Les portraits de Catherine de Médicis (1519-1589)
Reine de France, régente du royaume, mère de trois rois de France, d'une reine d'Espagne et d'une reine de Navarre, Catherine de Médicis est l'une des figures les plus emblématiques du XVIe siècle.
Dotée d'une grande intelligence, d'un esprit supérieur et d'un inébranlable optimisme, Catherine a gouverné le royaume de France pendant plus d'une quinzaine d'année. Son plus grand souci fut le maintien de l'Etat contre les formes subversives de la guerre civile.
Cette galerie iconographique permet d'illustrer les différentes étapes de sa vie, longue de 70 ans.
La dauphine
Portrait de Catherine de Médicis à l'âge de 17 ans environ, peint par Corneille de Lyon
Source de l'image : Bridgeman (Polesden Lacey, The national trust)
Catherine de Médicis est née à Florence d'un père italien et d'une mère française qu'elle n'a pas connu. Orpheline, elle grandit à Florence, puis à Rome sous l'autorité de son cousin le pape Clément VII.
En 1533, elle est mariée au deuxième fils du roi de France, Henri duc d'Orléans. Elle n'a alors que 14 ans. Son mariage qui a lieu à Marseille, fait l'objet de fêtes magnifiques. Personne ne se doute alors qu'elle sera un jour la matriarche de la maison des Valois.
Trois ans plus tard, à l'occasion d'un séjour de la cour à Lyon, le peintre hollandais Corneille de Lyon a réalisé l'un de ses premiers portraits (ci-contre).
Le portrait de Corneille fait écho aux témoignages des contemporains sur l'absence de charme physique de la princesse florentine. Catherine était déjà marquée par une certaine corpulence.
Peu habituée aux manières de la cour et parlant difficilement français, elle avait de la peine à capter l'attention de son mari le duc d'Orléans, plus préoccupé par les formes mûres de Diane de Poitiers, la cousine de Catherine.
Le portrait de Polesden Lacey a fait l'objet de deux répliques d'atelier, aujourd'hui conservées dans des collections françaises (ci-contre) :
Source des images : Agence photographique de la Rmn (Versailles, musée national) ; Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé)
Le portrait peint par Corneille de Lyon a été repris et réinterprété par plusieurs artistes italiens de la seconde moitié du XVIe siècle ; tout d'abord par Vasari pour décorer le palais Vecchio à Florence (ci-contre à gauche) et plus tard dans les années 1580, par Santi di Tito (ci-contre à droite).
Tandis que Vasari a vieilli expressément le visage de la reine, Santi di Tito semble ne pas avoir compris la mode de l'époque et n'est pas parvenu à reconstituer le costume (cela se voit au niveau des manches ; voir les portraits de la reine Eléonore, de Marguerite de Navarre ou de Marguerite de France qui présentent des costumes plus vraisemblables que celui imaginé par Santi di Tito).
C'est également le portrait de Corneille de Lyon que le peintre Cristofano dell'Altissimo choisit de copier pour la grande galerie de portraits commandée par Cosme Ier de Médicis (ci-contre).
Source des images : Polo museale fiorentino (Florence, palais Vecchio) ; Agence photographique de la Rmn (Florence, galerie des Offices) ; Italianways (Florence, galerie des Offices)
Portrait inédit de Catherine de Médicis réalisé aux alentours des années 1540
Ce portrait a été mis en ligne dans la base d'images de la RMN, sous le titre de dame inconnue. L'identification de ce portrait à la dauphine reste donc à confirmer. Personnellement, je trouve qu'il ne fait aucun doute qu'il s'agisse de Catherine de Médicis. La dame inconnue représentée sur ce dessin possède les même yeux, les mêmes sourcils, la même forme du visage, le même nez et la même bouche que les portraits directement antérieurs et postérieurs de la dauphine.
Ce portrait est très intéressant car il illustre mieux que les portraits précédents, le physique ingrat de Catherine.
Source : Rmn (Chantilly, musée Condé)
Cet autre dessin représenterait également Catherine de Médicis jeune fille mais le portrait est assez idéalisé et le costume a été retouché dans les années 1560. Un dessinateur lui a rajouté une encolure avec collerette et une coiffure moderne en raquette avec des boucles.
Ce portrait représente-il vraiment Catherine de Médicis ?
Article modifié en août 2012, avril 2018
La reine de France (1547)
Portrait de Catherine de Medicis, d'après un dessin de François Clouet
A la mort de François Ier en 1547, Catherine de Médicis devient reine de France. A cette occasion, François Clouet, portraitiste officiel du roi, a certainement réalisé son portrait, mais malheureusement ce portrait ne nous est parvenu que par des copies.
On y voit Catherine porter ce que les Anglais appellent le French hood, une sorte de coiffe que les dames de la cour portaient dans la première moitié du XVIe siècle. Ses épaules sont recouvertes d'une gorgerette constellée de perles et de bijoux.
Source : (Paris, Conservatoire national des arts et métiers) ; ? (Paris, Bnf) ; (Oxford, The Asmolean museum) ; (Oxford, The Asmolean museum)
Le dessin de Clouet a du faire l'objet de nombreux portraits peints, mais très peu d'entre eux nous sont parvenus (ci-contre à gauche).
On le retrouve également en émail, tel ce petit portrait, mal reproduit ici, inséré dans un décor de style typiquement Renaissance.
Source des images : Agence photographique de la Rmn (versailles, musée du Chateau) ; Ivan Cloulas, Diane de Poitiers, 1997
Portrait en pied de Catherine de Médicis gravé par Frans Huys et imprimé par l'éditeur anversois Hans Liefrinck
Source de l'image : (Londres, British museum) ou (Amsterdam, Rijkmuseum)
Catherine de Médicis a fait l'objet de plusieurs portraits gravés la représentant en tant que reine de France. Elle porte le costume de cour tel qu'il était à la mode en France dans les années 1550.
Une autre gravure, d'auteur inconnu, la représente à cheval, illustrant la réputation de la reine dans le domaine de de l'équitation (ci-contre).
Source des images : (Paris, BnF) ; (Paris, BnF)
Portrait de Catherine de Médicis dessiné et peint par François Clouet, conservé au British museum pour le crayon et au Victora et Albert museum pour la miniature
Le dessin de François Clouet (ci-dessus à droite) est à l'origine d'une très jolie miniature (ci-dessus à gauche) représentant la reine, le cou orné d'une petite fraise (ou ruché) et les épaules voilées par une guimpe cadrillée de perles. Elle tient dans ses mains un petit éventail. Le dessin a fait l'objet d'une copie assez pâle (ci-contre).
Source des images : (Londres, British museum) ; (Londres, Victoria and Albert museum) ; Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé)
Portrait de Catherine de Médicis par Léonard Limosin vers 1553
Source des images : (Galerie Kugel)
Fresque représentant le mariage d'Henri II et de Catherine de Medicis
Il s'agit d'une oeuvre peinte par Vasari dans la seconde moitié des années 1550. Catherine de Medicis est représentée habillée avec un costume des années 1550 et non comme elle était habillée à l'époque-même de son mariage en 1533.
Source : Musei dei Ragazzi di Firenze (Florence, Palais Vecchio)
Portrait en pied de Catherine de Medicis peint vers 1600
Il s'agit peut-être d'un portrait fait d'après un original de François Clouet. Le costume correspond bien à la mode des années 1550 et le visage aux portraits de Clouet présentés dans l'article précédent. Qui est le commanditaire de ce portrait ? et quel est le modèle d'origine ?
Source : exposition Caterina e Maria de' Medici : Donne al potere (Florence, musée des Offices)
Portrait en pied de Catherine de Médicis exposé au Palais Pitti à Florence
Il s'agit d'un magnifique portrait de la reine, très imposant par sa taille et sa qualité. Toutefois, à cause du costume on peut émettre des doutes quant à une datation 1547-1559, dates de règne d'Henri II. Les larges revers de manche appartiennent bien à la mode de la cour d'Henri II (encore qu'ils disparaissent peu à peu à cette époque), mais la collerette godronnée que la reine porte sur ses épaules, ne semble apparaître dans cette forme qu'à partir de la seconde moitié des années 1570. Serait-ce une retouche tardive ou la copie d'un portrait plus ancien réinterprété1 ?
Source : Rmn (Florence, palais Pitti)
A noter qu'il existe au château de Chaumont-sur-Loire, une copie du tableau du palais Pitti, ci-contre (XIXe siècle ?).
Portrait de Catherine de Médicis en blonde et dans un costume d'époque Henri III
Si la reine s'habilla toujours de façon austère après la mort de son époux, certains portraits la représentent parfois dans un costume plus moderne. C'est le cas de cette miniature où la reine apparaît en blonde.
Le visage de la reine correspond à celui de la jeune femme mariée visible sur la miniature du Victoria and Albert museum, mais le costume appartient à une autre époque. C'est celui que portent les dames de la cour d'Henri III dans le tournant des années 1570-80, soit un costume que Catherine n'a surement jamais porté.
L'anachronisme du costume, la profondeur du décolleté et la singularité de sa coloration témoignent d'une coquetterie qui paraît inhabituelle pour nous qui sommes habitués aux portraits sombres de la reine.
Il faut également noter la présence sur le collier et le buste, du monogramme emblématique de Catherine ; le H et le C entrelacé, symbole de l'amour de la reine pour Henri.
Source : exposition Caterina e Maria de' Medici, donne al potere (Florence, palais Pitti)
Il existe un autre exemple de représentation de Catherine dans un costume qu'elle n'a jamais porté, c'est celui d'une sculpture inédite de la reine, réalisée par Germain Pilon.
Notes
1. Voir également A. Zvereva, « Tout beau, tout esclatant, tout brave, tout superbe » in La revue de l'art, Costume de cour au XVIe siècle, n°174, 2011, p.34
Article modifié en juillet 2012
La reine régente
Portrait de Catherine de Médicis réalisé vers 1560
Le 10 juillet 1559, Henri II meurt après avoir été blessé au cours d'un tournoi. Catherine de Médicis devient veuve et revêt les marques vestimentaires traditionnelles du deuil : le voile et la couleur noire. Heurtée par la mort d'un mari qu'elle aimait, elle decide de ne plus jamais les quitter.
Ce dessin qui marque l'une des étapes majeures de la vie de la reine est très important, car c'est celui qui va servir de modèle à la réalisation de son nouveau portrait officiel.
Source : Rmn (Paris, BnF) ; (Saint Petersbourg, musée de l'Ermitage) ; (Paris, BnF)
A la même époque, Antoine Caron dessine le portrait du couple royal. Il s'agit d'une ébauche pour la réalisation d'une tapisserie. Le dessin est remarquable. Son objet consiste à immortaliser l'alliance matrimoniale de la reine avec Henri II et de légitimer sa présence au sein de la famille royale (voir un commentaire intéressant sur le site du Louvre).
Les portraits du couple royal Henri II-Catherine de Médicis sont inexistants. Comme le dessin de Caron, ils sont généralement posthumes (voir le portrait d'Anet).
Source: Rmn (Paris, musée du Louvre)
Portrait de Catherine de Médicis peint par François Clouet
A l'avènement de Charles IX, son fils âgé de dix ans, Catherine de Médicis prend le contrôle du gouvernement et se fait nommer régente de France.
Son portrait officiel, peint par François Clouet, est rapidement recopié et diffusé aux quatre coins du royaume de France et d'Europe.
Source : (Paris, musée Carnavalet)
Source des images : Drouot ; Musée Midi-Pyrénées (musée de Cahors Henri-Martin) ; Rmn (Chantilly musée Condé) ; Bridegman art library (Château de Chaumont sur Loire) ; Agence photographique de la Rmn (Chantilly musée Condé)
Kunsthistorisches museum ; Kunsthistorisches museum ; ? Agence photographique de la Rmn (Chantilly musée Condé) ; Alaintruong.com (Aguttes 2007) ; Agence photographique de la rmn (Chantilly musée Condé) ; (Angers, musée des Beaux-arts) ; Agence photographique de la RMN (Pau, musée national du château) ;
Catherine de Médicis en prière devant son oratoire
Il s'agit d'une très jolie petite scène, réalisée en émail sur un triptyque en cuir qui contient d'autres plaques historiées en émail.
Source : Rmn (Ecouen, musée de la Renaissance)
Portraits de Catherine de Médicis et de ses enfants vers 1564
Après un an de guerre civile (1562-1563), Catherine de Médicis entend rétablir la paix et l'autorité royale. En 1564, elle organise dans les jardins du château de Fontainebleau une magnifique fête au cours de laquelle ses enfants se mettent en scène dans un spectacle qui célèbre la victoire de la paix et de la prospérité. Couronnés par des feux d'artifice et encadrés par des figures de fantaisie, le petit roi, sa soeur et ses frères se présentent comme l'espoir d'un pays en quête de réconciliation.
Les grandioses fêtes de Fontainebleau marquent l'ouverture du grand tour de France que la famille royale entreprend pour ramener la paix dans les coins les plus reculés du pays. Catherine espère renforcer le lien qui unit le roi à ses sujets.
Ce tableau est comme une synthèse de la politique de la reine-mère : montrer aux français, les petits princes des fleurs de lys, garant de la paix du pays et de son bonheur.
Source : L. Dimier, Histoire de la peinture de portrait en France au XVIe siècle, G. Van Oest, 1924
La reine-mère
Portrait en médaillon de Catherine de Médicis réalisé par Germain Pilon vers 1573-1575
Le portrait est assez peu flatteur et ne reflète pas l'optimisme coutumier de Catherine de Médicis, quoiqu'en berne depuis la reprise des hostilités en 1567 et 1568.
Les Français n'ont pas saisi l'occasion que la régente leur a donné pour se réconcilier. Contrainte d'abandonner sa politique de concorde, Catherine de Médicis dut se rabattre sur une politique plus violente et radicale. Ce fut le massacre de la Saint-Barthélemy, un évènement imprévisible, mais impardonnable. Une vague sans précédent de pamphlets, d'écrits haineux et de menaces de mort allait s'abattre sur la reine. Pour la reine, les années 1570 constituent la période la plus difficile de sa vie, la plus contestable aussi.
Source de l'image : Agence photographique de la Rmn (Paris, musée du Louvre)
Portrait de Catherine de Médicis réalisé à partir des années 1570
Le modèle reste le dessin de Clouet, mais l'habit a été mis à la mode du temps. La reine porte une fraise complète qui fait le tour du cou, et qu'il cache de toute sa hauteur.
Source de l'image : (Bâle, Kunstmuseum)
Portrait gravé par Jerôme Wierix à partir d'une oeuvre du peintre Marc Duval1 réalisée en 1579
C'est une estampe de très belle exécution qui représente la reine à mi-corps, sur un fond de paysage et de colonnes antiques, les mains posées sur un livre.
L'image renouvelle le portrait de la reine, en adaptant son costume aux tendances des années 1570 : la collerette godronnée est plus large et épaisse, les manches sont en gigot et sous l'influence du maniérisme et de la mode en vogue, le voile de la reine devient une conque formant au dessus des épaules, un arc de cercle qui donne l'aspect d'une voile de bateau soufflée par la brise.
Le portrait donne une image paisible de la reine. Il tranche avec le désarroi qui l'habite au milieu de la décennie (recrudescence de la guerre civile, attaque virulente des pamphlets contre sa personne, décès de son fils Charles et de sa fille la duchesse de Lorraine, changement de roi, changement de gouvernement et de méthode de gouvernement, apparition d'une nouvelle reine en la personne de Louise de Lorraine et nouvelle redistribution à son désavantage des postes de la cour).
Source : (Londres, British museum) ou (Paris, BnF)
Le portrait a servi de modèle à plusieurs graveurs dont Rabel et Thomas de Leu (ci-contre) et à la tapisserie des Valois (ci-dessous).
Source : Gallica (Paris, BnF) ; Gallica (Paris, BnF) ; A. Jouanna (et al.), Histoire et dictionnaire des guerres de religion, R. Laffont, 1998, p.133(Paris, BnF)
Portrait de Catherine de Médicis sur l'une des tapisseries des Valois.
La reine-mère est représentée accompagnée de sa fille Marguerite et de son gendre le roi de Navarre, Henri de Bourbon, chef protestant et futur roi Henri IV.
Les personnages sont représentés en pied sur une tapisserie représentant le spectacle d'une bataille comme il s'en faisait souvent à la cour.
Comme chacun sait, le mariage de Marguerite et de Navarre, symbole de la réconciliation entre catholiques et protestants fut terni par le bain de sang de la Saint-Barthélemy (1572). Le roi de Navarre fut contraint de revenir à la religion catholique et resta à la cour en surveillance durant trois ans.
Navarre vivait avec sa belle-mère en bonne intelligence. Chaque matin, il assistait à son lever et l'accompagnait ensuite parfois dans les différents moments de la journée. Leurs relations étaient ambigues. Navarre craignait l'emprise de sa belle-mère sur son jeune esprit et Catherine craignait de voir ce prince s'enfuir de la cour et rallumer le flambeau de la guerre, ce qu'elle voulait éviter à tout prix. Dans une monarchie encore fragilisée par les potentats locaux hérités de la société féodale, Navarre était pour la royauté française un frondeur potentiel qu'il fallait maîtriser.
La division politique de la cour obligeait Navarre à prendre parti du côté des Malcontents (contre Catherine et le roi de Pologne, devenu ensuite Henri III) et à la fin de l'été 1576, il parvint à s'enfuir de la cour. Dès lors, Catherine ne cessera de chercher à le faire revenir.
En 1578, elle entame un voyage à Nérac, sa capitale, où elle entend lui rappeler ses devoirs familiaux et conjugaux. Elle réussit - temporairement pour quelques années- à le réconcilier avec son épouse Marguerite (avec qui il s'était fâché). Les retrouvailles se font autour de somptueuses festivités. Selon toute vraisemblance, le portrait de groupe représenté sur cette tapisserie, illustre cette réconciliation familiale. Catherine parvient même à convaincre Navarre de revenir à la cour, du moins le croît-elle. Les vicissitudes de la vie politique, l'inconstance du roi et ses divergences de vue avec sa belle-mère auront raison de ses promesses. Par la suite, leurs relations ne feront que se détériorer. Catherine reverra son gendre encore deux fois ; en 1582 et en 1586.
Dans les tapisseries des Valois, Catherine de Médicis apparaît à plusieurs reprises en arrière plan, dans le décor.
Dans la tapisserie du Voyage, elle est représentée en train de voyager dans sa litière, accompagnée d'une suite impressionnante. Catherine de Médicis était une grande voyageuse. Toujours accompagnée de ses dames et ses filles et se transportant toujours en litière, elle n'hésitait pas à se porter au devant de ses ennemis pour négocier la paix.
Elle est également représentée entourée de sa cour dans la tapisserie des ambassadeurs polonais qui illustre la fête donnée en 1573 au jardin des Tuileries à l'occasion de la venue très remarquée de ces émissaires. Source : Scala archives (Florence, musée des Office
Source : Wikimediacommons (Florence, musée des Offices)
Notes
1. Voir la notice biographique rédigée par A. Zvereva.
Article modifié en août 2012
Article modifié en août 2012
Derniers portraits
Portrait de Catherine de Médicis sous le règne d'Henri III
Source de l'image et localisation de l'oeuvre : Florence Gétreau, Musée Jacquemart-André, peintures et dessins de l'école française, Paris, Institut de France, Michel de Maule, 2011 (Paris, musée Jacquemart-André)
Sous le règne d'Henri III, les portraits de la reine la représentent avec un petit col blanc. L'époque de la fraise est finie. Conformément à la mode en vogue, elle porte un voile non seulement en forme de conque, mais aussi avec une pointe sur le front qui est de plus en plus accentuée1.
La volonté d'Henri III de gouverner par lui-même amène Catherine à changer ses habitudes de gouvernement. La reine-mère conserve sa place au sein du Conseil royal mais n'a désormais plus la main ; la conduite du royaume revient directement au roi.
Pourtant, Catherine demeure aussi active que sous Charles IX. Elle garde encore une influence importante sur l'action politique du gouvernement et c'est elle qui mène les négociations et effectue les déplacements quand il s'agit de ramener la paix dans la province agitée.
Si elle a quitté le Louvre pour son hôtel particulier dans le quartier des halles, elle continue de fréquenter la cour du roi. C'est ce dont témoignent les deux fameuses scènes de bals à la cour des Valois.
La reine-mère est assise entre le roi et la reine. Elle est représentée en train de s'adresser au roi, signe de la place prépondérante qu'elle conserve encore à la cou dans les années 1580. Henri de Lorraine, duc de Guise se tient debout derrière elle, la main appuyée sur sa chaise.
Source de l'image et localisation de l'oeuvre : (Versailles, collection du château) ; (et copie à Paris, musée du Louvre)
Branle à la cour d'Henri III conservé au musée du Louvre
Source de l'image et localisation de l'oeuvre : (Paris, musée du Louvre)
Comme dans le portrait précèdent, Catherine est représentée en train de s'adresser au roi, la main tendue, comme si elle lui donnait un conseil. Le duc de Guise se tient toujours derrière elle (à droite).
Derrière elle (à sa gauche sur le tableau), se tient sa petite-fille Christine de Lorraine. Catherine l'avait prise sous son aile dans son hôtel particulier et assurait son éducation auprès d'elle. Dans ses derniers jours, elle devait en faire son héritière et lui léguer la plus grande partie de ses oeuvres d'art.
Source de l'image et localisation de l'oeuvre :Agence photographique de la Rmn (Paris, musée du Louvre)
Buste en bronze de Catherine de Médicis exécuté par Germain Pilon vers 1583 et aujourd'hui conservé dans les collections royales britanniques 2, 3.
Ce portrait est tout à fait inhabituel puisqu'il représente la reine en tenue de sacre. Sa singularité est que la reine porte un décolleté qu'elle n'a plus porté depuis la mort de son mari. Elle porte également des épaulettes de grande taille comme ils étaient de mode vers 1580 (Cf. le portrait de la reine Louise de Houston). Il s'agit donc d'un habit de composition que la reine n'a jamais revêtu.
C'est un bronze imposant, commandé sous le règne d'Henri III. Son commanditaire n'est pas connu, mais s'il appartenait à la reine, il était probablement exposé dans son hôtel particulier à Paris. L'étude de son inventaire après-décès montre que Catherine possédait plusieurs bustes représentant les membres de la famille royale. Ils étaient peut-être exposés dans la grande galerie du palais où tronaient déja les peintures d'apparat de la famille. Ecrin de ses riches collections, l'hôtel parisien de Catherine avait des allures de musée ; la reine en faisait la visite à ses visiteurs les plus illustres (princes, ambassadeurs, ...). Il fonctionnait aussi comme un mémorial, ou une vitrine à la gloire des Valois.
Le buste n'est pas sans lien avec le projet de monument funéraire que la reine avait commandé à la basilique de Saint-Denis, nécropole des rois de France. Pour son tombeau, Germain Pilon avait produit un gisant similaire représentant la reine en costume de sacre.
Source de l'image et localisation : Royal collection (Palace of Holyroodhouse, Royaume-Uni) ; Agence photographique de la Rmn (Basilique de Saint-Denis)
Portrait de Catherine de Médicis à soixante ans passés
Il s'agit d'un très beau portrait de la reine sexagénaire. Son visage bouffi est marqué par la fatigue. Catherine de Médicis est entrée dans une nouvelle période, la dernière de sa vie.
Malgré son âge avancé, Catherine continue de voyager à travers le royaume pour maintenir la paix.
En 1585, elle court après le duc de Guise qui tente de soulever la France catholique. Elle le poursuit de ville en ville dans l'est du royaume, mais le duc de Guise la fuit et la mène par le bout du nez.
En 1586, on la voit encore en train de courir, mais cette fois, dans l'ouest après le roi de Navarre. Lui aussi l'a fait tourner en bourrique. Il la fait attendre plusieurs semaines avant de la rencontrer et elle manque à plusieurs reprises de se faire enlever par les protestants. Lors des négociations de Saint-Brice, la reine-mère aura beau faire remarquer à son gendre, son âge avancé et se plaindre de ne jamais connaître le repos, le futur Henri IV lui répondra que c'est justement cette activité qui la maintient en vie.
Ce portrait est reproduit dans le livre d'heures de la reine (ci-contre à gauche). On le retrouve également sur un tableau conservé à Florence (ci-contre à droite).
Source : (Baltimore, The Walters art museum)
Source : Polo museale (Florence)
Dernier portrait de Catherine de Médicis, avant sa mort le 5 janvier 1589
Ce dessin est le dernier portrait officiel de Catherine de Médicis.
A 69 ans, Catherine décide d'affronter personnellement l'insurrection parisienne. Elle se rend à pied au bas de la barricade qui lui barre la route. Les révoltés veulent l'empêcher de se rendre à l'hôtel de Guise, mais la reine n'a pas froid aux yeux ; elle hausse le ton et impose sa volonté. Devant cette femme remplie de volonté qui a fait plier tant de rudes militaires, devant cet esprit exceptionnel qui a su dominer toutes les passions, les insurgés finissent par céder et lui ouvrir le passage. La voici qui se fraie un chemin à travers les barricades... au milieu du peuple.
Pour Catherine, c'est une déchéance. Elle avait connu sous le règne de son époux, une monarchie autoritaire nimbée d'un éclat sans pareil, admirée de toutes les cours d'Europe. Après la mort d'Henri, elle avait tenté de maintenir cet éclat. Mais la-voici maintenant qui monte sur les barricades et qui marche.. à pied, entourée d'une foule inamicale,...
La journée des barricades est l'un des derniers grands moments historiques vécus par Catherine. Elle suit ensuite la cour à Blois où souffrante, elle s'alite. L'assassinat du duc de Guise ne fait que hâter sa mort..
La mise à mort du duc de Guise entraîne surtout une immense vague de haine contre le dernier Valois. La rupture avec le peuple est totale. La reine Catherine n'aura pas de funérailles dignes de son rang.
Lorsque les prêcheurs annoncent sa mort au peuple, ils ne savent pas s'ils doivent la louer ou la blamer. N'a t-elle pas pactisé par le passé avec les protestants ? Du côté protestant, on est moins hésitant ; n'est-elle pas responsable de la Saint-Barthélemy ?
Son combat pour la paix sera finalement vite oubliée. Son mausolée, laissé à l'abandon, sera détruit au XVIIe siècle..
Source : (Paris, BnF) ; Source : (Paris, musée du Louvre)
Source des images : Mercier (Vente de mai 2019, Lille) ; Rmn (Paris, musée du Louvre) ; Source : Polo museale fiorentino ; Source : Art Bridgeman (Le Mans, musée de Tesse) ; Source : Scala archives (Villa Medicis)
Source : (Kunsthistorisches museum) ; (Kunsthistorisches museum) ; (BnF)
Article modifié en août 2012 et mai 2018
Notes
1. Si le costume appartient à celui du règne d'Henri III, le visage reprend le dessin de la BnF de 1560. Sur l'origine et la datation du tableau voir Florence Gétreau, Musée Jacquemart-André, peintures et dessins de l'école française, Paris, Institut de France, Michel de Maule, 2011, p. 60-61.
2. Jonathan Marsden dans The Burlington Magazine, n°1245, volume CXLVIII, décembre 2006.
3. Geneviève Bresc-Bautier proprose d'attribuer le buste à Mathieu Jacquet, élève de Germain Pilon. Voir Geneviève Bresc-Bautier, "Quelques interrogations sur les commandes funéraires de Catherine de Médicis", in Guillaume Fonkenell, Caroline zum Kolk (dir.), Catherine de Médicis (1519-1589) : politique et art dans la France de la Renaissance, Paris, Le Passage, 2022.
Article modifé en juillet 2012
Portrait de Catherine de Médicis en clarisse
Il s'agit d'une miniature du livre d'heures de la reine. L'époque est à la Contre-Réforme : les années 1580 marquent chez les catholiques français l'amorce d'un renouvellement spirituel très important. Dans tout le royaume, les confréries de dévotion et les communautés monastiques se multiplient. De nouvelles formes de ferveur font leur apparition.
Pour paraître revêtue de cette façon sur son livre d'heures, on peut se demander si, à la fin de sa vie, Catherine de Médicis avait noué des liens avec l'ordre des clarisses ? Un rapprochement semblable se retrouve chez l'infante Isabelle la petite-fille de Catherine de Médicis. Après la mort de l'archiduc Albert, elle avait rejoint l'ordre des clarisses. Un tableau la représente en tenue de religieuse ; il s'agit de la même tenue que celle portée par Catherine sur la miniature.
Son visage, celui d'une très vieille femme, semble reprendre le modèle de la peinture de Baltimore. La miniature a probablement été peinte à la fin des années 1580, dans les derniers mois de la vie de la reine.
Article modifié en août 2012
Petite vidéo de ma fabrication sur Catherine de Medicis. Il s'agissait juste de voir ce que cela pouvait donner.
Voici une autre vidéo sur Catherine de Medicis. Elle a été postée par Fatem sur dailymotion. Il n'y a pas mal d'erreur d'interprétation, mais c'est rudement bien fait.
Catherine de Médicis
envoyé par fatem_83