Éléonore d'Autriche (1498–1558)
Portrait de la fratrie Habsbourg
Éléonore d'Autriche appartient à la puissante famille des Habsbourg qui règne sur le duché d'Autriche. Elle-même est la fille de Philippe le beau souverain des Pays-Bas et de Jeanne d'Espagne héritière des royaumes de Castille et d'Aragon.
Elle grandit aux Pays-Bas avec son frère, le futur empereur Charles Quint.
Le tableau la représente avec ses soeurs cadettes mais la scène qui les représente ensemble n'est pas réaliste. Eléonore ne connaissait pas le petit Ferdinand et la petite Catherine qui étaient élevés en Espagne.
Source : Oronoz (Tolède, Musée de Santa cruz)
Portrait d'Eléonore, de son frère Charles et de sa soeur Isabelle
Le portrait a été tiré en 1502. Eléonore est représentée à l'âge de 4 ans, Charles 2 ans et Isabelle 1 an. Privés de leur parents, les petits ont grandi sous la tutelle de leur tante Marguerite (l'ex petite fiancée du roi Charles VIII). Ils furent élevés dans une culture de langue française héritée du défunt empire bourguignon.
Source : (Vienne, Kunsthistorisches museum)
Portrait d'Eléonore par Jean Gossaert en 1516
Jusqu'à ses 18 ans, Eléonore vit aux Pays-Bas. En 1517, son frère Charles quitte leur pays natal pour prendre possession de ses royaumes d'Espagne. Il embarque avec lui sa soeur qu'il souhaite faire épouser au roi du Portugal Manuel Ier.
Source : Wikimédia ( Massachusetts, Worcester Art Museum)
Le mariage d'Eléonore avec le roi du Portugal a lieu en 1518. Elle épouse un homme d'un âge avancé, déjà marié deux fois et père de plusieurs enfants.
Le tableau peint vers 1518 représente le roi Manuel et son épouse. Certains y voient Marie d'Aragon la deuxième épouse décédée en 1517, tandis que d'autres y voient Eléonore. De chaque côté sont représentés les enfants issus du second mariage du roi.
Bibli. : Annemarie Jordan et Kathleen Wilson-Chevalier, «L’épreuve du mécénat: « Alienor d’Austriche », une reine de France effacée ?», dans Patronnes et mécènes en France à la Renaissance (sous la direction de WILSON-CHEVALIER), Saint-Etienne, Publications de l'Université de Saint-Etienne, 2007
Source : Oronoz et Wikimedia (Porto, Santa Casa da Misericordia)
Portrait de François Ier et d'Eléonore
Après trois années de mariage et huit années de veuvage, Eléonore est mariée par son frère au roi François.
Leur mariage est l'aboutissement de la Paix des dames conclue pour l'établissement d'une paix durable entre Charles Quint et la France et pour obtenir la libération des deux petits princes français retenus en Espagne comme otage depuis plusieurs années.
Le tableau reflète une interprétation plutôt satirique du nouveau couple royal.
Portrait d'Eléonore d'Autriche par Joos Van Cleve
La reine Eléonore arrive en France en 1530. Elle est accompagnée de ses deux beaux-fils François et Henri. L'échange sur la Bidassoa est particulièrement tendu. Depuis que François Ier a manqué à sa parole, les Espagnols se méfient des Français. Le duc de Montmorency et le cardinal de Tournon attendent la reine et les anciens otages de l'autre côté de la frontière. Ils sont venus avec une rançon d'un million.
Le roi les attends à Bordeaux. Son mariage avec Eléonore a lieu quelques semaines plus tard. L'année suivante, la reine est sacrée à Saint-Denis.
Source : (The royal collection)
Le peintre hollandais Joos Van Cleve l'a représenté avec une coiffure et un costume de type ibérique qu'elle a en principe cessé de porter en s'installant à la cour de France.
Il en existe des copies et des variantes.
Source : (Vienne, Kunsthistorisches museum)
Source : Corbis (?) ; Rmn (Chantilly, musée Condé) ; Oronoz (Gaasbeek, musée du château)
Portrait d'Eléonore d'Autriche par Jean Clouet
Le portraitiste français a représenté la reine à son arrivée en France. Elle est encore habillée à la mode de son pays.
Le second portrait la représente dix ans plus tard environ. Elle est coiffée à la mode française.
Source : Rmn (Chantilly, musée Condé)
Source : Rmn (Chantilly, musée Condé)
Portrait d'Eléonore d'Autriche par Léonard Limosin
Eléonore fut une reine délaissée. François Ier la considérait comme la soeur de son ennemi. Il n'avait accepté ce mariage que pour l'établissement de la paix. La placidité de son épouse et la banalité de son physique ne pouvait que l'amener à entretenir d'autres femmes.
Eléonore fut toujours traitée avec la dignité de son rang mais pendant les dix-sept ans de son séjour à la cour de France, elle fut une reine très isolée.
Elle n'eut pas d'enfants de cette union et François Ier ne chercha pas spécialement à en avoir, ayant déjà eu sept enfants de son premier mariage.
Source : Rmn (Ecouen, musée national de la Renaissance)
Secundus liber tres missas continet
Il s'agit d'une gravure qui représente la participation de la famille royale à la messe. Face au roi se tiennent agenouillées les filles et la soeur du roi. Eléonore est représentée en haut de l'image en position dominante. Elle se distingue par son costume.
Source : Atlas de la Renaissance, Brepols, 1993 (Vienne, Osterreichische Nationalbibliothek)
Bibli. : Annemarie Jordan et Kathleen Wilson-Chevalier, «L’épreuve du mécénat: « Alienor d’Austriche », une reine de France effacée ?», dans Patronnes et mécènes en France à la Renaissance (sous la direction de WILSON-CHEVALIER), Saint-Etienne, Publications de l'Université de Saint-Etienne, 2007
Portrait d'Eléonore par François Clouet vers 1547
A la mort de François Ier en 1547, Eléonore quitte la cour pour rejoindre son pays natal.
Le portraitiste l'a représenté une dernière fois ; elle est revêtue de ses habits de veuve : en blanc.
Le dessin a servi de modèle pour la miniature de livre d'heures de Catherine de Médicis. Eléonore est représentée au fond à gauche derrière ses belles-filles et la première épouse de son mari.
Source : Rmn (Chantilly, musée Condé)
Portrait d'Eléonore par Antonio Moro
C'est aux Pays-Bas qu'Eléonore passe ses dernières années. Elle vit aux côtés de sa soeur la gouvernante Marie de Hongrie. c'est là que le peintre flamand Antonio Moro lui dresse ce dernier portrait.
En 1556, a lieu la fameuse abdication de Charles Quint. L'empereur fait ses adieux à la Flandre et décide de finir ses jours dans un monastère en Espagne. Il emmène avec lui ses deux soeurs. Eléonore d'Autriche y meurt en 1558.
Le portrait d'Eléonore par Moro est aujourd'hui conservé au monastère des Déchaussées royales (monastère Descalzas), un couvent fondé par sa nièce Jeanne d'Autriche en 1559. Plusieurs membres de la famille des Habsbourg y sont passés après avoir fait voeux de vie consacrée. A l'image de Charles Quint, il existe chez les Habsbourg une vraie tradition familiale d'abandon du monde pour une vie monastique, austère et pieuse.
Le portrait a servi de modèle à la galerie de portraits de l'archiduc Ferdinand (illustration ci-contre).
Source : Oronoz (Madrid, monastère Descalzas) ; (Vienne, Kunsthistorisches museum)