Sous le règne d'Henri III
Portrait de Marguerite de Valois vers 1575
Source de l'image : Bibliothèque nationale de France
Ce joli dessin de la BnF, rehaussé de couleur, est certainement l'un des plus beaux portraits de la reine de Navarre. Il est l'un de ceux qui retranscrivent le mieux la beauté si bien décrite par ses contemporains (comme Brantôme par exemple).
Marguerite était une princesse passionnée par la mode et l'entretien de son apparence. Sur le portrait, on la voit avec un teint blanc rehaussé de rouge sur les joues. A l'époque médiévale de l'amour courtois, le rouge et le blanc constituaient une association de couleur très appréciée de l'aristocratie (notamment pour sa valeur symbolique, pour ne pas dire ésotérique). Protectrice des lettres et héritière d'un mode de vie aristocratique, Marguerite contribuait à renouveler et à perpétuer les traditions de la noblesse.
Ce dessin a du servir à l'élaboration d'un portrait peint. Malheureusement, celui-ci ne nous est pas parvenu. Il subsiste aujourd'hui deux copies qui prouvent qu'il a cependant existé :
Ces deux copies sont malheureusement d'une qualité plutôt médiocre (par rapport au dessin). Aucun des deux n'a su retranscrire avec fidélité le physique si particulier de la reine de Navarre.
Le premier est au Puy-en-Velay, au musée Crozatier (source de l'image : MeisterDrucke ; voir la notice de l'oeuvre sur le site du musée Crozatier), le second est à Blois (Voir la notice de l'oeuvre sur le site des musées de la Région Centre).
(je propose sur un autre blog un essai de reconstitution de la robe de Marguerite : ici)
Portrait de Marguerite de Valois, peint en miniature par Nicholas Hilliard en 1577
Source de l'image : Sotheby's (vente du 5 juillet 2017 à Londres) ; Localisation : collection privée.
Si cette miniature est d'une qualité remarquable, le portrait du visage, en lui-même, surprend beaucoup. Marguerite paraît empâtée, ce qu'elle était peut-être, mais ici, son embonpoint paraît exagéré. De plus, on ne reconnaît pas d'emblée les traits physiques de la princesse. Le principal élément qui permet de confirmer l'identité du portrait est l'énorme perruque blonde que la reine de Navarre avait l'habitude de porter.
L'intérêt du portrait réside également dans le regard altier du modèle. A travers sa superbe, il fait apparaître le caractère orgueilleux et trempé de la reine. C'est ce tempérament supérieur ne souffrant pas les humiliations qui devait la mettre si souvent à mal avec le roi son frère. Les historiens peuvent avoir des difficultés àexpliquer la haine qui opposait Henri III à sa soeur. Le roi ne pouvait tout simplement pas souffrir la présence d'une Majesté concurrente à la sienne. Il ne pouvait y avoir deux soleils à la cour.
On remarquera la richesse du costume si typique des années 1577-1580, où l'on voit apparaître sur les épaulettes, le buste et la robe, un ensemble très surchargé de noeuds, de pompons et même de petites fleurs (élément de comparaison avec le portrait d'une dame de la cour de France en 1577, sur Gallica, BnF)
Portrait de Marguerite de Valois (?)
Source de l'image : Hamm Institute (lien défaillant) ; Localisation de l'oeuvre : inconnue
Les éléments d'identification qui accompagnent ce portrait sur le site où il était publié sont erronés. Aucun doute ne semble permis sur l'identité du modèle, il s'agit bien de Marguerite de Valois. Le portrait semble reprendre en partie, le dessin de la BnF, mais s'en distingue par des élements de costume et des traits physiques plus prononcés. Marguerite y apparaît plus âgée.
Les élements de costume renvoie au règne d'Henri III, vers 1575-1580, mais il pourrait aussi s'agir d'une reproduction du XVIIe siècle.
Portrait de Marguerite de Valois édité par Jean Rabel
Source de l'image et localisation : Osterreichische Nationalbibliothek
Dans cette oeuvre, Rabel propose un portrait de profil, ce qui ne manque pas d'originalité. Les traits sont idéalisés, mais la reine reste reconnaissable (avec son double menton).
Un soin particulier est apporté à la représentation du costume. L'image se veut éclatante à l'image de la renommée de Marguerite, paragon de la mode et du raffinement des moeurs à la cour de France.
Cette vue de profil se retrouve sur cette mauvaise reproduction (ci-contre à droite). Il s'agit d'une médaille sur laquelle la reine est représentée entourée d'un décor allégorique.
Source : Pierre Chevallier, Henri III roi shakespearien, Paris, Fayard, 1985
Portrait de Marguerite de Valois gravé par Frans Hogenberg
Source de l'image et localisation : Osterreichische Nationalbibliothek
L'artiste flamand imprime un portrait de la reine dont le costume et la coiffe rappellent la gravure de Rabel. L'image est pourtant très différente et le costume plus sobre.
L'oeuvre sera recopiée quelques années plus tard par l'imprimeur allemand Johan Bussemecher. L'image est éditée sous le règne d'Henri IV (l'inscrition mentionne Marguerite comme reine de France).
Source de l'image : Gallica ; Localisation : Bibliothèque nationale de France (voir également l'exemplaire du département des Arts graphiques du musée du Louvre)
Article mis à jour en avril 2019