Marguerite de France (1523-1574)
Portrait de Marguerite de France vers 1527
Marguerite est la dernière enfant de François Ier et de Claude de France. Elle n'a pas connu sa mère qui est morte peu de temps après sa naissance.
Son éducation s'est faite à la cour du roi François sous l'influence de sa tante Marguerite. De cette parenté, elle garda un goût pour les Lettres et un esprit humaniste.
De tous les enfants de François Ier, c'est celle qui vécut le plus longtemps. On a donc beaucoup de portraits d'elle, et ce d'autant plus qu'elle était aimée du roi son père et du roi son frère. Jean Clouet l'a représenté ici vers l'âge de quatre ou cinq ans.
Source : Rmn (Chantilly, musée Condé)
Il existe un portrait de Corneille de Lyon représentant une jeune fille dont les traits ne sont pas sans rappeler la princesse Marguerite. Elle porte un costume semblable à celui que porte à la même époque Catherine de Médicis (qui était pour Marguerite à la fois une belle-soeur et une amie proche). Je m'avance beaucoup en proposant ce portrait comme étant celui de Marguerite. Anne Dubois de Groer qui l'a relevé dans son catalogue raisonné l'a laissé sans identification1. La jeune fille devait avoir une douzaine d'années quand ce tableau a été peint en 1536, ce qui correspond à l'âge du modèle.
Source : (Cambridge (EU), The fogg art museum)
Portrait de Marguerite vers 1542 et 1545
Marguerite est représentée vers l'âge de 18 et 22 ans. Si la princesse fit plusieurs fois l'objet de négociations matrimoniales, elle refusa toujours de faire alliance avec un petit parti. Fille et soeur de rois, elle avait la volonté de n'épouser qu'un souverain ou un fils de roi. L'exigence de ses revendications la laissa célibataire pendant de nombreuses années.
Source : Rmn et Rmn (Chantilly, musée Condé)
Estampe représentant Marguerite de France (ci-contre)
Source : (Amsterdam, Rijkmuseum)
Portrait présumé de Marguerite d'après Corneille de Lyon
D'après Anne Dubois de Groer, ce portrait n'est pas un original ; ce qui explique que son identification à Marguerite n'est pas évidente2. Il existe un portrait équivalent au château de Versailles.
Le portrait a probalement été réalisé au début du règne d'Henri II. Faute de trouver un époux de son rang en Europe, la soeur du roi vit à la cour de France. Pour l'entretien de son rang et de sa maison, Henri II lui a donné en jouissance le duché de Berry.
Source : Rmn (Chantilly, musée Condé)
Portrait de Marguerite par François Clouet vers 1550
La pose solennelle donnée par le portraitiste à son modèle et la beauté du costume que laisse transparaître l'esquisse fait de ce dessin un très beau portrait de la duchesse de Berry. Un autre dessin de Chantilly semble s'apparenter avec lui (image ci-dessous).
A 25 ans passés, Marguerite est par son esprit et son affabilité une figure appréciée de la cour de France et de la famille royale.
Source : Rmn et Rmn (Chantilly, musée Condé)
Portrait de Marguerite de Berry dessiné par François Clouet vers 1555
Ce très beau portrait est le dernier représentant Marguerite en costume de cour, avant son départ de France. Le portrait peint du dessin n'est réapparu qu'en 2011, en vente chez Christie's. La princesse est tout de blanc vêtue.
A 30 ans passés, la fille de France n'est toujours pas mariée. Peut-être, le portrait est-il tiré pour doper la cote de la princesse et augmenter le nombre des prétendants.
Peut-être, le portrait est-il tiré à l'occasion des préparatifs de son mariage avec le prince de Savoie qui a lieu en 1559. L'idée avait germé les années précédentes, mais du fait de la guerre, elle était prématurée.
Par ailleurs, la princesse exigeait d'être mariée à un roi. Emmanuel-Philibert n'était que duc et dépossédé de ses états par la France. Mais ça, c'était avant la défaite française de 1557. La proposition de mariage s'inscrit dans les négociations du Traité du Cateau-Cambrésis qui visait la création d'un nouvel état à cheval sur les Alpes comprenant la Savoie et le Piémont. C'était la résurgence du duché de Savoie, avant son annexion à la France par François Ier.
En 2012 une variante du tableau, est apparue en vente dans la même maison (ci-contre).
Source des images : Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé) ; Christie's (Vente du 1er novembre 2011 à Amsterdam) ; Akg (Christie's, vendu le 1er avril 2012 à Londres)
Le portrait de Clouet a servi de modèles à deux miniatures d'un livre d'heures ayant appartenu à la princesse. L'ouvrage est aujourd'hui conservé à Turin. L'une de ces miniatures la représentent avec le dragon de Sainte Marguerite d'Antioche.
Le portrait a servi de modèle pour la miniature (ci-contre à droite) représentant les filles et épouses de François Ier dans le livre d'heures de Catherine de Médicis. Marguerite y est la seule personne à placer son regard vers le lecteur (à l'époque de la réalisation de cette miniature dans les années 1570, elle est l'une des rares figures représentées à être encore vivante).
Source des images : Le lys et la soie : ... (Turin, Biblioteca Reale) ; Compte instragram du musée royal de Turin (Turin, Biblioteca Reale) ; Wikimedia (Bibliothèque nationale de France)
Marguerite apparaît également sur une fresque du château de Caprarola représentant les noces de sa nièce Diane avec Horace Farnèse en 1553. Elle est representée derrière la mariée, à gauche du groupe central (représentée en couleur sur l'image ci-contre). Sont également représentés son frère Henri II et la reine Catherine.
Source de l'image (détail de la fresque) : Akg-images (Caprarola, Palais Farnèse)
Représentation allégorique de Marguerite en Minerve vers 1555 sur une plaque en émail réalisé par Jean de Court
Ce très bel ouvrage en émail rappelle que la princesse Marguerite était une femme lettrée, protectrice des écrivains.
Les poètes de la Pléiade comme Ronsard et Du Bellay ont célébré Marguerite comme étant la nouvelle Pallas (ou Minerve), la déesse de la sagesse, protectrice des arts et des sciences. Comme son père autrefois (manuscrit de la Bibliothèque nationale de France), elle est représentée sous les traits d'une divinité de la mythologie grecque. Marguerite est la personnalité qui défend l'art des Lettres contre les sectaires ignorants.
Marguerite de France passe également pour avoir été sympathisante des idées de la réforme protestante.
Source de l'image : (Londres, Wallace collection)
Notes
1. Anne Dubois de Groer, Corneille La Haye, dit Corneille de Lyon, Arthéna, 1997, p. 264.
2. Ibid, p. 213.
Article modifié en octobre 2011