui, mais identifiée à lui par erreur. C'est le cas de ceux-là.
Le premier portrait représente un homme portant un costume du milieu des années 1560. Non seulement, il possède des traits physiques très éloignés de ceux d'Alençon mais en plus à cette date le prince n'est encore qu'un enfant.
Même remarque pour les deux autres qui m'ont l'air d'être deux personnages identiques, mais les costumes qu'ils portent, n'appartiennent pas à l'époque de François d'Alençon.
Source : Rmn (Chantilly, musée Condé)
Ce portrait-ci est l'oeuvre de Corneille de Lyon. Il représente un homme du règne de François Ier ou d'Henri II. En aucun cas, il ne peut s'agir de François d'Alençon. Outre le costume d'une autre époque, les traits du visage sont très éloignés de ceux du prince.
Cet autre portrait est également censé représenter François d'Alençon. Le costume correspond parfaitement au modèle, mais les traits du visage sont-ils ceux de François ? Personnellement, j'en doute.
A confirmer.
Peut-être faut-il rapprocher ce tableau des portraits allemands car le collier qu'on aperçoit, est le genre de collier porté outre-Rhin.
Identification d'un portrait qui pourrait être Marguerite de Valois

C'est un dessin qui se trouve à la BnF et qui représente une jeune fille habillée dans un costume des années 1560. Traditionnellement, il est suposé représenter Elisabeth de France, fille d'Henri II et reine d'Espagne. Or la comparaison avec d'autres portraits rend cette attribution impossible. La jeune femme représentée lui ressemble assez peu. En outre, chronologiquement, Elisabeth devait être déjà en Espagne quand ce portrait a été tiré.
Vu l'âge du modèle, je propose d'y voir Marguerite de Valois.
Si on fait une comparaison avec d'autres portraits de Marguerite, on s'aperçoit qu'on retrouve le même nez, la même bouille, les mêmes yeux, etc.
Est-ce donc Marguerite de Valois ? Je serais tenté de dire oui.
Mais alors quelle date lui donner ? 1565 ? Marguerite aurait douze ans environ.
En dépit de l'image maussade véhiculée par l'historiographie du roi, le règne d'Henri II est bien celui de la Renaissance française qui ait brillé avec le plus d'éclat et de raffinement. Moins enclin à l'élévation intellectuelle que ne l'était son père le roi François Ier, Henri II reste un monarque épris des arts et conscient du pouvoir qu'il peut en tirer. De fait, les portraits du roi sont relativement nombreux et conçus sur des supports très variés.
Marié à Catherine de Médicis, il est le père de dix enfants légitimes. Ce sont ces dix enfants qui font l'objet de ce blog. Mort accidentellement en 1559, il n'a pas eu vraiment l'occasion de les voir grandir et de les connaître.