La reine-mère
Portrait en médaillon de Catherine de Médicis réalisé par Germain Pilon vers 1573-1575
Le portrait est assez peu flatteur et ne reflète pas l'optimisme coutumier de Catherine de Médicis, quoiqu'en berne depuis la reprise des hostilités en 1567 et 1568.
Les Français n'ont pas saisi l'occasion que la régente leur a donné pour se réconcilier. Contrainte d'abandonner sa politique de concorde, Catherine de Médicis dut se rabattre sur une politique plus violente et radicale. Ce fut le massacre de la Saint-Barthélemy, un évènement imprévisible, mais impardonnable. Une vague sans précédent de pamphlets, d'écrits haineux et de menaces de mort allait s'abattre sur la reine. Pour la reine, les années 1570 constituent la période la plus difficile de sa vie, la plus contestable aussi.
Source de l'image : Agence photographique de la Rmn (Paris, musée du Louvre)
Portrait de Catherine de Médicis réalisé à partir des années 1570
Le modèle reste le dessin de Clouet, mais l'habit a été mis à la mode du temps. La reine porte une fraise complète qui fait le tour du cou, et qu'il cache de toute sa hauteur.
Source de l'image : (Bâle, Kunstmuseum)
Portrait gravé par Jerôme Wierix à partir d'une oeuvre du peintre Marc Duval1 réalisée en 1579
C'est une estampe de très belle exécution qui représente la reine à mi-corps, sur un fond de paysage et de colonnes antiques, les mains posées sur un livre.
L'image renouvelle le portrait de la reine, en adaptant son costume aux tendances des années 1570 : la collerette godronnée est plus large et épaisse, les manches sont en gigot et sous l'influence du maniérisme et de la mode en vogue, le voile de la reine devient une conque formant au dessus des épaules, un arc de cercle qui donne l'aspect d'une voile de bateau soufflée par la brise.
Le portrait donne une image paisible de la reine. Il tranche avec le désarroi qui l'habite au milieu de la décennie (recrudescence de la guerre civile, attaque virulente des pamphlets contre sa personne, décès de son fils Charles et de sa fille la duchesse de Lorraine, changement de roi, changement de gouvernement et de méthode de gouvernement, apparition d'une nouvelle reine en la personne de Louise de Lorraine et nouvelle redistribution à son désavantage des postes de la cour).
Source : (Londres, British museum) ou (Paris, BnF)
Le portrait a servi de modèle à plusieurs graveurs dont Rabel et Thomas de Leu (ci-contre) et à la tapisserie des Valois (ci-dessous).
Source : Gallica (Paris, BnF) ; Gallica (Paris, BnF) ; A. Jouanna (et al.), Histoire et dictionnaire des guerres de religion, R. Laffont, 1998, p.133(Paris, BnF)
Portrait de Catherine de Médicis sur l'une des tapisseries des Valois.
La reine-mère est représentée accompagnée de sa fille Marguerite et de son gendre le roi de Navarre, Henri de Bourbon, chef protestant et futur roi Henri IV.
Les personnages sont représentés en pied sur une tapisserie représentant le spectacle d'une bataille comme il s'en faisait souvent à la cour.
Comme chacun sait, le mariage de Marguerite et de Navarre, symbole de la réconciliation entre catholiques et protestants fut terni par le bain de sang de la Saint-Barthélemy (1572). Le roi de Navarre fut contraint de revenir à la religion catholique et resta à la cour en surveillance durant trois ans.
Navarre vivait avec sa belle-mère en bonne intelligence. Chaque matin, il assistait à son lever et l'accompagnait ensuite parfois dans les différents moments de la journée. Leurs relations étaient ambigues. Navarre craignait l'emprise de sa belle-mère sur son jeune esprit et Catherine craignait de voir ce prince s'enfuir de la cour et rallumer le flambeau de la guerre, ce qu'elle voulait éviter à tout prix. Dans une monarchie encore fragilisée par les potentats locaux hérités de la société féodale, Navarre était pour la royauté française un frondeur potentiel qu'il fallait maîtriser.
La division politique de la cour obligeait Navarre à prendre parti du côté des Malcontents (contre Catherine et le roi de Pologne, devenu ensuite Henri III) et à la fin de l'été 1576, il parvint à s'enfuir de la cour. Dès lors, Catherine ne cessera de chercher à le faire revenir.
En 1578, elle entame un voyage à Nérac, sa capitale, où elle entend lui rappeler ses devoirs familiaux et conjugaux. Elle réussit - temporairement pour quelques années- à le réconcilier avec son épouse Marguerite (avec qui il s'était fâché). Les retrouvailles se font autour de somptueuses festivités. Selon toute vraisemblance, le portrait de groupe représenté sur cette tapisserie, illustre cette réconciliation familiale. Catherine parvient même à convaincre Navarre de revenir à la cour, du moins le croît-elle. Les vicissitudes de la vie politique, l'inconstance du roi et ses divergences de vue avec sa belle-mère auront raison de ses promesses. Par la suite, leurs relations ne feront que se détériorer. Catherine reverra son gendre encore deux fois ; en 1582 et en 1586.
Dans les tapisseries des Valois, Catherine de Médicis apparaît à plusieurs reprises en arrière plan, dans le décor.
Dans la tapisserie du Voyage, elle est représentée en train de voyager dans sa litière, accompagnée d'une suite impressionnante. Catherine de Médicis était une grande voyageuse. Toujours accompagnée de ses dames et ses filles et se transportant toujours en litière, elle n'hésitait pas à se porter au devant de ses ennemis pour négocier la paix.
Elle est également représentée entourée de sa cour dans la tapisserie des ambassadeurs polonais qui illustre la fête donnée en 1573 au jardin des Tuileries à l'occasion de la venue très remarquée de ces émissaires. Source : Scala archives (Florence, musée des Office
Source : Wikimediacommons (Florence, musée des Offices)
Notes
1. Voir la notice biographique rédigée par A. Zvereva.
Article modifié en août 2012
Article modifié en août 2012