Charles d'Orléans (1522-1545)
Charles est le troisième fils du roi François Ier. A la mort de son frère aîné le dauphin François, c'est sur lui que le roi reporta son affection parternelle. Dans les années 1540, une importante rivalité devait opposer le prince Charles à son frère aîné Henri. Mais Charles mourut prématurément en 1545 à l'âge de 23 ans. Deux ans plus tard, Henri II montait sur le trône.
Portrait de Charles de France dessiné au crayon par Jean Clouet et peint vers 1524 à l'âge de 2 ans environ1.
Source et localisation des images : Chantilly, musée Condé, MN7 (Agence photographique de la Rmn) ; Meisterdrucke ou Images d'art (Orléans, musée des Beaux-arts)
Il en existe plusieurs copies :
Images d'art (Chantilly, musée Condé, MN8) ; (Paris, musée du Louvre, INV33433, Recto)
Portrait de Charles d'Angoulême dessiné au crayon par Jean Clouet vers 1535
Source des images et localisation : Agence photographique de la RMn (Chantilly, musée Condé, MN15 ) ; Agence photographique de la RMn (Chantilly, musée Condé, MN16)
Portrait de Charles d'Angoulême (d'après un dessin de Jean Clouet ?)
La forme de l'habit et l'âge apparent du modèle permettent de placer chronologiquement cette image entre le dessin de Jean Clouet dont il dérive peut-être, et le portrait peint par Corneille de Lyon en 1536.
Un portrait similaire avait été vendu en 2010 (ci-contre).
Source des images : Artcurial (vente du 13 décembre 2023, à Paris) ; Mutualart ([Sotheby's ?], vente du 9 décembre 2010, [lot 128])
Portrait en médaillon de Charles d'Angoulême sculpté en 1535 et aujourd'hui conservé au musée des Beaux-Arts de Lyon
Source de l'image : (Musée des Beaux-arts de Lyon)
Ici encore, l'oeuvre appartient à une série de portraits probablement commandée par le roi représentant ses fils. Il existe un médaillon similaire pour le dauphin François et le prince Henri de France, tous revêtus d'un habit et d'une coiffe similaire.
Charles se retrouve sur toutes les images représentant les fils du roi (ci-dessous).
L'entrée du dauphin, dans les Annales des Capitouls de Toulouse (vers 1532/1533).
François Ier, entouré de sa cour, reçoit un ouvrage de son auteur (vers 1540/1545). Le jeune prince représenté debout est probablement le dauphin Henri mais l'historienne Alexandra Zvereva a évoqué l'hypothèse que ce fusse son cadet Charles (voir la notice sur Christie's).
Portrait de Charles d'Orléans peint par Corneille de Lyon en 1536 et aujourd'hui conservé à la Galerie des Offices de Florence
Source des images et localisation : Wikimedia (Florence, Galerie des Offices) ; (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; et copie (?)
À la mort de son frère aîné François, Charles devient le deuxième dans l'ordre de succession au trône. De son frère Henri devenu Dauphin, il reçoit en apanage le duché d’Orléans. Il a alors 14 ans.
Le portrait de Corneille a été repris dans le livre d'heures de Catherine de Médicis. (concernant cette image, voir aussi la catégorie des erreurs).
Portrait de Charles d'Orléans peint par Corneille de Lyon et aujourd'hui conservé au musée Bonnat de Bayonne
Source des images : Agence photographique de la Rmn (Bayonne, musée Bonnat) ; (Lyon, musée des Beaux-arts, B 918) ;
Il s'agit d'un portrait qui représente l'un des trois fils du roi François. Dans le catalogue raisonné de Corneille de Lyon, Anne Dubois de Groër l'identifie au dauphin François au lieu de l'identifier au prince Henri comme cela a été fait par le passé3. Mais la base photographique de la Rmn ne l'identifie à aucun des deux. Elle l'identifie au plus jeune des fils, le prince Charles (peut-être sur la base d'informations du musée Bonnat qui conserve le tableau).
Pour ma part, je ne peux que constater la ressemblance physique entre le portrait du musée Bonnat et celui du musée des Offices (voir plus haut). La gravure d'une médaille du XVIe siècle identifiée au prince Charles (Carolus Angol Dux) et reprenant le portrait du musée Bonnat nous pousse à favoriser cette hypothèse4.
Dans les années 1540, le prince Charles était appelé à jouer un rôle militaire et politique d'importance, ce qui devait le mettre en rivalité profonde avec son frère aîné le dauphin Henri.
Portrait de Charles d'Orléans dessiné vers 1543 par François Clouet, et aujourd'hui conservé à Chantilly
Source des images et localisation : Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé)
Le portrait fut identifié à Charles par l'historien Henri Zerner, puis par Alexandra Zvereva2.
Ce beau portrait a fait l'objet de deux reprises dans lesquelles le visage du jeune prince a été vieilli. Le plus remarquable des deux est celui de la BnF. Le dessin présente les mêmes traits que celui de Chantilly, mais il s'en distingue par des poils de barbe plus développés. La barbe forme deux petites pointes, comme le voulait la mode masculine dans les années 1540. Elle n'est pas taillée.
Le "vieillissement" du portrait se distingue également dans la retouche du couvre-chef. Les traces de l'ancienne toque sont à peine effacées. Le dauphin Henri arbore un chapeau beaucoup plus moderne.
Le dessin a été repris dans le livre d'heures de Catherine de Médicis. Le prince est représenté sur la miniature à gauche.
Source des images et localisation : Gallica (Bibliothèque nationale de France) ; Gallica (Bibliothèque nationale de France, folio 99v)
Portrait équestre de Charles d'Orléans vers 1543 et conservé aux États-Unis
Source de l'image : (Houston, The Menil Collection)
Le portrait est identifié au dauphin Henri mais comme le portrait reprend le crayon de Chantilly, il ne peut s'agir que de Charles d'Orléans. Il est à mettre en parallèle avec les portraits équestres de François Ier et celui du dauphin Henri.
Représentations de Charles d'Orléans gravés par le peintre néerlandais Cornelis Anthonisz
Source des images et localisation : (Amsterdam, Rijksmuseum) ; (Amsterdam, Rijksmuseum) ; (Amsterdam, Rijksmuseum)
Notes
1. Cf. la notice de l'oeuvre dans Alexandra ZVEREVA, Portraits dessinés de la cour des Valois. Les Clouet de Catherine de Médicis, Arthena, Paris, 2011, p. 206.
2 Alexandra ZVEREVA, Portraits dessinés de la cour des Valois. Les Clouet de Catherine de Médicis, Arthena, Paris, 2011, p. 207.
3. Anne Dubois de Groër, Corneille La Haye, dit Corneille de Lyon, Arthéna, 1997, p. 135. L'argument que nous donne l'autrice au sujet du tempérament inexpressif du visage me semble peu sérieux. On y lit en effet que le portrait du tableau correspondrait davantage au caractère taciturne de François et d'Henri qu'à celui de l'enjoué Charles. C'est donner beaucoup d'importance à l'essence réflectrice de la peinture d'une part et aux images d'Epinal d'autre part. A ce propos, dans sa récente biographie d'Henri II, Didier Lefur nous invite à nous méfier de l'historiographie traditionnelle qui présente le futur Henri II comme un triste sir.
4. Anne Dubois de Groër en fait mention aussi à la même page.