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Les Derniers Valois

4 mai 2007

Christine de Lorraine (1565-1637)


Christine de Lorraine, British museumChristine de Lorraine dans le livre d'heures de Catherine de MédicisPortrait de Christine de Lorraine

Christine est la fille de la duchesse de Lorraine Claude de France. A la mort de sa mère en 1575, elle est placée sous la tutelle de sa grand-mère Catherine de Médicis qui éprouvait pour elle beaucoup d'attachement. Christine grandit donc à la cour de France auprès de sa grand-mère qui l'élève.

Le portrait de la jeune fille réalisé  au début des années 1570 a été repris dans le livre d'heures de Catherine de Médicis.

Source : (Londres, British museum)

Source : (Paris, BnF)

Si la présence de Christine dans le livre d'heures de sa grand-mère révèle la proximité de ses liens avec elle, deux autres petites-filles de la reine-mère y sont également représentées. Il s'agit des deux petites infantes, Isabelle et Catherine qu'Elisabeth de France a eu de son mari Philippe II d'Espagne.

L'infante CatherineL'infante IsabellePortrait de l'infante Isabelle Claire Eugénie (à droite) et de l'infante Catherine Michelle (à gauche) dans le livres d'heures de Catherine de Médicis

La reine d'Espagne était morte en 1568 en laissant deux enfants en bas âge. Malgré la distance qui la séparait d'elles, Catherine de Médicis s'était toujours souciée de la santé de ses deux  petites-filles. N'ayant jamais eu l'occasion de les rencontrer, elle se faisait envoyer leurs portraits.

Après s'être portée candidate au trône de France en 1593, Isabelle gouvernera avec beaucoup de bon sens les Pays-Bas méridionaux (ancienne Belgique). Sa soeur Catherine deviendra duchesse de Savoie.

Source : (Paris, BnF) Source : (Paris, BnF)

 

Christine de LorrainePortrait de Christine de Lorraine par Thomas de Leu

Plusieurs gravures témoignent de l'importance de cette princesse et de sa présence à la cour d'Henri III. On la désignait alors sous l'appellation de "princesse de Lorraine" (il ne faut pas la confondre avec la duchesse de Joyeuse, sa cousine, elle aussi, princesse de Lorraine ; c'est une erreur d'identification qu'on retrouve souvent).

SLa princesse de Lorraineource des images : (Londres, British museum) ; (Vienne, Osterreichische bibliothek)

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Christine_Bal_des_nocesOn retrouve Christine de Lorraine dans le tableau du Bal des noces du duc de Joyeuse (1581).

A cette époque, Christine est déjà représentée malgré ses 16 ans comme une femme de la cour de France, avec les cheveux relevés à la mode du temps, la grande fraise godronnée, les manches ballonnées et le fameux vertugadin en bourrelet qui donne du volume à la robe.

Elle est accompagnée du duc de Mercoeur, son cousin (et aussi le demi-frère de la reine Louise).

Source des images : (Versailles, musée du château)

 

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Henri III, Christine de Lorraine et Catherine de Médicis, détail du Bal à la cour de Henri IIIOn retrouve également Christine sur le tableau du Bal à la cour des Valois (1582).

Elle est placée derrière le roi son oncle et la reine-mère sa grand-mère.

Malgré son apparence banale et du fait de son sang royal, la main de Christine fut très demandée. Après 1585, la duchesse de Nemours, Anne d'Este pensait la marier à l'un de ses fils. Le refus de Catherine, contribua à renforcer le fossé entre les Guise et la famille royale.

Source : Marilena Ferrari (Paris, musée du Louvre)

 

Christine de Lorraine, galerie des OfficesChristine de Lorraine, musée CondéPortrait de Christine de Lorraine

Le portrait représente probablement  la princesse au moment de son mariage en 1589. (On admirera la beauté du costume, ultime stade de la mode du règne d'Henri III).

Le départ de Christine pour l'Italie où elle doit épouser le duc de Toscane se déroule dans la tristesse. Quelques jours plus tôt, le 5 janvier 1589, sa grand-mère venait de mourir. Christine quitte un royaume divisé. La plus grande partie de la France est contrôlée par la Ligue et le roi son oncle est en passe d'être destitué de son trône. C'est la fin des Valois.

Source : Rmn (Chantilly, musée Condé)  Rmn (Florence, galerie des Offices)

 

 

Pulzone_Christine_Artcurial_2023Portrait de Christine de Lorraine d'après Scipione Pulzone

Le portrait représente la grande duchesse de Toscane dans une mode qui est celle de l'Italie. La différence la plus marquante avec la mode française est l'absence de vertugadin à bourrelet.

 

 CHristine_de_Lorraine_CambiSource de l'image : Artcurial (Vente du 7 février 2023) ; Cambi (Vente du 15 juin 2022, à Gênes)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ecole_francaise_Christine_Tochter Karls III_Alte Pinakothek München

Portrait de Christine de Lorraine vers 1600

Source de l'image : Sammlung (Munich, Alte Pinakothek)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Christine_di_Lorena - CopiePortrait de Christine de Lorraine par Tiberio Titi

Source de l'image : Beni Culturali (Florence, Palais Pitti)

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4 mai 2007

Marie-Elisabeth de France (1572-1578)


Marie-Elisabeth de France, BnFPortrait au crayon de Marie-Élisabeth de France, conservé à la Bibliothèque nationale de France (BnF).

Source : (Paris, BnF)

Marie-Élisabeth est la fille du roi Charles IX et de son épouse Élisabeth d'Autriche, née deux mois après le massacre de la Saint-Barthélemy, le 27 octobre 1572. Elle a pour marraine, la reine Elisabeth d'Angleterre.

Marie-Élisabeth n'a pas deux ans quand son père meurt. Elle est elevée au château d'Amboise avec son demi-frère, le bâtard d'Angoulême.  Sa grand-mère Catherine qui assurait son éducation, l'appréciait pour son intelligence. Malheureusement, le destin voulut qu'elle meurt à l'âge de six ans.

Il existe deux portraits d'elle. Le premier se trouve à la BnF. C'est à tort que certains y voient la petite Marguerite, future reine de Navarre, car la coiffure que porte la jeune fille appartient à la mode des années 1570. Quant à ses traits, on reconnaît ceux de sa mère Elisabeth, à qui Marie-Elisabeth ressemble comme deux gouttes d'eau. C'est donc une erreur de la BnF que d'identifier ce portrait comme étant Marguerite de France.

 

Marie-Elisabeth, Kunshistorisches museumPortrait peint de Marie-Élisabeth de France, conservé à Vienne au Kunsthistorisches museum.

Source : (Vienne, Kunsthistorisches Museum)

 

Sur le portrait peint de Marie-Elisabeth, l'identification traditionnelle y voit la soeur de François Ier, Marguerite de France, reine de Navarre, ce qui est encore moins crédible que l'identification proposée pour le portrait précédent.

Sur ce portrait la ressemblance avec la reine Elisabeth est édifiante. Cette jeune fille ne peut être que sa fille Marie-Elisabeth. Il n'y a aucun doute là-dessus.

4 mai 2007

Les jumelles Jeanne et Victoire (1556)


Les jumelles Jeanne et Victoire, extrait du livre d'heures de Catherine de Médicis, BnF

Jeanne et Victoire sont les deux derniers enfants d'Henri II et de Catherine de Médicis. Elles sont nées à Fontainebleau le 24 juin 1556. L'accouchement fut un drame, car les jumelles étaient coincées et la sage femme ne parvenait pas à les faire sortir. La petite Jeanne fut sacrifiée et mourut le jour même, mais Victoire ne survécut pas longtemps à sa soeur. Elle décéda presque deux mois plus tard au château d'Amboise.

La seule représentation qu'on a d'elles, est la miniature du livre d'heures de Catherine de Médicis. Elles sont représentées côte à côte, emmaillotées et placées sur un coussin.

Louis et les jumelles Jeanne et Victoire dans le livre d'heures de Catherine de Médicis, BnFAu premier plan de la miniature, un petit prince est représenté les mains jointes en prière. La BnF indique qu'il s'agit du futur Charles IX, mais il s'agit probablement de Louis, né en 1549 et mort en 1550, l'autre enfant de Catherine qui n'a pas survécu.

Source : (Paris, Bnf)

4 mai 2007

Portrait d'Elisabeth de France attribué à

Elisabeth de FrancePortrait d'Elisabeth de France attribué à Sofonisba Anguissola, et conservé au musée du Prado.

ZOOM du portrait sur le site du Prado

Sofonisba Anguissola est une artiste italienne invitée par la cour d'Espagne pour servir la nouvelle reine. Elle avait débarqué en Espagne à la même époque qu'Elisabeth et avait été rattachée à sa maison comme dame d'honneur. Leur jeune âge et leur gout commun pour les arts les rapprochèrent ; Sofonisba devint une intime de la reine. Elle lui l'apprenait l'art de dessiner et passait des heures en sa compagnie.

Sofonisba a réalisé plusieurs portraits de la reine d'Espagne mais très peu nous sont parvenus à cause des incendies qui ont ravagé les palais royaux d'Espagne aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Sur ce portrait la reine est revêtue d'un costume espagnol : elle porte une robe un corselet austère de couleur sombre avec de grandes manches pendantes.

miniature de Philippe II Lorsqu'Elisabeth est arrivée en Espagne, elle était accompagnée d'un personnel français et des vêtements de son pays d'origine. Mais petit à petit, Philippe II est parvenu restreindre cette suite, à l'espagnoliser et à faire adopter à son épouse la mode de sa cour. Pour Phillippe II, il fallait qu'Elisabeth n'apparaisse plus comme une fille de France, mais comme la reine d'Espagne.

Elisabeth KHMLa comparaison entre les deux portraits, celui du Prado et celui du Kunsthistorisches museum illustre bien les différences existant entre les deux modes. Sur le portrait, la reine tient dans sa main droite le portrait en miniature de son époux.

Il existe de ce portrait plusieurs répliques.

Source : (Madrid, musée du Prado)

Source : (Vienne Kunsthistorisches museum) 

 

 

Musée de tolédePortrait d'Elisabeth de France, reine d'Espagne conservé au musée d'art de Toledo aux Etats-Unis.

Source : (The Toledo museum of art)

La reine est habillée dans un costume espagnol, c'est la raison pour laquelle, il est difficile de voir dans ce portrait, une oeuvre de François Clouet comme il est traditionnellement identifié dans les catalogues1.

D'autant qu'au vu de la taille de la fraise, le costume appartient clairement à la mode des années 1560. Il n'est pas sans rappeler le costume peint par Anguissola dans le portrait du Prado, tandis que l'ostentatoire croix espagnole rappelle celle que la reine porte sur le portrait de Moro.

 

 

 

 

Elisabeth de France (château de Versailles)Elisabeth de France, fille de Henri II et Catherine de MédicisLa peinture de Toledo peut être rapprochée de deux portraits conservés en France, l'un au Louvre, l'autre à Versailles (ci-dessous). Le costume, le cadrage et la pose sont les mêmes.

Source : Agence photographique de la Rmn (Paris, musée du Louvre) ; Agence photographique de la Rmn (Versailles, chateau)

 

 

 

Elisabeth par Juan Pantoja de la CruzPortrait d'Elisabeth de France, reine d'Espagne, peint en 1605 par Pentoja de la Cruz d'après une peinture originale de Sofonisba Anguissola, et aujourd'hui conservé au musée du Prado.

Sur ce portrait, la reine Elisabeth porte une robe austère propre à la mode espagnole.

Catherine de Médicis entretenait une relation épistolaire très régulière avec sa fille. Depuis la France, elle se tenait au courant de sa vie quotidienne et envoyait par lettres ses conseils pour régler les petits drames de la cour ; des petites maladies de la reine, les querelles de ses filles d'honneur, et ses relations avec le roi.

Les deux femmes ne se revirent qu'une seule fois. Ce fut en 1565, lors de l'entrevue de Bayonne. Au moment des retrouvailles, Catherine et sa fille n'avaient pu retenir leurs larmes. Sous le regard des deux cours royales et des deux armées assemblées sous un climat caniculaire, le long de la Bidossoa, leur étreinte fut longue. Toutefois, dans les jours qui suivirent, Catherine allait constater et regretter au cours des négociations et des festivités combien sa fille était maintenant devenue "espagnole".

Source et localisation de l'image : Wikimedia commons (Madrid, musée du Prado) ; Voir également Dorotheum (Vente du 3 mai 2023, Vienne)

Philippe II et Elisabeth dans le livre d'heures de Catherine de Médicis, BnFLe portrait du Prado a servi de modèle pour le portrait peint en miniature dans le livre d'heures de Catherine de Médicis aujourd'hui conservé à la Bibliothèque nationale de France (ci-contre) ; Elisabeth y est représentée en buste avec son époux, le roi d'Espagne, tous les deux, les mains jointes et la tête couronnée.

Il s'agit d'un portrait posthume peint dans les années 1570 à l'usage privée de la reine Catherine. Avec son vêtement de couleur bleue parsemé de fleur de lys d'or, Elisabeth apparaît moins comme une reine d'Espagne que comme une fille de France (ci-contre).

Le couple royal espagnol avait eu deux filles : Isabelle Claire Eugenie et Catherine Michelle.

Source (Paris, BnF) ;


 

1. Voir la notice de description sur le site du musée http://classes.toledomuseum.org:8080/emuseum/

Mise à jour du 30 juillet 2015

 

 

4 mai 2007

Portrait d'Elisabeth de France, reine d'Espagne

Isabella von Valois (Kunsthistorisches museum)Portrait d'Elisabeth de France, reine d'Espagne peint vers 1560 par le peintre espagnol Alonso Sánchez Coello et aujourd'hui conservé au Kunsthistorisches museum.

Source : (Vienne, Kunsthistorisches museum)

Il s'agit du premier portrait officiel de la princesse Elisabeth en tant que reine d'Espagne. Il a été réalisé par Coello, le peintre officiel de Philippe II, probablement après l'arrivée de la reine à la cour en 1560.

C'est un portrait exceptionnel car il représente une princesse française dans un cadrage en pied. C'est un format de représentation plutôt rare en France à cette époque. De fait, grâce à l'expatriation de la princesse Elisabeth et à ses peintres espagnols, nous avons d'elle plusieurs portraits de grande taille. Ce n'est pas le cas de ses soeurs restés en France, qui n'ont pour cette époque que des portraits en buste. 

La robe que la reine arbore appartient encore à la mode française ; cela se remarque par la présence et la forme du décolleté, le port d'une guimpe sur la poitrine et la forme arrondie des petites épaulettes. La reine était venue en Espagne avec sa propre garde-robe et s'il faut en croire l'embarras des Espagnols, elle était très impressionnante. Le transfert vers l'Espagne de tous ses coffres, malles et bagages et ceux de sa suite s'avéra des plus compliqués à organiser, en particulier lorsqu'il fallut traverser les Pyrénées enneigés. Plusieurs équipages tombèrent dans un précipice. 

Sur le costume français de la reine d'Espagne, je recommande l'article de Sylvène Édouard, Le costume d’Élisabeth de Valois, reine d’Espagne, vers 1560, Paris, Cour de France.fr, 2012 (http://cour-de-france.fr/article2178.html). Article mis en ligne le 1er janvier 2012.

 

Elisabeth par Moro (collection privée)Portrait de la reine Elisabeth peint vers 1560 par Antonio Moro et aujourd'hui conservé dans une collection particulière.

Source : Oronoz Fotografos (Madrid, collection Varez Fisa)

Le portrait aurait été fait peu de temps après l'arrivée de la princesse en Espagne. Son auteur est le peintre flamand Antonio Moro qui avait été introduit à la cour par le cardinal de Granvelle et qui avait suivi le roi dans son voyage de retour en Espagne.

Sur ce portrait, la nouvelle reine est représentée revêtue d'un costume espagnol. La comparaison avec le portrait précédent permet de bien saisir les différences vestimentaires : le décolleté carré et les épaulettes rondes à la française ont disparu ; à la place, la reine d'Espagne porte de grandes manches pendantes, caractéristiques de la mode espagnole.

Ce portrait montre que malgré sa garde-robe française, la reine s'est également adaptée à la mode de son nouveau pays. Il confirme également la richesse vestimentaire de la jeune princesse. Le déploiement de luxe de la maison de la reine avait d'ailleurs surpris l'austère cour d'Espagne. Il se raconte qu'Elisabeth ne portait jamais deux fois la même robe.

De tous les portraits de la reine, c'est celui de Moro qui a eu le plus de postérité. Il a été recopié à de multiples reprises et à commencer par son propre élève, Alonso Sanchez Coello (ci-dessous).

Elisabeth par Coello - collection privée Portrait de la reine Elisabeth peint par Coello d'après l'oeuvre d'Antonio Moro.

Source : Musée Bilbao (Madrid, collection Varez Fisa)

Les portraits de Moro et de Coello sont très proches, au point que pendant longtemps ils ont été confondus. De façon plus générale, l'attribution des portraits espagnols pour cette époque est une source de désaccords entre historiens de l'art, tant les oeuvres se ressemblent de prime abord. C'est pour cette raison que certains portraits de la reine Elisabeth peuvent être attribués à des artistes différents selon les livres.

En 2012, les deux portraits ont fait l'objet d'une exposition au musée Bilbao ; leur juxtaposition a permis de lever le doute, d'observer leurs différences et d'apprécier la supériorité du maître flamand.

Aujourd'hui, il existe des copies de l'oeuvre de Moro un peu partout. Le musée du Louvre possède d'ailleurs l'une de ces répliques (ci-dessous).

Elisabeth (musée du Louvre)Portrait de la reine Elisabeth conservé au musée du Louvre.

Source : Agence photographique de la RMN (Paris, musée du Louvre)

Le portrait que possède le Louvre serait peut-être un reste de la collection royale. Il a pu être envoyé par l'Espagne à Catherine de Médicis. L'échange de portraits entre les différentes cours d'Europe était monnaie courante au XVIe siècle. La reine Catherine en faisait une importante utilisation pour entretenir ses réseaux. 

Un portrait similaire à celui du Louvre existe à la galerie des offices de Florence (ci-dessous à gauche). Peut-être est-ce un cadeau adressé à la cour du grand-duc de Toscane.

Source : Bridgeman (Florence, galerie des Offices)

 

Elisabeth (galerie des Offices de Florence)Le portrait de Moro a été très diffusé au XVIe siècle. Il a ensuite été recopié à de nombreuses reprises et il en existe un si grand nombre de copies, qu'aujourd'hui, on en vend encore des répliques dans les ventes aux enchères de façon regulière.
La moitié des tableaux que je vous présente ci-dessous ont été vendus chez Christie's ou Sotheby's. Beaucoup d'entre eux sont de qualité médiocre. Le rendu est parfois si plat que le visage n'a plus grand chose à voir avec les traits d'Elisabeth (deuxième ligne de portraits ci-dessous). Et de fait, l'identification du portrait s'est perdue avec le temps. Certains d'entre eux sont encore accompagnés d'une fausse identification, d'autres sont qualifiés d'anonyme.

 Elisabeth (Christies - 2000, New York)Elisabeth (Fitzwilliam Museum)Elisabeth (Sothebys - 2005)Elisabeth (Christie's - 2011)Elisabeth (Leeds Museums and Art Galleries) Elisabeth (Christie's - 2001)

Elisabeth (Christie's - 2003)Elisabeth (Museo Lázaro Galdiano)

Elisabeth (Sotheby's - 2015) Elisabeth (musée des beaux-arts de Nantes)Elisabeth (Mutualart, sept. 2023)

 

 

Elisabeth (Sothebys - 2001)Source (1ère ligne) : Christie's (vente du 19 octobre 2000 à New York) ; (Cambridge, Fitzwilliam Museum) ; Sotheby's (vente du 27 janvier 2005 à New York) ; Christie's (vente du 8 juin 2011 à New York)Bridgeman (Leeds, museums and art galleries)

Source (2nde ligne) : Christie's (vente du 31 octobre 2001 à Londres) ; Christie's (vente du 6 mars 2003 à Londres sans identification) ; CeR.es (Museo Lázaro Galdiano) ; Sotheby's (vente du 4 juin 2015 à New York) ; Base Joconde (Nantes, musée des beaux-arts ; sans identification) ; Mutualart (vente de 2023).

Source (image ci-contre) : Sotheby's (vente du 30 octobre 2001 à New York sous le titre de duchess of Medina)

 

  Elisabeth par Pierre Noveliers - Christie's (2000)Elisabeth - musée LichtensteinPour intégrer l'oeuvre de Moro dans des galeries de portraits, l'image a été modernisée ou recadrée par des copistes du XVIIe siècle. C'est le cas des portraits ci-contre. Dans le premier, la reine a été représentée en pied, dans le second, le fond du décor a été modifié pour intégrer un paysage.

Source : Christie's (vente du 19 avril 2000 à Londres) ; Liechentenstein (The Princely collection) ; Bridgeman (Leeds, museums and art galleries)

 


 Mise à jour de l'article le 31 août 2015

 

 

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4 mai 2007

Elisabeth de France (1545-1568)


Portrait de la princesse Elisabeth dessiné et peint par François Clouet vers 1550 (miniature et dessin au crayon ci-dessous).

Source et localisation des images : The Royal Collection (Royaume-Uni) ; Base Joconde (Chantilly, musée Condé) 

Elisabeth de France (musée Condé)

Elisabeth de France (collection royale du Royaume-Uni)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Elisabeth est la fille aînée d'Henri II et de Catherine de Médicis. Elle est née en 1545 sous le règne de François Ie son grand-père. Henri, son père, héritier présomptif du trône de France, n'était encore que le Dauphin. Quelques mois auparavant, il avait subi à Boulogne-sur-Mer une défaite militaire assez amère face aux Anglais. Cet évènement avait accentué les tensions entre le roi et son fils. Henri lui succéda deux ans plus tard.

Sur le portrait de Clouet, Elisabeth est représentée à l'âge de cinq ans environ. Le crayon est aujourd'hui conservé au musée Condé à Chantilly1.

La miniature qu'en a tirée le maître est aujourd'hui conservée au château de Windsor dans les collections royales. Elle aurait été envoyée à la cour d'Angleterre à l'occasion des négociations pour le projet d'union entre la petite princesse et le jeune roi d'Edouard VI2. En 1549, Henri II avait mené une brillante campagne militaire pour reprendre Boulogne-sur-Mer aux Anglais. La revanche d'Henri II sur ces derniers avait été totale. Le traité d'Outreau signé l'année suivante consacrait la victoire française. Pour sceller la paix, il fut question de marier le jeune roi d'Angleterre, âgé de douze ans à la petite princesse Elisabeth, âgée de cinq ans. Le mariage ne se fit pas car le roi Edouard VI mourut trois ans plus tard en 1553.

Elisabeth de France (BnF)Il existe d'autres dessins de la jeune princesse à la Bibliothèque nationale de France, mais certains d'entre eux ne sont peut-être pas bien identifiés.

Source : (Paris, BnF)

 

 

 

Elisabeth de France, musée CondéPortrait de la princesse Elisabeth de France dessiné vers 1558 par François Clouet et aujourd'hui conservé au musée Condé à Chantilly.

Source : Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé)

Le dessin aurait été fait en 1558 à l'occasion du mariage du dauphin François, le frère aîné d'Elisabeth3. Il épousait la reine d'Ecosse Marie Stuart qui avait grandi à la cour de France aux côtés des princes de la maison de France. Marie et Elisabeth avaient même partagé leur chambre pendant l'enfance. Un an plus tard, ce fut au tour d'Elisabeth d'être mariée. Son promis était le roi Philippe II d'Espagne.

Elisabeth n'avait que 14 ans à l'époque. C'était une jeune adolescente ; mais à côté de son époux Philippe, elle paraissait une enfant ; le roi d'Espagne était un homme de 32 ans et s'était déja marié deux fois. Leur union était l'une des principales conséquences du traité du Cateau-Cambrésis qui mettait fin à l'interminable guerre entre la France et l'Espagne.

Le mariage fut célébré à Paris durant le mois de juin 1559. Il se fit par procuration car le roi d'Espagne avait refusé de se déplacer. Philippe II gardait une grande méfiance envers les Français, grands ennemis des Espagnols depuis plusieurs décennies. C'est le duc d'Albe, l'un des Grands d'Espagne qui le remplaça à Paris pendant les cérémonies protocolaires. Après trois ans de règne, Philippe II  n'avait toujours pas mis les pieds en Espagne ; il résidait dans le nord de l'Europe, supervisant depuis Bruxelles les opérations militaires et diplomatiques contre la France. Son mariage avec la fille de son ennemi, et l'instauration d'une paix durable en Europe allait lui pemettre de rentrer chez lui. Il n'est pas exagéré de dire que la paix du Cateau-Cambrésis est l'un des plus importants évènements de l'histoire - géopolitique - de l'Europe à la Renaissance. C'est pour cette nouvelle page d'histoire européenne, qu'Elisabeth reçut en retour le surnom d'Isabel de La Paz (Isabelle de la paix).

Elisabeth de Valois (Christie's)Le dessin de Clouet a fait l'objet d'une peinture qui a récemment été mis en vente chez Christie's (ci-contre à droite).

La peinture est inédite. Sa réapparition sur le marché de l'art, quatre ans après la vente, dans la même maison, du portrait de la duchesse de Berry par Clouet, montre qu'il existe encore des portraits inconnus des derniers Valois et qu'on peut s'attendre encore à de belles découvertes dans les années à venir.

L'historienne Alexandra Zvereva mentionne que peu de temps après la conclusion du traité de paix, Henri II avait fait parvenir à son futur gendre, le portrait d'Elisabeth, dans une peinture réalisée d'après le dessin de Clouet4. Peut-être y a t-il un lien entre ce portrait envoyé à Philippe II et ce tableau vendu chez Christie's ?!

Source : (Christie's, vente du 3 juin 2015 à New York)

C'est au cours des festivités organisées pour le mariage d'Elisabeth que le roi Henri II fut mortellement blessé par accident. Après cet évènement dramatique, la petite princesse resta encore plusieurs mois à la cour de France. Catherine de Médicis prétextait qu'Elisabeth n'était pas nubile pour garder auprès d'elle sa fille préférée. La petite reine d'Espagne ne quitta la cour de France qu'en novembre. La séparation avec sa mère et avec son amie la reine d'Ecosse se fit avec des pleurs déchirants.


1. Une copie existe à Chantilly mais elle date du XVIIIe siècle1. Alexandra ZVEREVA, Portraits dessinés de la cour des Valois. Les Clouet de Catherine de Médicis, Arthena, Paris, 2011, p. 300.

2. Ibid.

3. Ibid., p. 301.

4. Ibid.

Mise à jour de l'article le 30 août 2015.

4 mai 2007

Les portraits des princesses de France La famille

Les portraits des princesses de France

Princesse_de_FranceLa famille royale des Valois compte au XVIe siècle une quinzaine de princesses royales. Filles, petites-filles, soeurs, tantes et cousines d'Henri II, celles qui ont atteint leur majorité ont été mariées aux plus grands souverains d'Europe et ont contribué à faire des Valois une véritable famille européenne.

L'Ecosse, la Lorraine, la Navarre, l'Espagne, la Savoie, la Toscane, Ferrare et Parme ont tour à tour accueilli l'une de ces princesses.

La plus célèbre d'entre elles, Marguerite de Valois, plus connue sous le nom de reine Margot a tenu à la cour une place si importante qu'elle méritait d'avoir une galerie de portraits particulière. Elle n'est donc pas comprise dans cette présente catégorie. 

Galerie des princesses de France









Cette catégorie est susceptible de se développer avec l'ajout des portraits de Renée, Charlotte, Madeleine, Marguerite et ... Marguerite, voire de Jeanne et Anne

30 avril 2007

Portrait de Catherine de Médicis en clarisse Il

Catherine de Medicis en clarissePortrait de Catherine de Médicis en clarisse

Il s'agit d'une miniature du livre d'heures de la reine. L'époque est à la Contre-Réforme : les années 1580 marquent chez les catholiques français l'amorce d'un renouvellement spirituel très important. Dans tout le royaume, les confréries de dévotion et les communautés monastiques se multiplient. De nouvelles formes de ferveur font leur apparition.

Pour paraître revêtue de cette façon sur son livre d'heures, on peut se demander si, à la fin de sa vie, Catherine de Médicis avait noué des liens avec l'ordre des clarisses ? Un rapprochement semblable se retrouve chez l'infante Isabelle la petite-fille de Catherine de Médicis. Après la mort de l'archiduc Albert, elle avait rejoint l'ordre des clarisses. Un tableau la représente en tenue de religieuse ; il s'agit de la même tenue que celle portée par Catherine sur la miniature.

Son visage, celui d'une très vieille femme, semble reprendre le modèle de la peinture de Baltimore. La miniature a probablement été peinte à la fin des années 1580, dans les derniers mois de la vie de la reine.

Source : (Paris, BnF)


Article modifié en août 2012

30 avril 2007

La confusion Charles IX-Louis XIII


Voici deux exemples qui illustrent les pièges de l'interprétation des costumes.

Charles_LouisSur le site de l'Agence photographique de la RMN, on trouve ce très joli dessin, réalisé par Tavarone Lazzaro. La légende indique qu'il s'agit d'une audience du jeune roi Charles IX. Or les costumes portés par les personnages sont d'époque Louis XIII. Les hauts-de-chausses, les chapeaux et les fraises à confusion sont typiques des années 1610. Ces vêtements n'existaient pas sous cette forme au temps de Charles IX.

Il s'agit donc vraisemblablement d'une audience du jeune Louis XIII à moins que Tavarone Lazzaro ait vraiment cherché à représenter Charles IX mais sans tenir compte du costume. Nombreux sont les artistes à ne pas tenir compte du costume et à faire dans l'anachronisme. Rubens fait la même chose lorsqu'il peint le couronnement de Marie de Médicis.   

Voici un autre exemple :

Louis_XIII_et_GastonIl s'agit de deux gouaches issues d'une série, représentant d'une part un enfant roi et d'autre part son frère. Sur la base RMN, la légende indique : Le Costume en France au temps des Valois avec une datation remontant au 4e quart 16e siècle. On pourrait donc penser qu'il s'agit de Charles IX et de son frère Anjou.

Et bien, c'est une erreur ! La légende est fausse. Il s'agit non pas de personnages du temps des Valois mais du temps de Louis XIII, plus précisément vers 1610. Les deux dessins représentent en réalité, Louis XIII et son frère. Pourquoi ?

  • Le costume ! Les autres gouaches du recueil représentent des femmes avec des collerettes et des vertugadins typiques de la régence Marie de Médicis. Voir ici.
  • La croix de l'ordre du Saint-Esprit que l'enfant roi porte sur la gouache. Louis XIII est bien le premier enfant roi à le porter (l'ordre apparaît en 1578).

30 avril 2007

Derniers portraits


Catherine de Médicis, musée Jacquemart-AndréPortrait de Catherine de Médicis sous le règne d'Henri III

Source de l'image et localisation de l'oeuvre : Florence Gétreau, Musée Jacquemart-André, peintures et dessins de l'école française, Paris, Institut de France, Michel de Maule, 2011 (Paris, musée Jacquemart-André)

Sous le règne d'Henri III, les portraits de la reine la représentent avec un petit col blanc. L'époque de la fraise est finie. Conformément à la mode en vogue, elle porte un voile non seulement en forme de conque, mais aussi avec une pointe sur le front qui est de plus en plus accentuée1.

La volonté d'Henri III de gouverner par lui-même amène Catherine à changer ses habitudes de gouvernement. La reine-mère conserve sa place au sein du Conseil royal mais n'a désormais plus la main ; la conduite du royaume revient directement au roi.

Pourtant, Catherine demeure aussi active que sous Charles IX. Elle garde encore une influence importante sur l'action politique du gouvernement et c'est elle qui mène les négociations et effectue les déplacements quand il s'agit de ramener la paix dans la province agitée.

Si elle a quitté le Louvre pour son hôtel particulier dans le quartier des halles, elle continue de fréquenter la cour du roi. C'est ce dont témoignent les deux fameuses scènes de bals à la cour des Valois.

 

 

Pavane à la cour d'Henri IIILe mariage de Joyeuse, Versailles

La reine-mère est assise entre le roi et la reine. Elle est représentée en train de s'adresser au roi, signe de la place prépondérante qu'elle conserve encore à la cou dans les années 1580. Henri de Lorraine, duc de Guise se tient debout derrière elle, la main appuyée sur sa chaise.

Source de l'image et localisation de l'oeuvre : (Versailles, collection du château) ; (et copie à Paris, musée du Louvre)



 

Henri III et Catherine de Médicis (extrait)Bal à la cour des ValoisBranle à la cour d'Henri III conservé au musée du Louvre

Source de l'image et localisation de l'oeuvre : (Paris, musée du Louvre)

Comme dans le portrait précèdent, Catherine est représentée en train de s'adresser au roi, la main tendue, comme si elle lui donnait un conseil. Le duc de Guise se tient toujours derrière elle (à droite).

Derrière elle (à sa gauche sur le tableau), se tient sa petite-fille Christine de Lorraine. Catherine l'avait prise sous son aile dans son hôtel particulier et assurait son éducation auprès d'elle. Dans ses derniers jours, elle devait en faire son héritière et lui léguer la plus grande partie de ses oeuvres d'art.

Source de l'image et localisation de l'oeuvre :Agence photographique de la Rmn (Paris, musée du Louvre)

 

 

 

Catherine de Médicis, royal collectionBuste en bronze de Catherine de Médicis exécuté par Germain Pilon vers 1583 et aujourd'hui conservé dans les collections royales britanniques 2, 3.

Ce portrait est tout à fait inhabituel puisqu'il représente la reine en tenue de sacre. Sa singularité est que la reine porte un décolleté qu'elle n'a plus porté depuis la mort de son mari. Elle porte également des épaulettes de grande taille comme ils étaient de mode vers 1580 (Cf. le portrait de la reine Louise de Houston). Il s'agit donc d'un habit de composition que la reine n'a jamais revêtu.  

C'est un bronze imposant, commandé sous le règne d'Henri III. Son commanditaire n'est pas connu, mais s'il appartenait à la reine, il était probablement exposé dans son hôtel particulier à Paris. L'étude de son inventaire après-décès montre que Catherine possédait plusieurs bustes représentant les membres de la famille royale. Ils étaient peut-être exposés dans la grande galerie du palais où tronaient déja les peintures d'apparat de la famille. Ecrin de ses riches collections, l'hôtel parisien de Catherine avait des allures de musée ; la reine en faisait la visite à ses visiteurs les plus illustres (princes, ambassadeurs, ...). Il fonctionnait aussi comme un mémorial, ou une vitrine à la gloire des Valois.

Pilon_Catherine_St-Denis_RMnLe buste n'est pas sans lien avec le projet de monument funéraire que la reine avait commandé à la basilique de Saint-Denis, nécropole des rois de France. Pour son tombeau, Germain Pilon avait produit un gisant similaire représentant la reine en costume de sacre.

Source de l'image et localisation : Royal collection (Palace of Holyroodhouse, Royaume-Uni) ; Agence photographique de la Rmn (Basilique de Saint-Denis)

 

 

 

 

Catherine de Médicis (Baltimore)Portrait de Catherine de Médicis à soixante ans passés

Il s'agit d'un très beau portrait de la reine sexagénaire. Son visage bouffi est marqué par la fatigue. Catherine de Médicis est entrée dans une nouvelle période, la dernière de sa vie.

Malgré son âge avancé, Catherine continue de voyager à travers le royaume pour maintenir la paix.

En 1585, elle court après le duc de Guise qui tente de soulever la France catholique. Elle le poursuit de ville en ville dans l'est du royaume, mais le duc de Guise la fuit et la mène par le bout du nez.

En 1586, on la voit encore en train de courir, mais cette fois, dans l'ouest après le roi de Navarre. Lui aussi l'a fait tourner en bourrique. Il la fait attendre plusieurs semaines avant de la rencontrer et elle manque à plusieurs reprises de se faire enlever par les protestants. Lors des négociations de Saint-Brice, la reine-mère aura beau faire remarquer à son gendre, son âge avancé et se plaindre de ne jamais connaître le repos, le futur Henri IV lui répondra que c'est justement cette activité qui la maintient en vie.

Catherine (Florence)Catherine (BnF)

 

Ce portrait est reproduit dans le livre d'heures de la reine (ci-contre à gauche). On le retrouve également sur un tableau conservé à Florence (ci-contre à droite).

Source : (Baltimore, The Walters art museum)

Source : (Paris, BnF)

Source : Polo museale (Florence)

 

 

Catherine par DumonstierDernier portrait de Catherine de Médicis, avant sa mort le 5 janvier 1589

Ce dessin est le dernier portrait officiel de Catherine de Médicis.

A 69 ans, Catherine décide d'affronter personnellement l'insurrection parisienne. Elle se rend à pied au bas de la barricade qui lui barre la route. Les révoltés veulent l'empêcher de se rendre à l'hôtel de Guise, mais la reine n'a pas froid aux yeux ; elle hausse le ton et impose sa volonté. Devant cette femme remplie de volonté qui a fait plier tant de rudes militaires, devant cet esprit exceptionnel qui a su dominer toutes les passions, les insurgés finissent par céder et lui ouvrir le passage. La voici qui se fraie un chemin à travers les barricades... au milieu du peuple.

Pour Catherine, c'est une déchéance. Elle avait connu sous le règne de son époux, une monarchie autoritaire nimbée d'un éclat sans pareil, admirée de toutes les cours d'Europe. Après la mort d'Henri, elle avait tenté de maintenir cet éclat. Mais la-voici maintenant qui monte sur les barricades et qui marche.. à pied, entourée d'une foule inamicale,...

Catherine de Medicis (musée du Louvre)

La journée des barricades est l'un des derniers grands moments historiques vécus par Catherine. Elle suit ensuite la cour à Blois où souffrante, elle s'alite. L'assassinat du duc de Guise ne fait que hâter sa mort..

La mise à mort du duc de Guise entraîne surtout une immense vague de haine contre le dernier Valois. La rupture avec le peuple est totale. La reine Catherine n'aura pas de funérailles dignes de son rang.

Lorsque les prêcheurs annoncent sa mort au peuple, ils ne savent pas s'ils doivent la louer ou la blamer. N'a t-elle pas pactisé par le passé avec les protestants ? Du côté protestant, on est moins hésitant ; n'est-elle pas responsable de la Saint-Barthélemy ?

Son combat pour la paix sera finalement vite oubliée. Son mausolée, laissé à l'abandon, sera détruit au XVIIe siècle..

Source : (Paris, BnF) ;  Source : (Paris, musée du Louvre)

Caterina de' Medici (Florence)Catherine (Le Mans)Catherine (Florence)Catherine (Louvre)Catherine_de_Medicis_MercierSource des images : Mercier (Vente de mai 2019, Lille) ;  Rmn (Paris, musée du Louvre) ; Source : Polo museale fiorentinoSource : Art Bridgeman (Le Mans, musée de Tesse) ; Source :  Scala archives (Villa Medicis)

Catherine 1588Katharina (Kunsthistorisches)Katharina (Kunsthistorisches)Source : (Kunsthistorisches museum) ; (Kunsthistorisches museum) ; (BnF)

 


Article modifié en août 2012 et mai 2018


 Notes

1. Si le costume appartient à celui du règne d'Henri III, le  visage reprend le dessin de la BnF de 1560. Sur l'origine et la datation du tableau voir Florence Gétreau, Musée Jacquemart-André, peintures et dessins de l'école française, Paris, Institut de France, Michel de Maule, 2011, p. 60-61.

2. Jonathan Marsden dans The Burlington Magazine, n°1245, volume CXLVIII, décembre 2006.

3. Geneviève Bresc-Bautier proprose d'attribuer le buste à Mathieu Jacquet, élève de Germain Pilon. Voir Geneviève Bresc-Bautier,  "Quelques interrogations sur les commandes funéraires de Catherine de Médicis", in Guillaume Fonkenell, Caroline zum Kolk (dir.), Catherine de Médicis (1519-1589) : politique et art dans la France de la Renaissance, Paris, Le Passage, 2022.

Article modifé en juillet 2012

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