Deux portraits de Marguerite en deuil blanc par
Deux portraits de Marguerite en deuil blanc par François Clouet en 1559
Ironie du sort pour Marguerite, c'est à quelques jours de son mariage avec le prince de Savoie Emmanuel-Philibert, en juin 1559, que le roi Henri II fut mortellement blessé au cours du fameux tournoi des Tournelles. Au seuil de sa mort, craignant que le prince savoyard ne se dérobe à ses engagements, le roi obligea la tenue immédiate du mariage. Les enjeux géopolitiques de cette alliance étaient considérables. La cérémonie a donc lieu, .. dans les pleurs. La reine Catherine qui avait tant désiré et attendu ce moment, était tombée malade sous le coup de l'émotion de l'accident de son mari. Elle n'assiste même pas au mariage. Le roi meurt dans la nuit même.
Le portrait représente Marguerite arborant pour son frère le deuil blanc. Il s'agit du dernier portrait avant le départ de la princesse pour la Savoie.
Parce qu'il était impossible pour Marguerite de quitter la France sans avoir participé au deuil de la cour et encore moins en abandonnant son amie Catherine et ses enfants dans une situation aussi malheureuse, son départ pour la Savoie fut plusieurs fois reporté. Catherine de Médicis avait également obtenu le report du départ de la reine d'Espagne à laquelle elle était aussi attachée.
Marguerite ne quitta la France qu'au mois de décembre 1559. Elle fit son "entrée" dans la bonne ville de Nice et y resta le temps de recouvrer la santé, car les nouvelles de France qui lui parvenaient au sujet de la crise religieuse et des évenements d'Amboise l'affectaient beaucoup.
Source des images : (Londres, The British museum) et idem ; et en copie (Royaume-Uni, Royal Collection) ; (Turin, Galerie Sabauda)
Portraits de la duchesse de Savoie d'après un original perdu
Les trois tableaux représentent la duchesse dans un portrait probablement fait en Savoie (le portrait original est inconnu mais il subsiste sous forme de copies dont une très belle gravure1).
On peut faire le rapprochement de ces tableaux avec un dessin de la BnF identifié à tort à Marguerite de Parme (image ci-contre).
Epouse d'un prince officiellement allié à la France, Marguerite se fit remarquer par son amabilité et ses interventions pour tenter d'apaiser les tensions dans le nord de la péninsule italienne. Elle sut maintenir son époux pourtant tout dévoué à l'Espagne, dans une amitié - très fragile - avec la France.
Source des images : Arcadja2 ; (Vienne, Kunsthistorisches museum) ; BeniCulturali (Château royal de Racconigi) ; Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Wikimedia (Turin, Galleria Sabauda) ; (Musée des Beaux-art de Lyon)
Portrait de Marguerite peint au XVIIe siècle et conservé au palais ducal de Venaria Reale près de Turin.
Le portrait est une copie du portrait peint vers 1560-1565 et aujourd'hui perdu. Il représente la duchesse de Savoie en pied. Sa présence dans le palais ducal de Turin rappelle la place et l'importance de cette princesse de France dans la généalogie des princes de la Maison de Savoie qui devinrent rois d'Italie, au XIXe siècle.
Turin, place forte française depuis la campagne menée par François Ier en 1536 faisait partie de la dot de Marguerite. La capitale du Piémont devait être rendue au duc de Savoie, à la condition que Marguerite mît au monde un héritier mâle. C'est ce qui arriva en 1562 avec la naissance de Charles-Emmanuel. Les soldats français évacuèrent la place et Turin devint la capitale du duché, au détriment de Chambéry.
Marguerite se faisait beaucoup de soucis pour son pays natal, meurtri par les guerres de religion. Plus tard, Charles-Emmanuel, son fils tant désiré devint duc de Savoie à la mort de son père (1580). Il n'eut toutefois aucun scrupule pour agrandir son état au détriment du royaume de France. Henri IV et Louis XIII durent mener à plusieurs reprises des campagnes contre son état pour étouffer ses ambitions.
Source des images : (Venaria Reale, palais ducal) ; BeniCulturali (Château royal de Racconigi)
Notes
1. Dana Bentley-Cranch, « L'iconographie de Marguerite de France », in Culture et pouvoir au temps de l'humanisme et de la Renaissance. Actes du Congrès Marguerite de Savoie, Paris, Slatkine, 1978, p. 243-256. Voir également Alexandra Zvereva, Les Clouet de Catherine de Médicis : chefs-d’œuvre graphiques du musée Condé, Paris, Somogy, 2002, p. 114.
2. L'oeuvre a été vendue aux enchères sous une autre identification. Par comparaison avec le portrait du Kunsthistorisches museum et avec la gravure précédemment citée, l'erreur paraissait évidente..
Article modifié en février 2014