Derniers portraits
Portrait de Catherine de Médicis sous le règne d'Henri III
Source de l'image et localisation de l'oeuvre : Florence Gétreau, Musée Jacquemart-André, peintures et dessins de l'école française, Paris, Institut de France, Michel de Maule, 2011 (Paris, musée Jacquemart-André)
Sous le règne d'Henri III, les portraits de la reine la représentent avec un petit col blanc. L'époque de la fraise est finie. Conformément à la mode en vogue, elle porte un voile non seulement en forme de conque, mais aussi avec une pointe sur le front qui est de plus en plus accentuée1.
La volonté d'Henri III de gouverner par lui-même amène Catherine à changer ses habitudes de gouvernement. La reine-mère conserve sa place au sein du Conseil royal mais n'a désormais plus la main ; la conduite du royaume revient directement au roi.
Pourtant, Catherine demeure aussi active que sous Charles IX. Elle garde encore une influence importante sur l'action politique du gouvernement et c'est elle qui mène les négociations et effectue les déplacements quand il s'agit de ramener la paix dans la province agitée.
Si elle a quitté le Louvre pour son hôtel particulier dans le quartier des halles, elle continue de fréquenter la cour du roi. C'est ce dont témoignent les deux fameuses scènes de bals à la cour des Valois.
La reine-mère est assise entre le roi et la reine. Elle est représentée en train de s'adresser au roi, signe de la place prépondérante qu'elle conserve encore à la cou dans les années 1580. Henri de Lorraine, duc de Guise se tient debout derrière elle, la main appuyée sur sa chaise.
Source de l'image et localisation de l'oeuvre : (Versailles, collection du château) ; (et copie à Paris, musée du Louvre)
Branle à la cour d'Henri III conservé au musée du Louvre
Source de l'image et localisation de l'oeuvre : (Paris, musée du Louvre)
Comme dans le portrait précèdent, Catherine est représentée en train de s'adresser au roi, la main tendue, comme si elle lui donnait un conseil. Le duc de Guise se tient toujours derrière elle (à droite).
Derrière elle (à sa gauche sur le tableau), se tient sa petite-fille Christine de Lorraine. Catherine l'avait prise sous son aile dans son hôtel particulier et assurait son éducation auprès d'elle. Dans ses derniers jours, elle devait en faire son héritière et lui léguer la plus grande partie de ses oeuvres d'art.
Source de l'image et localisation de l'oeuvre :Agence photographique de la Rmn (Paris, musée du Louvre)
Buste en bronze de Catherine de Médicis exécuté par Germain Pilon vers 1583 et aujourd'hui conservé dans les collections royales britanniques 2, 3.
Ce portrait est tout à fait inhabituel puisqu'il représente la reine en tenue de sacre. Sa singularité est que la reine porte un décolleté qu'elle n'a plus porté depuis la mort de son mari. Elle porte également des épaulettes de grande taille comme ils étaient de mode vers 1580 (Cf. le portrait de la reine Louise de Houston). Il s'agit donc d'un habit de composition que la reine n'a jamais revêtu.
C'est un bronze imposant, commandé sous le règne d'Henri III. Son commanditaire n'est pas connu, mais s'il appartenait à la reine, il était probablement exposé dans son hôtel particulier à Paris. L'étude de son inventaire après-décès montre que Catherine possédait plusieurs bustes représentant les membres de la famille royale. Ils étaient peut-être exposés dans la grande galerie du palais où tronaient déja les peintures d'apparat de la famille. Ecrin de ses riches collections, l'hôtel parisien de Catherine avait des allures de musée ; la reine en faisait la visite à ses visiteurs les plus illustres (princes, ambassadeurs, ...). Il fonctionnait aussi comme un mémorial, ou une vitrine à la gloire des Valois.
Le buste n'est pas sans lien avec le projet de monument funéraire que la reine avait commandé à la basilique de Saint-Denis, nécropole des rois de France. Pour son tombeau, Germain Pilon avait produit un gisant similaire représentant la reine en costume de sacre.
Source de l'image et localisation : Royal collection (Palace of Holyroodhouse, Royaume-Uni) ; Agence photographique de la Rmn (Basilique de Saint-Denis)
Portrait de Catherine de Médicis à soixante ans passés
Il s'agit d'un très beau portrait de la reine sexagénaire. Son visage bouffi est marqué par la fatigue. Catherine de Médicis est entrée dans une nouvelle période, la dernière de sa vie.
Malgré son âge avancé, Catherine continue de voyager à travers le royaume pour maintenir la paix.
En 1585, elle court après le duc de Guise qui tente de soulever la France catholique. Elle le poursuit de ville en ville dans l'est du royaume, mais le duc de Guise la fuit et la mène par le bout du nez.
En 1586, on la voit encore en train de courir, mais cette fois, dans l'ouest après le roi de Navarre. Lui aussi l'a fait tourner en bourrique. Il la fait attendre plusieurs semaines avant de la rencontrer et elle manque à plusieurs reprises de se faire enlever par les protestants. Lors des négociations de Saint-Brice, la reine-mère aura beau faire remarquer à son gendre, son âge avancé et se plaindre de ne jamais connaître le repos, le futur Henri IV lui répondra que c'est justement cette activité qui la maintient en vie.
Ce portrait est reproduit dans le livre d'heures de la reine (ci-contre à gauche). On le retrouve également sur un tableau conservé à Florence (ci-contre à droite).
Source : (Baltimore, The Walters art museum)
Source : Polo museale (Florence)
Dernier portrait de Catherine de Médicis, avant sa mort le 5 janvier 1589
Ce dessin est le dernier portrait officiel de Catherine de Médicis.
A 69 ans, Catherine décide d'affronter personnellement l'insurrection parisienne. Elle se rend à pied au bas de la barricade qui lui barre la route. Les révoltés veulent l'empêcher de se rendre à l'hôtel de Guise, mais la reine n'a pas froid aux yeux ; elle hausse le ton et impose sa volonté. Devant cette femme remplie de volonté qui a fait plier tant de rudes militaires, devant cet esprit exceptionnel qui a su dominer toutes les passions, les insurgés finissent par céder et lui ouvrir le passage. La voici qui se fraie un chemin à travers les barricades... au milieu du peuple.
Pour Catherine, c'est une déchéance. Elle avait connu sous le règne de son époux, une monarchie autoritaire nimbée d'un éclat sans pareil, admirée de toutes les cours d'Europe. Après la mort d'Henri, elle avait tenté de maintenir cet éclat. Mais la-voici maintenant qui monte sur les barricades et qui marche.. à pied, entourée d'une foule inamicale,...
La journée des barricades est l'un des derniers grands moments historiques vécus par Catherine. Elle suit ensuite la cour à Blois où souffrante, elle s'alite. L'assassinat du duc de Guise ne fait que hâter sa mort..
La mise à mort du duc de Guise entraîne surtout une immense vague de haine contre le dernier Valois. La rupture avec le peuple est totale. La reine Catherine n'aura pas de funérailles dignes de son rang.
Lorsque les prêcheurs annoncent sa mort au peuple, ils ne savent pas s'ils doivent la louer ou la blamer. N'a t-elle pas pactisé par le passé avec les protestants ? Du côté protestant, on est moins hésitant ; n'est-elle pas responsable de la Saint-Barthélemy ?
Son combat pour la paix sera finalement vite oubliée. Son mausolée, laissé à l'abandon, sera détruit au XVIIe siècle..
Source : (Paris, BnF) ; Source : (Paris, musée du Louvre)
Source des images : Mercier (Vente de mai 2019, Lille) ; Rmn (Paris, musée du Louvre) ; Source : Polo museale fiorentino ; Source : Art Bridgeman (Le Mans, musée de Tesse) ; Source : Scala archives (Villa Medicis)
Source : (Kunsthistorisches museum) ; (Kunsthistorisches museum) ; (BnF)
Article modifié en août 2012 et mai 2018
Notes
1. Si le costume appartient à celui du règne d'Henri III, le visage reprend le dessin de la BnF de 1560. Sur l'origine et la datation du tableau voir Florence Gétreau, Musée Jacquemart-André, peintures et dessins de l'école française, Paris, Institut de France, Michel de Maule, 2011, p. 60-61.
2. Jonathan Marsden dans The Burlington Magazine, n°1245, volume CXLVIII, décembre 2006.
3. Geneviève Bresc-Bautier proprose d'attribuer le buste à Mathieu Jacquet, élève de Germain Pilon. Voir Geneviève Bresc-Bautier, "Quelques interrogations sur les commandes funéraires de Catherine de Médicis", in Guillaume Fonkenell, Caroline zum Kolk (dir.), Catherine de Médicis (1519-1589) : politique et art dans la France de la Renaissance, Paris, Le Passage, 2022.
Article modifé en juillet 2012