Le duc d'Orléans
Portrait d'Henri d'Orléans réalisé par Jean Clouet vers 1524
Né en 1519, Henri est le deuxième fils du roi François Ier.
Le dessin est le résultat d'une demande faite par le roi d'avoir le portrait de ses cinq enfants. Il en existe une copie à la BnF.
Si le dessin a servi de modèle à la peinture, l'artiste a développé sur le tableau les détails du costume. Il a rajouté à l'enfant des bras et lui fait porter un petit chien. Le couvre-chef a également été modifié.
Source : Rmn et Rmn (Chantilly, musée Condé)
Le petit duc d'Orléans apparaît sur une miniature peinte au début des années 1530, représentant une lecture faite par Antoine Macault à la cour du roi François.
Le roi se tient assis sous un dais et derrière une table sur lequel se tient un singe. Il est entouré de plusieurs courtisans parmi lesquels, on peut reconnaître le connétable de Montmorency. A gauche, sont représentés les trois fils du roi. Henri se tient au milieu, entre ses deux frères, le dauphin François et Charles.
Source : Rmn (Chantilly, musée Condé)
Portrait d'Henri d'Orléans en 1535
Il s'agit d'un d'un très beau portrait où le futur Henri II est encore représenté habillé selon l'ancienne mode avec la grande toque et les cheveux longs. Il a environ seize ans.
(Paris, musée du Louvre)
Portrait d'Henri d'Orléans par Corneille de Lyon
Lors du séjour de la cour à Lyon en 1536, le peintre a eu l'occasion de portraiturer de nombreuses personnalités de la cour dont le prince Henri qu'il a peint, revêtu d'une armure.
Le duc d'Orléans a environ 17 ans. Il vient d'être marié à Catherine de Médicis. La même année, son frère le dauphin François meurt, faisant de lui, l'héritier légitime du trône.
L'identification du portrait a été plusieurs fois remise en cause et aujourd'hui le doute subsiste1. Représenterait-il le dauphin François ou le frère cadet Charles ?
Source : Wikimedia commons (Modène, galerie Estense)
Notes
1. Hervé Oursel et Julia Fritsch (dir.), Henri II et les arts : Actes du colloque international, École du Louvre et Musée national de la Renaissance-Écouen, 1997, La Documentation Française, 2003, p. 25. Anne Dubois de Groër a maintenu l'identification au prince Henri (Corneille La Haye, dit Corneille de Lyon, Arthéna, 1997, p. 133).
Le dauphin
Portrait du dauphin Henri réalisé par Clouet
Il s'agit d'un remarquable portrait du dauphin, à une époque où ce dernier forme à la cour un clan d'opposition contre Anne de Pisseleu, la maîtresse royale en titre.
Au sujet de ce portrait, voir également l'article que j'ai écrit au sujet de la remise en cause de son identification.
Ce beau portrait a fait l'objet de deux reprises dans lesquelles le le visage du dauphin a été vieilli.
Source : Rmn et Rmn (Chantilly, musée Condé)
Le plus remarquable des deux est celui de la BnF. Le dessin présente les mêmes traits que celui de Chantilly, mais il s'en distingue par des poils de barbe plus développés. La barbe forme deux petites pointes, comme le voulait la mode masculine dans les années 1540. Elle n'est pas taillée.
Le "vieillissement" du portrait se distingue également dans la retouche du couvre-chef. Les traces de l'ancienne toque sont à peine effacées. Le dauphin Henri arbore un chapeau beaucoup plus moderne.
Le dessin a été repris dans le livre d'heures de Catherine de Médicis. Le dauphin est représenté sur la miniature à gauche.
Portrait equestre du dauphin Henri vers 1543
Il s'agit d'une gouache qui ne fait que reprendre en modèle le portrait de Chantilly. Il est à mettre en parallèle avec deux portraits équestres de François Ier.
Source : (Houston, collection Menil)
Il existe une gravure plus fantaisiste réalisée aux Pays-Bas.
Source : (Amsterdam, Rijkmuseum)
Il existe à Upton House un autre portrait équestre du dauphin Henri.
D'après Cécile Scaillérez, ce portrait équestre aurait pour modèle un dessin de Chantilly, présentant le même profil, et réalisé en 1547 à l'occasion de l'avènement du roi (Biblio. C. Scaillerez).
Cette interprétation peut être sujet à discussion pour la raison que les deux profils, pourtant très semblables, se distinguent au niveau de la barbe. Le profil d'Upton House présente un visage plus jeune : la moustache n'a pas encore rejoint la barbe et celle-ci n'est pas aussi longue et aussi abondante que celle du profil de 1547.
On pourrait donc conclure que le portrait équestre représente encore Henri le dauphin et non Henri le roi. Existe t-il un autre dessin du dauphin ?
C'est une possibilité, si l'on tient compte de l'existence d'une petite miniature qui se trouve à Florence et qui présente exactement le même profil que le portrait équestre. La miniature est très ressemblante avec le dessin de 1547 mais se distingue par le costume et la moustache qui ne rejoint toujours pas la barbe.
Propos hypothétiques qui restent à confirmer.
Source : Bridgeman art library (Upton house, the bearsted collection)
Source : P. Rosenberg, Pittura francese nelle collezioni pubbliche fiorentine, Firenze, Centro Di, 1977 (Florence, musée du Bargello)
L'avènement
Portrait d'Henri II réalisé par François Clouet à l'occasion de son avènement en 1547
Henri II monte sur le trône de France à l'âge de vingt-huit ans. Déjà, il se démarque de son père, y compris à travers l'art du portrait. Au lieu de se faire portraiturer de trois-quarts comme il est d'usage, il se fait portraiturer de profil, à l'antique.
Dès le XVe siècle, la Renaissance italienne avait remis au goût du jour, cette manière qu'avait les empereurs romains de se faire représenter sur les pièces de monnaies et les médailles. Cette utilisation du profil par Clouet est l'un de ces nombreux exemples qui font du règne d'Henri II, un grand règne de la Renaissance, au sens artistique du terme.
Ce dessin a évidemment servi à réaliser de nombreux portraits du roi.
Source : Rmn (Chantilly, musée Condé)
Portrait d'Henri II réalisé par Léonard Limosin
Léonard Limosin est un artiste émailleur très réputé de la cour d'Henri II. Outre les objets d'art décoratif, il a réalisé plusieurs portraits du roi et de ses contemporains.
Source : Insecula(Paris, musée du Louvre)
Portrait d'Henri II par Limosin
Source : Wikimedia commons(New York, Metropolitan museum)
Léonard Limosin a notamment réalisé un retable où le roi, ses parents et la reine Catherine sont représentés, chacun séparément dans un médaillon, en priant. Henri II, habillé du manteau d'hermine reste de profil.
Source : Rmn(Paris, musée du Louvre)
Léonard a également fait un petit portrait équestre du roi.
Portrait d'Henri II en armure
... toujours représenté de profil ...
Source : Rmn (Chantilly, musée Condé)
Portrait d'Henri II gravé par Nicolo della Casa en 1547
Henri II est représenté à l'antique dans une armure de parade, ainsi qu'il apparaissait lors de ses majestueuses entrées royales dans les bonnes villes de son royaume.
Voici un autre exemple de costume que le roi portait à l'occasion des entrées royales. Il s'agit d'une gravure extraite d'un ouvrage imprimé en 1549, racontant le détail de l'entrée royale à Paris, le 16 juin 1549. (commentaire de cette entrée royalepar Plantin-Moretus sur le forum Ph).
C'est le dessin qui doit être rapproché des précédents portrais équestres d'Henri II, réalisés dans le courant des années 1540.
Le roi porte une masse d'arme (exemple de masse d'arme ayant appartenu à Henri II, au musée de l'armée).
Source : Rmn (Chantilly , musée Condé)
Henri II apparaît également sur bon nombre de gravures et d'enluminures dans des scènes qui le représentent au centre des cérémonies royales si caractéristiques de la Renaissance française : chapitre de l'ordre de Saint-Michel, cérémonie des écrouelles, entrées royales,...
Source : (Saint-Germain-en-laye, bibliothèque municipale) où le manuscrit enluminé des statuts de l'ordre de Saint Michel peut être consulté via Flash player
Source : (Rouen, bibliothèque) où l'ensemble des miniatures de l'Entrée du roi à Rouen peuvent être consultées.
Portrait d'Henri II dessiné par François Clouet et aujourd'hui conservé au British museum
Source : (Londres, British museum)
Il s'agit d'un portrait réalisé au début du règne, vers 1550. En vertu de la mode, le roi porte encore une barbe non taillée. Il a trente ans environ.
Le dessin a servi de modèle à cette miniature.
Source : P. Rosenberg, Pittura francese nelle collezioni publiche fiorentine, Firenze, Centro Di, 1977 (Florence, musée des Offices)
Portrait en pied d'Henri II
Source : Agence photographique de la RMN et RMN (Chantilly, musée Condé)
Les portraits des derniers Valois
Si le portrait est l'un des meilleurs moyens pour nous de mettre l'Histoire en image, les curieux des derniers Valois se retrouvent très souvent déçus de la pauvreté apparente de leur iconographie. Le portrait français du XVIe siècle paraît bien terne si on le compare avec les majestueux portraits baroques du XVIIe siècle : les tableaux sont de petite taille et souvent insignifiants, les portraits sont en buste au lieu d'être en pied, les décors du fonds et la mise en scène sont austères, il n'y a aucun habillement hormis parfois un maigre rideau rouge ou vert.
Ce qui accentue cette impression de vide c'est également l'absence de portraits de famille. Il n'en existe quasiment pas. Le portrait français du XVIe siècle est traditionnellement individuel. Il faut attendre le XVIIe siècle pour voir les tableaux familiaux se développer.
Quels sont les portraits de famille des derniers Valois aujourd'hui ?
- Un tableau présent autrefois à Castel Howard représentait Catherine de Médicis et quatre de ses enfants aux alentours de 1562 - 1564. Il figure en photographie dans l'ouvrage de Louis Dimier sur les portraits français publié en 1924. Le tableau méritait d'être davantage connu, car il n'existe pas de portrait semblable, mais l'oeuvre a disparu dans un incendie en 1940.
- Les tapisseries des Valois sont un ensemble de huit tapisseries exceptionnelles, sur lesquelles sont représentées quelques personnalités de la famille royale. Il ne s'agit pas à proprement parler de portraits, mais les personnages sont facilement reconnaissables. Ils sont représentés en pied, au premier plan, sur un fond réalisé d'après des dessins d'Antoine Caron, représentant diverses fêtes données sous le règne des derniers Valois. Datables de la seconde moitié des années 1570, les tapisseries des Valois sont encore pleines de mystères, car les historiens n'ont toujours pas réussi à déterminer le contexte de leur commande. Aujourd'hui, les tapisseries appartiennent au musée des Offices de Florence.
(images en provenance de la Scala-archives et A. Yates, The Valois tapestries, 1959)
Le reste des portraits de groupe ne sont que des apparitions dans des représentations d'évènements. Les Valois apparaissent sur des fresques italiennes comme à la Sala Regia au Vatican ou au palais Farnèse à Caprarola. Ils apparaissent également en peinture dans des petites scènes de genre comme le Bal à la cour des Valois.
Pour obtenir un aperçu de la famille royale, on peut tenter de procéder à des regroupements.
Voici par exemple, le regroupement des portraits enluminés que contient le livre d'heures de Catherine de Médicis. Il s'agit d'un petit ouvrage conservé à la Bibliothèque nationale de France, ayant appartenu à la reine-mère. Cette mère avait fait peindre le portrait de chacun ses enfants. Ils sont chacun représentés en couple avec leur conjoint respectif (hormis Louis, Henri, François, Jeanne et Victoire). La présence d'Henri de Navarre à côté de Marguerite et la non représentation de Louise de Lorraine, épouse d'Henri III, permet de dater ces enluminures entre 1572 et 1575 (vous retrouverez ces enluminures dans chacune des galeries du blog) :
Ce livre d'heures est un ouvrage très précieux pour l'iconographie des derniers Valois. Il comporte également d'autres portraits de la famille royale (ci-dessous) : François Ier, sa soeur Marguerite, sa mère Louise de Savoie, son beau-frère Henri d'Albret, Catherine elle-même habillée en religieuse, ses belles-soeurs, belles-mères, beaux-frères et petits-enfants.
On trouve également un ensemble de portraits groupés de la famille royale, sous forme de miniatures, au palais Pitti à Florence.
Vu les costumes, ils ont été peints vers 1578-1580 environ. Au centre, trône le couple royal Henri II et Catherine de Médicis, autour, les enfants et beaux-enfants (auxquels s'ajoutent François Ier, Claude de France, et Christine de Danemark, régente du duché de Lorraine pour le compte du duc Charles qui fut élevé à la cour de France) :
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En haut (de gauche à droite) : François II, Marie Stuart , François Ier et Claude son épouse.
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Dans la colonne de gauche : Henri III et Louise de Lorraine.
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Dans la colonne de droite : Charles IX et Elisabeth d'Autriche.
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En bas ( de gauche à droite) : Christine de Danemark, Charles III, duc de Lorraine, son fils ( avec ses grosses moustaches), Claude de France, duchesse de Lorraine, François d'Anjou et Elisabeth de France, reine d'Espagne.
Chacun de ces portraits sont ou seront placés dans les galeries iconographiques du blog.
Je propose maintenant de procèder à un regroupement de portraits aujourd'hui éparpillés dans différentes collections.
Voici par exemple, cinq portraits commandés par Catherine de Médicis au moment de l'avènement du roi Charles IX à la fin de l'année 1560. Ils représentent, la reine Catherine (musée Carnavalet ), le roi (Kunsthistorisches museum) et ses frères et soeur, Henri (collection privée), Marguerite (musée Condé) et François (BnF).
Voici le regroupement des portraits des enfants de François Ier réalisés par Jean Clouet vers 1524. On y voît Charlotte (8-9 ans), François (5-6 ans), le futur Henri II (4-5 ans), Madeleine future reine d'Ecosse (3-4 ans) et enfin Charles (1-2 ans). Il n'y manque que la princesse Marguerite qui est née le 5 juin 1523. Elle n'était peut-être pas encore arrivée, lorsque Jean Clouet a reçu sa commande du roi, ou peut-être était-elle encore trop petite pour pouvoir être portraiturée.
Mis à jour le 24 septembre 2015
Postérité du dernier portrait
Henri II par François Clouet, vers 1553
Il s'agit du dernier portrait officiel avant la mort du roi, survenue à Paris le 10 juillet 1559. Il représente le roi dans la dernière partie de son règne.
C'est un portrait qui continuera de servir de modèle, après sa mort.
Un portrait identique se trouve au British museum. L'original ?
Source : (Londres, British museum)
Portrait en pied d'Henri II
Le premier portrait est un portrait grandeur nature. Le second n'est qu'une réplique de taille très moyenne.
Source : (Florence, palais Pitti)
Source : Rmn(Paris, musée du Louvre)
Ce portrait a été recopié à d'innombrables reprises. Il en existe des copies partout en France et en Europe. Beaucoup d'entre eux sont des portraits posthumes.Source : Rmn(Paris, musée du Louvre)
Source : Rmn(Florence, palais Pitti)
Source : the royal collection (Angleterre, palais royal)
Source : Rmn (Chantilly, musée Condé)
Portrait en pied d'Henri II
Portrait d'Henri II conservé au château de Nelahozeves en Bohême
Source : Bridgeman images
Petite vidéo de ma fabrication sur Catherine de Medicis. Il s'agissait juste de voir ce que cela pouvait donner.
Voici une autre vidéo sur Catherine de Medicis. Elle a été postée par Fatem sur dailymotion. Il n'y a pas mal d'erreur d'interprétation, mais c'est rudement bien fait.
Catherine de Médicis
envoyé par fatem_83
Remise en question d’un portrait identifié à 'Elisabeth de France
C'est le portrait d'une jeune femme que la BnF identifie traditionnellement comme étant Elisabeth de France.
Or, si on compare ce portrait aux autres portraits d'Elisabeth, on s'aperçoit très bien, que cette jeune femme n'a rien de commun avec Elisabeth.
Ce portrait a été tiré à la cour de France, dans le courant des années 1560. A l'observation du costume, entre 1565 et 1570. Il peut difficilement représenter Elisabeth, vivant à cette date en Espagne.
Si ce n'est pas Elisabeth, qui cela peut-il être ? L'une de ses soeurs ? Non, même pas. La jeune fille ne ressemble ni à Claude, ni à Marguerite. Elle présente des traits beaucoup trop fins pour être l'une des filles de Catherine de Médicis.
Une femme de la cour mais laquelle ?
La comparaison ne laisse planer aucun doute.
Erreur malheureuse sur Marie Stuart
Portrait de Louise Marguerite de Lorraine, princesse de Conti (1588-1631)
Il s'agit de la fille du duc de Guise assassiné sur l'ordre d'Henri III. Louise-Marguerite avait épousé en 1605 le prince de Conti, cousin du roi Henri IV. Sur ce tableau, elle est représentée en tant que princesse de la maison de France. Elle porte une coiffure et un costume des années 1600. Il n'y a donc strictement aucun rapport avec la reine d'Ecosse, Marie Stuart.
Cependant, au XIX siècle, ce portrait est malencontreusement identifié à elle. C'est malheureux car cette erreur sera plusieurs fois recopiée et va donner naissance à une nouvelle iconographie de la reine d'Ecosse.
Les portraits ci-contre et ci-dessous ont été identifiés sous le titre de Marie Stuart.
Ces erreurs ne sont pas sans rappeler l'anachronisme des portraits de la reine Margot véhiculés par le XIXe siècle. Finalement, pour les artistes romantiques, il importe peu de retranscrire la vérité, du moment que les portraits fassent style renaissance et que ces dames soient jeunes et jolies.
Source : Rmn (Chantilly, Musée Condé)
Source : Rmn (Versailles, Musée du château)