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Les Derniers Valois
20 juin 2010

Remise en question d'un portrait de Charles IX


Portrait dit Charles IXIl existe au musée des Arts et de l'Enfance de Fécamp un portrait représentant selon la tradition le roi Charles IX (ci-contre). L'examen physionomique du portrait nous amène à douter de cette indentification. La comparaison du dessin avec celui de François Clouet représentant le jeune roi ne semble guère probante quant à la ressemblance physique des modèles. Ce qui met en cause le dessin, c'est aussi l'analyse du costume. Le petit garçon a les cheveux relevés comme le veut la mode sous Henri III. Il porte aussi un petit col rabattu qui se rapproche, par son allongement sur les côtés, davantage de la mode des années 1580-1590 que des années 1550-1560.

Existe t-il sous Henri III des jeunes princes dans l'entourage royal qui puissent correspondre au petit garçon représenté ?

Peut-il s'agir du fils illégitime de Charles IX, Charles de Valois. Le prince étant né en 1573, l'identification est possible. Il existe une estampe du dénommé bastard qui n'est pas sans rappeler le dessin au niveau de la physionomie (ci-dessous) :

Charles bastard de FranceIl s'agit d'une composition assez simple, sans grand relief, mais les traits du jeune homme semblent être quasiment les mêmes que ceux du dessin de Fécamp. Si le costume n'avait pas été si différent, nous aurions pu affirmer la liaison entre les deux portraits sans aucun doute possible. On remarquera toutefois sur les deux portraits, la même absence d'épaulettes (aspect caractéristique de la mode Henri III) et la présence de gros boutons sur le pourpoint (idem).

Le portrait présumé de Charles IX du musée de Fécamp représenterait en réalité son fils ? C'est une hypothèse dont on peut considérer la probabilité comme étant importante.

Source : Base Joconde (Fécamp, musée des Arts et de l'Enfance) ; (Vienne, Osterreichische nationalbibliothek)

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1 avril 2008

Portrait d'Henri II dessiné par François Clouet

Henriv2Portrait d'Henri II dessiné par François Clouet et aujourd'hui conservé au British museum

Source des images : (Londres, British museum)

Il s'agit d'un portrait réalisé au début du règne, vers 1550. En vertu de la mode, le roi porte encore une barbe non taillée. Il a trente ans environ.

 

Henri II, musée des OfficesLe dessin a servi de modèle à cette miniature.

Source : P. Rosenberg, Pittura francese nelle collezioni publiche fiorentine, Firenze, Centro Di, 1977 (Florence, musée des Offices)

 

 

 

 

 

 

 

 

Henri II, musée Condé Henri II, musée Condé Portrait en pied d'Henri II

  Source : Agence photographique de la RMN et RMN (Chantilly, musée Condé)

 

 

 

 

 

19 septembre 2022

Henri III - Jean Decourt


Henri III vers 1576, Kunsthistorisches museumPortrait représentant Henri III au début de son règne, établi d'après un dessin de Jean Decourt1

Source de l'image : Europeana (localisation : Vienne, Kunsthistorisches museum)

Le tableau est aujourd'hui conservé dans les collections du Kunsthistorisches museum de Vienne ; il faisait probablement partie de la galerie de portraits de l'archiduc Ferdinand. Ce prince de la maison des Habsbourg, amateur d'art et contemporain d'Henri III avait constitué une importante collection de portraits d'hommes et de femmes illustres de son temps, qui existe encore aujourd'hui.

Cette représentation d'Henri III n'est qu'une copie mais son existence aujourd'hui permet de se faire une idée de l'original peint par Decourt aujourd'hui perdu. Le portrait aurait pu être tiré vers 1575-1576 ; il témoigne de l'iconographie d'Henri III au tout début de son règne. 

Le roi porte encore ce collier chargé de perles, à trois rangs, si caractéristique des années 1570, mais selon la mode du temps, la toque disparaît à l'arrière de la tête, derrière une coiffure relevée en hauteur au-dessus du front. L'ancienne mode de la longue moustache effilée n'est plus de mise, le roi porte un très léger bouc et une barbe rase. Au niveau du costume, il porte par-dessus le pourpoint, un collet clair, simple et uni, dépourvu de galons d'or (ce qui n'est pas sans rappeler le portrait de François d'Anjou, peint à la même époque, voir ici).

Henri III, portrait vendu chez Piasa

Lyon_6e_-_Musée_d'art_contemporain_-_Les_nombreuses_vies_et_morts_de_Louise_Brunet_-_Portrait_d'Henri_III_(vers_1580)fLe portrait de Vienne présente des points communs avec plusieurs autres portraits du roi, montrant ainsi que le portrait perdu de Jean Decourt, avait été diffusé comme portrait officiel.

C'est également ce portrait qui fut utilisé en Flandre pour la conception de la tapisserie des Valois aujourd'hui conservée à Florence (voir ci-dessous).

Plus intéressant est le portrait vendu aux enchères chez Piasa en 2003 (première image de gauche). Le tableau a été redécoupé dans un format ovale, mais sa facture, dans le rendu du visage, est de meilleure qualité que le tableau de Vienne. Les traits du roi y sont davantage reconnaissables. Le tableau serait-il sorti de l'atelier de Jean Decourt ? Malheureusement, l'oeuvre a été vendue par Piasa sous une autre identification ; le catalogue de vente ne fait pas apparaître le nom d'Henri III 2. A sa décharge, en 2003, l'iconographie du derniers Valois était peu étudiée et encore peu connue.

Jean_Decourt_ChristiesPortrait d'Henri III en pied vers 1576Sur deux petites peintures (ci-contre), le roi est représenté en pied. L'une d'entre elle, le représente de façon fictive en compagnie de sa famille (sa mère, son épouse Louise, et leurs prédécesseurs, Charles IX et Elisabeth).

Source des images : Piasa (vente du 27 juin 2003, à Paris) ; Wikimedia commons , voir aussi Pierre-Gilles Girault et Mathieu Mercier (dir.), Fêtes & Crimes à la Renaissance. La cour d'Henri III, Somogy éditions d'art, 2010, p. 83 (Lyon, Musée historique des hospices civils) ; Christie's (Vente du 16 novembre 2023)  ; The Saleroom (vente du 06 mars 2014, à Harrogate)

 

 

Henri III dans le Jeu de la quitaine

Portrait d'Henri III dans « Le jeu de la quitaine », l'une des pièces de la tapisserie des Valois, conservée au musée des Offices, à Florence

Source de l'image : Akh-images et Wikimedia commons (localisation : Florence, musée des Offices)

Le roi est revêtu d'un costume à l'antique (la cuirasse et les bottines des empereurs romains). Tel un nouveau César, le pied à l'étrier, Henri III s'apprête à parader devant ses sujets. Peut-être va t-il participer au jeu de la quintaine, représenté sur le fond de la tapisserie.

Le portrait utilisé pour le visage du roi est celui fixé par le peintre Jean Decourt au début du règne (voir les portraits ci-dessus). Outre les traits du visage, on y retrouve les mêmes formes et agencements de la fraise et de la coiffure.

Avec ses jambes musclées et sa pause martiale, le roi dégage une image virile qui tranche avec les portraits fraisés et les représentations austères que laissera plus tard le peintre Etienne Dumonstier. Contrairement à ses deux frères aînés, tous les deux passionnés par la chasse, Henri III n'était pas un sportif. A la vie en pleine nature, le roi préférait la vie de cour et la vie urbaine.

Le jeu de la quintaine, tapisserie des Valois, musée des OfficesEn revanche, le costume romain porté  par le roi accrédite le goût des Valois pour le travestissement ; comme le faisait son père Henri II, Henri III entretient une cour festive, où alternent carnavals, mascarades, et bals masqués.

A ce titre, les huit pièces de la tapisserie des Valois aujourd'hui conservées à Florence, constituent un témoignage exceptionnel de la vie sous Henri III. Probablement commandée à l'intention de Catherine de Médicis, elle illustre la diversité des jeux à la cour et la magnificence inculquée par la reine-mère à ses enfants : faire danser et jouer la noblesse de France pour lui faire oublier ses guerres fratricides. Conformément à la tradition du néo-platonisme médicéen, les fêtes sont pour la Couronne l'occasion de marquer les esprits et de purifier les coeurs par la Beauté.

 

Henri III et Louise de LorrainePortrait du roi et de la reine Louise dans « Fontainebleau », l'une des pièces de la tapisserie des Valois, conservée au musée des Offices, à Florence

Source des images :  E. Cleland, M. Wieseman, Renaissance Splendor Catherine de’ Medici’s Valois Tapestries, Yale University Press, 2019 et Scala archives (Florence, musée des Offices)

Les joutes nautiques de Fontainebleau, tapisserie des Valois (musée des Offices)Le roi et la reine sont représentés sur un fond représentant le spectacle nautique donné douze ans plus tôt, à Fontainebleau en 1564. La tapisserie reprend un dessin d'Antoine Caron, fait à cette occasion.

Pour le portrait du roi, elle reprend le prototype de Jean Decourt.       

 

Henri III par Nicholas Hilliard

Portrait d'Henri III peint en miniature par Nicholas Hilliard vers 1577 (d'après Jean Decourt ?)

Source de l'image : Philip Mould et company ; Localisation de l'oeuvre : collection privée

La miniature appartient à une collection privée. A sa mise en vente en 2013, elle était identifiée comme une oeuvre du XIXe siècle 3. Mais dans un article du Burlington Magazine paru en 2019, des chercheurs dévoilent sa véritable identitée. L'oeuvre est attribuée à Nicholas Hilliard, célèbre peintre anglais qui séjourna à la cour de France de 1576 à 1578.

Cette miniature est donc contemporaine de celle que le peintre anglais fit de la princesse Marguerite de Valois. Et à l'instar de celle-ci, Hilliard réalise un portrait très idéalisé où la ressemblance physique est moins recherchée que l'esthétique d'ensemble.

L'article du Burlington Magazine propose d'y voir la source des portraits précédemment présentés 4. De nombreux points communs les rapprochent (costume, pose du modèle, direction du regard). Pourtant, il faut se rendre à l'évidence ; Hilliard adoucit tellement les traits de son modèle qu'on peine à le reconnaître. Les singularités du visage d'Henri III ne sont pas patentes, notamment au niveau des yeux et des muscles zygomatiques ou buccinateur.

Les copies qui nous sont parvenues du portrait de Decourt présentent des traits plus réalistes, et surtout une proximité entre elles qui les font rattacher à la même généalogie. Le lien entre le travail de Hilliard et celui de Decourt reste donc à établir.

 

Henri III vers 1578Portrait d'Henri III dont l'auteur et la localisation reste à préciser

Source de l'image : E. Bourassin, Pour comprendre le siècle de la Renaissance, Paris, Tallandier, 1990

Par les traits et le costume, ce portrait se rattache au modèle produit par Decourt. Il en est probablement la réactualisation (reprise d'un modèle ancien par la mise à jour du costume, en l'adoptant à la mode du moment). Comme dans les précédents portraits, le roi porte un pourpoint clair et des colliers de perles à trois rangs. Le roi porte une fraise très large qui fait dater le portrait vers la fin de la décennie, entre 1578 et 1580 environ.

Cette peinture est l'un des derniers témoins de cette première période iconographique, la dernière étape avant le changement iconographique voulu par Henri III au milieu de son règne.

 Henri III, copie par GaignèresCette image est à rapprocher d'un portrait en pied aujourd'hui disparu, mais conservé en copie par un dessin du collectionneur Roger Gaignières (ci-contre).  Le tableau se trouvait au couvent des feuillants qu'Henri III avait fondé en 1587 à Paris. Le dessin en fournit une restitution assez maladroite. Le roi arbore toujours le même habit (habit clair et colliers de perle à trois rangs), mais la tête est assez mal faite. Le rapprochement de ce dessin avec le portrait peint permet de se faire une idée du portrait original.

C'est le dernier portrait de ce style. A partir de 1580, le roi se fait représenter dans un costume plus sobre.

Source de l'image : Gallica (localisation : Bibliothèque nationale de France)

 


Henri III (Karlsruhe)

Enrico III (Musée des Offices)Miniature du roi Henri III conservée au palais Pitti de Florence (Italie) d'après un dessin de Jean Decourt conservé à la Kunsthalle de Karlsruhe (Allemagne).

Ce très beau portrait est autrement plus réaliste que celui peint à la même époque par Nicholas Hilliard. Il représente le roi vers 1578 à une époque où le raffinement de la mode atteint son paroxysme : les cheveux sont relevés au-dessus du front après avoir été ondoyés et frisés ; la toque, placée à l'arrière de la tête, est agrémentée de plumes et d'aigrettes ; les oreilles sont décorés des pendants de perle et le visage est posé sur une grande fraise, présenté aux courtisans comme sur un plateau de fruits.

Cette image du roi fraisé a depuis toujours alimenté sa légende, celle d'un roi maniéré, indolent et débauché régnant sur une cour violente et dégénérée ; associer les excès de la mode à cette image était pourtant une erreur, car la mode d'Henri III était la même que celle de la cour d'Angleterre. Les courtisans d'Elisabeth Ière étaient habillés de la même façon.

Henri II par GaultierPar ailleurs, il faut rappeler que les excentricités de la cour d'Henri III n'ont rien à envier aux tendances extravagantes de la cour de Louis XIII (avec ses pourpoints fleuris et ses grands cols de dentelle) et de celle de Louis XIV (avec ses grappes de rubans et ses grandes perruques bouclées).

Cette image négative d'Henri III et de sa cour tire son origine des moqueries du peuple peu habitué à de tels caprices vestimentaires. L'opinion publique aurait préféré un roi militaire qui écrasa de sa force les hérétiques huguenots. A la place, ils avaient un roi raffiné et mondain. Les pamphlets et libelles écrits contre Henri III jouèrent un grand rôle dans son impopularité. Ils explosèrent en grand nombre à la fin de son règne et contribuèrent à sa chute.

La miniature des Offices peut être mise en relation avec une estampe de Léonard Gaultier (image ci-contre) et une autre d'après Jean Rabel (image ci-dessous à droite) et une miniature récemment vendu sur le marché de l'art anglais (image ci-dessous à gauche)

Henri III par Jean RabelHenri III (vente chez John Nicholsons)Source des images  et localisation des oeuvres,: (Karlsruhe, Kunsthalle) ; ? (Florence, palais Pitti) ; Henri III mécène : des arts, des sciences et des lettres, p. 70 (Paris, Bnf) ;  Invaluable.com (John Nicholsons Fine Art Auctioneer & Valuer, Vente du 22 mai 2020 à Haslemere) ;  (Paris, Bibliothèque nationale de France)

 

 

 


Notes

1. Sur l'origine de ce portrait, voir Pierre-Gilles Girault et Mathieu Mercier (dir.), Fêtes & Crimes à la Renaissance. La cour d'Henri III, Somogy éditions d'art, 2010, p. 83.

2. Le portrait est présenté comme étant le portrait présumé d'un gentilhomme d'Henri IV, Martin du Hardaz, capitaine des chasses du roi.

3. William Aslet, Lucia Burgio, Céline Cachaud, Alan Derbyshire and Emma Rutherford, « An English artist at the Valois court : a portrait of Henri III by Nicholas Hilliard » in The Burlington Magazine, February 2019, p. 103.

4. Ibid, p. 107.

 

Article initialement publié en mai 2007, modifié en octobre 2016, en mai 2018, en avril 2019.

26 mai 2007

Portrait au crayon de François d'Anjou attribué à

Dumonstier_Atelier_Bildnis des Francois-Hercule de Valois_Mutualartv2Portrait au crayon de François d'Anjou attribué à l'atelier d'Étienne Dumonstier vers 1580

Source de l'image : Dorotheum (Vente du 4 avril 2023 à Vienne)

C'est un très beau dessin représentant François habillé à la mode du temps : une toque haute (placée de biais sur le front pour cacher un début d'alopécie ?), une boucle d'oreille, une large fraise godronnée et un pourpoint bouillonné, à manche ballonné et à panseron. Cet habit montre que François s'incrit pleinement dans la mode de la cour en dépit de son positionnement politique contre les "mignons" d'Henri III.

François est un allié des protestants et la force qui fédère les oppositions. Ce rôle de candidat contestaire, François l'assume pleinement, bien que lui-même fasse partie du sythème et de son organisation clientéliste.

 

 

 

 

Francois Anjou, KHMPortrait en pied de François d'Anjou aujourd'hui conservé au Kunsthistorischesmuseum à Vienne

Source de l'image : (Vienne, Kunsthistorichesmuseum)

On retrouve le portrait de François dans plusieurs galeries de portraits d'hommes illustres. Celui-ci appartenait à un archiduc d'Autriche.

Le prince est revêtu d'un plastron et porte le bâton de commandement militaire. La présence de la rondache a ses pieds, et d'un casque empanaché montre qu'il s'agit d'un costume de représentation, utilisé pour les parades.

Le portrait de François se retrouve également dans plusieurs galeries de portraits de chateaux particuliers français. Ci-dessous à gauche, celui de la galerie du château de Saint-Germain-Beaupré (aujourd'hui exposé au château de Blois).

Source : J-P. Barbier-Muller, La parole et les armes, chronique des guerres de religion en France (1562-1598), Hazan, 2006 (Blois, musée du château)

Source : Histoire d'Alençon (Alençon, musée des beaux-arts et de la dentelle) ; Gazette Drouot (Vente de Remy Lefur, du 26 mars 2020, à Paris) ; BeniCulturali (Château royal de Racconigi)

 

 

 

 

François d'AnjouFrançois d'Anjou, château de BloisAlençon_Auction Art Rémy Le Fur & Associé_2014_03

Ritratto di Francesco Ercole di Valois-Angoulême_Beni Culturali_Castello Reale - Copie

Alencon


 

 

 

 

 

 

 

Mr le Duc Danjou - British museumPortrait posthume du duc d'Anjou publié par l'artiste ligueur Pierre Gourdelle

 

Les gravures françaises ont laissé une image beaucoup moins séduisante que les miniatures idéalisées de Nicholas Hilliard.

Sur ce portrait édité après la mort du duc d'Anjou, le graveur Gourdelle a fait représenter le prince avec les marques de la petite vérole qui depuis l'âge de ses dix ans, défiguraient son nez (détail ci-dessous). Mais le portrait est encore "convenable" sur le plan esthétique, à comparaison d'autres gravures beaucoup moins réalistes (voir la galerie de portraits ci-dessous).

nez vérolé

Source : (Londres, British museum)

François par Rabel BnFFrançois par Hogenberg OBNFrançois d'Anjou OBN

 

 

François d'Anjou par Thomas de Leu

 

 

 

 

 

 

 

Source : Gallica (Paris, Bnf) ; Digitaler Portraitindex (Vienne, Osterreichische nationalbibliothek) ; (Londres, British museum)

article modifié en avril 2014

1 mars 2008

Les portraits d'Henri II En dépit de l'image

Henri IILes portraits d'Henri II

En dépit de l'image maussade véhiculée par l'historiographie du roi, le règne d'Henri II est bien celui de la Renaissance française qui ait brillé avec le plus d'éclat et de raffinement. Moins enclin à l'élévation intellectuelle que ne l'était son père le roi François Ier, Henri II reste un monarque épris des arts et conscient du pouvoir qu'il peut en tirer. De fait, les portraits du roi sont relativement nombreux et conçus sur des supports très variés.

Marié à Catherine de Médicis, il est le père de dix enfants légitimes. Ce sont ces dix enfants qui font l'objet de ce blog. Mort accidentellement en 1559, il n'a pas eu vraiment l'occasion de les voir grandir et de les connaître. 

Galerie de portraits de Henri II

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5 août 2008

Erreur malheureuse sur Marie Stuart

 


La_princesse_de_ContiPortrait de Louise Marguerite de Lorraine, princesse de Conti (1588-1631)

Il s'agit de la fille du duc de Guise assassiné sur l'ordre d'Henri III. Louise-Marguerite avait épousé en 1605 le prince de Conti, cousin du roi Henri IV. Sur ce tableau, elle est représentée en tant que princesse de la maison de France. Elle porte une coiffure et un costume des années 1600. Il n'y a donc strictement aucun rapport avec la reine d'Ecosse, Marie Stuart.

Cependant, au XIX siècle, ce portrait est malencontreusement identifié à elle. C'est malheureux car cette erreur sera plusieurs fois recopiée et va donner naissance à une nouvelle iconographie de la reine d'Ecosse. 

 

Marie_Stuart_en_princesse_de_Conti

Les portraits ci-contre et ci-dessous ont été identifiés sous le titre de Marie Stuart.

Ces erreurs ne sont pas sans rappeler l'anachronisme des portraits de la reine Margot véhiculés par le XIXe siècle. Finalement, pour les artistes romantiques, il importe peu de retranscrire la vérité, du moment que les portraits fassent style renaissance et que ces dames soient jeunes et jolies.

Source : Rmn (Chantilly, Musée Condé)

Source : Rmn (Versailles, Musée du château)

Marie_Stuart_en_princesse_de_Conti_2En lithographie :

Source : Polygraphicum

31 octobre 2008

Le montage des portraits au XIXe siècle (2)


Charles_IXDans certains portraits du XIXe siècle, les artistes ont procédé à un montage en recopiant les élements de différents tableaux. C'est le cas pour ce portrait de Charles IX peint par Louis Ducis.

La tête correspond au portrait du roi des années 1570, tandisque le vêtement correspond au portrait en pied du Louvre daté de 1566. Ce montage aurait pu passer inaperçu si l'artiste avait pris soin de coordonner le positionnement du corps. La tête est tournée à gauche et le corps à droite; ce qui donne un effet de collage qui nuit à la crédibilité du portrait.

Source : Base joconde (Château d'Eu)

modele_1

modele_2

13 septembre 2007

Le montage des portraits au XIXe siècle


Voici un exemple qui montre qu'il faut prendre avec beaucoup de prudence les portraits historiques du XIXe siècle.

Portrait dit du cardinal de LorraineIl s'agit d'un tableau appartenant à la galerie historique du château d'Eu, commandée par le roi Louis-Philippe (voir la notice sur la base Joconde). Le personnage est censé représenter le cardinal de Lorraine (celui assassiné à Blois en 1588 sur l'ordre d'Henri III). Mais en regardant l'habit, on constate que le personnage ne porte pas le costume pourpre des cardinaux.

En réalité, l'artiste a représenté le duc de Mayenne, le frère du cardinal en question. Il a peut-etre pris en modèle un portrait de Mayenne comme en possède le musée de Versailles, et pour lui donner un caractère ecclésiastique, il a simplement rajouté sur sa tête une calotte pourpre.

Manquait-il un modèle à l'artiste ? c'est possible. Il existe pourtant un très beau portrait du cardinal de Lorraine à l'hôtel de Soubise à Paris.

Il existe également au château de Blois un tableau où sont représentés les trois frères Guise (ci-dessous) : Charles duc de Mayenne, Henri duc de Guise et Louis cardinal de Lorraine. L'artiste a donc repris les traits de celui qui se trouve à gauche pour représenter celui qui se trouve à droite. Curieux, non ?

Les Guise

1 juin 2008

Postérité du dernier portrait


Henri II, BnFHenri II par François Clouet, vers 1553

Source : (Paris, BnF)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Henri II, BnFPortrait d'Henri II

Il s'agit du dernier portrait officiel avant la mort du roi, survenue à Paris le 10 juillet 1559. Il représente le roi dans la dernière partie de son règne.

C'est un portrait qui continuera de servir de modèle, après sa mort.

Source : (Paris, Bnf)

Henri II, British museumUn portrait identique se trouve au British museum.  L'original ?

Source : (Londres, British museum)

 

 

 

 

Henri II, musée du LouvreHenri II, musée des Offices

Portrait en pied d'Henri II

Le premier portrait est un portrait grandeur nature. Le second n'est qu'une réplique de taille très moyenne.

Source : (Florence, palais Pitti)

Source : Rmn(Paris, musée du Louvre)

 

 

 

 

 

 

 

Henri II, musée de VersaillesPortrait d'Henri II

Ce portrait a été recopié à d'innombrables reprises. Il en existe des copies partout en France et en Europe. Beaucoup d'entre eux sont des portraits posthumes.Source : Rmn(Paris, musée du Louvre)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Henri II, collection royale d'AngleterreHenri II, palais Pitti

 

 

 

Source : Rmn(Florence, palais Pitti)

Source : the royal collection (Angleterre, palais royal)

Portrait equestre d'Henri II, musée CondéSource : Rmn (Chantilly, musée Condé)

Portrait en pied d'Henri II


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Henri_II_chateau_Nelahozeves_BridgemanPortrait d'Henri II conservé au château de Nelahozeves en Bohême

Source : Bridgeman images

 

 

 

 

 

5 octobre 2009

Après avoir consacré une première partie aux

Après avoir consacré une première partie aux princesses de France de la seconde moitié du XVIe siècle, voici celles de la première moitié du siècle. Deux princesses en seront absentes : d'une part Claude de France parce que mariée à son cousin François, elle devient reine de France en 1515, d'autre part Louise de France, parce que cette première fille de François Ier et de Claude de France est morte à l'âge de trois ans.

La présence des ces princesses au sein de ce blog consacré aux derniers Valois m'a paru légitime. Certaines d'entre elles ont exercé une influence déterminante sur leurs contemporains et deux d'entre elles ont côtoyé l'époque des guerres de religion. Marguerite de France est morte en 1574 et Renée de France est morte à l'âge de 64 ans en 1575.

Galerie des princesses de France 2

2 février 2011

Quelques exemples sur le marché de l'art


Portrait de Téligny autrefois identifié à Charles IXLe marché de l'art n'échappe pas aux erreurs d'identification. Il suffit qu'un homme soit peint à la mode de Charles IX pour qu'il soit aussitôt identifié au roi. C'est le cas de ce très beau portrait (ci-contre) présenté pour être celui du jeune souverain. L'existence d'une copie dans les collections autrichiennes (ci-dessous) nous permet de proposer une identification plus certaine : Charles de Téligny.

Téligny, Kunsthistorisches museumTéligny était le gendre de l'amiral de Coligny. A l'issue de la troisième guerre de religion, il était employé par son beau-père pour négocier la paix avec la couronne. Téligny faisait partie de ces protestants qui poussaient Coligny à faire confiance au roi et à monter à la cour. Il fut massacré durant la Saint-Barthélemy. 

Source : Artvalue (Drouot/juin 2000)

Source : (Vienne, Kunsthistorisches museum)

Portrait du duc de Nemours, autrefois identifié à Charles IXLe portrait suivant (ci-contre) a également été transmis par le passé comme représentant le jeune roi Charles. 

Il est encore plus facile de corriger l'erreur d'identification, car les collections publiques possèdent plusieurs exemplaires de ce portrait. Le British museum en possède même le dessin original. Il s'agit de Jacques de Savoie, duc de Nemours.

Le duc de Nemours était un prince de la maison de Savoie et un parent de la famille royale. Fortement lié aux Guise, il combattait dans le camp catholique pendant les guerres civiles. Il nous est surtout connu pour la réputation de son charme et le couple glamour qu'il forma avec Anne d'Este.

Portraits de Jacques de Savoie, duc de NemoursSource : Artvalue (Palais Dorotheum/mars 2001)

Source : (Londres, British museum) ; Rmn (Chantilly, musée Condé) ; Rmn (Chantilly, musée Condé)

b

Portrait équestre du duc de NemoursJe profite de l'évocation de l'iconographie de ce personnage pour mentionner l'erreur dans l'identification d'un petit portrait équestre exposé aujourd'hui au musée Condé (ci-contre). Je l'avais moi-même présenté sur ce blog comme étant le duc d'Anjou (je l'ai retiré depuis), mais Alexandra Zvereva l'a - avec raison - identifié au duc de Nemours1. A y regarder de près2, le visage du portrait équestre reprend les traits de Nemours dans son tableau de Chantilly (ci-dessus).

Source : Rmn (Chantilly, musée Condé)

Portrait du duc de Guise, autrefois identifié au roi Henri IIJe terminerai cet article par mentionner ce portrait présumé du roi Henri II (ci-contre). Là encore, il en existe plusieurs portraits semblables qui permettent de corriger avec évidence son identification.

Le portrait représente en réalité l'un des plus importants familiers du roi : François de Lorraine, duc de Guise.

François de Lorraine était le premier époux d'Anne d'Este. Il fut un des piliers de la cour au commencement des guerres de religion. Du fait de sa célébrité et de la grandeur de sa maison, de nombreuses copies ont été faites de ses portraits. Il ne serait pas étonnant qu'elles aient eu parfois la valeur d'icône du fait de la réputation du prince après son assassinat par un protestant en 1563. Son image ne doit pas être confondue avec celle de son fils, Henri de Guise lui aussi assassiné et lui aussi entouré d'un aura de prestige.

Portraits de François de GuiseSource : Artvalue : (Tajan/décembre 2003)

Source : (Paris, BnF) ; (Vienne, Kunsthistorisches museum) ; (Vienne, Kunsthistorisches museum)

bbb


Notes

1. Musée Condé, Les miniatures du musée Condé à Chantilly, Portraits des maisons royales et impériales de France et d’Europe, Paris, Somogy, 2007, p. 210. Il me semble avoir aperçu sur un site de vente d'oeuvres d'art, un tableau semblable représentant le duc de Guise, François, premier époux d'Anne d'Este. Il reprenait les traits du dessin de la BnF (ci-desus). Je regrette de ne pas en avoir pris la référence.

2. Ce qui nous est impossible de faire avec la petite reproduction photographique ici présentée.

19 septembre 2022

Henri III - Etienne Dumonstier


Henri III (Offices de Florence)Portrait du roi en miniature conservé au musée des Offices de Florence

Source de l'image : Polo museale florentino (Florence, musée des Offices)

Ce très beau portrait marque le point de départ d'une nouvelle iconographie. L'image du prince mondain est abandonnée au profit d'une figure beaucoup plus sobre. Le changement de style est radical. Au lieu de la grande fraise en dentelle, le roi porte autour du cou un petit col rabattu ; son habit noir ne présente ni crevés, ni galons dorés apparents ; la poitrine n'est ornée que par le collier de l'ordre du Saint-Esprit que le roi a fondé en 1578. 

A partir de cette date et jusqu'à sa mort en 1589, cette nouvelle iconographie sera la seule autorisée par le roi. A l'exception de quelques variantes, il n'y aura pas d'autres modèles, seulement la réactualisation régulière de celui-ci.

He Portrait de Henri IIISur  l'estampe éditée en 1580 par Jean Rabel (gravée par Thomas de Leu), le roi arbore encore un col rabattu très étroit (image ci-contre). Du point de vue de la mode, cette forme correspond au début du règne. Car au fur et à mesure des années, la tendance vestimentaire pousse les pointes du col à se déployer en pointe sur les côtés. Vers 1600, le déploiement sera tel que le col s'étendra au-dessus des épaules. De fait, il est possible de dater les portraits en fonction de la taille et la forme du rabat. Sur les exemples présentés ci-contre, les portraits présentent des rabats encore très discrets.

L'oeuvre de Rabel a été reproduite plusieurs fois. D'après Isabelle Hanquet 1, elle serait la reproduction d'une peinture aujourd'hui perdue qui servait de pendant à un portrait de la reine Louise. Le lien avec la miniature des Offices ci-dessus reste à établir. Malgré quelques différences, les deux images sont très proches.

Ano_Henri-III BnF1_v1

Comme le rappellent les historiens, ce type d'oeuvre d'art est une image officielle, c'est-à-dire que c'est l'image que le roi veut qu'on ait de lui, et ici, l'intention est de montrer l'image d'un roi administrateur, d'un chef d'état.

Avant qu'il ne devienne un article de mode, et ne prenne des formes excentriques, le col rabattu est un marqueur de sobriété et de gravité. Sur les portraits du troisième quart du XVIe siècle, les gentilhommes de la cour portent principalement la fraise. Sous Charles IX, le col blanc ne se remarquait que sur les portraits des religieux, des hommes de lettres ou de science (cette tendance s'inversera sous le règne d'Henri III). Mais ici, le roi n'apparaît plus comme un prince mondain, ni comme un roi de guerre (il n'est pas représenté en armure comme nombre de ses contemporains). Il apparaît comme un "homme de bureau", ce qu'Henri III était assurément au quotidien. Contrairement à d'autres qui préferaient le grand air et la chasse, Henri III était un homme d'intérieur, autant soucieux de gouverner l'Etat que de l'organisation des modes de gouvernement et de ses représentations (notamment par l'organisation d'une étiquette très stricte).

Ano_Henri-III BnF2_v1Cette nouvelle image du roi apparaît à une époque de restauration de l'autorité monarchique. Après trois années de règne plutôt calamiteuses, le jeune roi cherche à redorer son blason. Avec les états généraux de 1576 et la sixième guerre de religion, Henri III parvient à imposer une paix suffisamment stable pour réformer son administration, et affermir son pouvoir. Cette nouvelle image s'inscrit dans cette politique de reconquête de souveraineté.

Le portrait a été utilisé dans de nombreuses gravures ornées dans le pur style Renaissance, avec un cadre illustré de motifs foisonnants et souvent symboliques (images ci-contre et ci-dessous).

 

Gaultier_1580_Henri-III_BnFVoir également « Thomas de Leu et le portrait français de la fin du XVIe siècle»,, in Gazette de beaux-arts, octobre 1961 et Alexandra Zvereva, « Il n’y a rien qui touche guères le cœur des simples personnes que les effigies de leurs princes et seigneurs ” : la genèse du portrait de Henri III », in Isabelle de Conihout, Jean-François Maillard et Guy Poirier (dir.), Henri III mécène des arts, des sciences et des lettres, Paris, PUPS, 2006, pp. 56-65.

 

 

Ano_Henri-III_BnF5_copieSource des images  : (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Gallica ; Gallica ; (Londres, British Library) ; Gallica ; Gallica ; (New York, Metropolitan Museum of Art, 1588) ; Gallica

 

 

Ano_Henri-III_BnF4 - CopieAno_Henri-III_Les_Singuliers_et_Nouveaux_Portraicts_Met-MsmPortrait_de_Henri_III_enAno_Henri-III_British-Library Entry_of_HIII_and_Louise_into_Orleans

 

 

 


 

 Ano_Henri-III_BnF7_1587Ano_Henri-III_BnF6_1586Source des images : Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Gallica

 

 

 

 

 

Henri III (musée Condé)Portrait au crayon d'Henri III aujourd'hui conservé au musée Condé de Chantilly et attribué par l'historienne Alexandra Zvereva au peintre Etienne Dumonstier 2

Source de l'image : Plateforme Ouverte au Patrimoine ou Agence photographique de la Rmn (localisation : Chantilly, musée Condé)

Le dessin n'est pas sans rappeler la miniature de Florence vue précédemment. La différence se situe principalement au niveau du rabat qui est, sur le dessin, plus large et déployé. Du point de vue de la mode, c'est la forme qui s'impose dans les années 1580.

Il est donc fort probable que ce dessin ne soit que la réactualisation du modèle précédent. Ceci expliquerait notamment pourquoi les cheveux sont moins développés sur ce dessin. Les portraits de jeunesse d'Henri III présentent toujours une coiffure soignée et surelévée au-dessus du front ; ce n'est plus le cas dans ce modèle-là. Le dessin présente un roi plus âgé.

Par ailleurs, la particularité de ce portrait est que le roi porte un pendant d'oreille qui a la forme de la lettre grecque λ (lambda) qui correspond à la lettre L en alphabet latin.

LambdaCette forme curieuse est supposée être une marque d'estime envers la reine Louise de Lorraine que le roi aimait sincèrement. Selon la thèse d'Isabelle Haquet, rien n'interdit de penser que le roi ait donné à ce pendant d'oreille un deuxième sens, qui serait caché et compréhensible uniquement des initiés. Comme son grand-père François Ier, et nombre de ses contemporains, Henri III était pétris d'ésotérisme chrétien ; le lambda serait ici le symbole du Logos, le Verbe divin, donc le Christ, que le roi, en bon chrétien, entendait incarner sur terre en devenant le réceptacle de l'Esprit Saint3. L'image du roi est donc celle d'un "roi-Dieu". Isabelle Haquet va plus loin encore en proposant d'interpréter chaque détail du portrait comme un symbole : la broche au diamant placée au centre de la toque serait la marque scintillante de la divinité incarnée ; la plume disposée autour de cette broche serait le symbole du feu du Saint-Esprit ; les trois aigrettes qui s'élèvent au-dessus de la toque rappellent la Trinité, etc.

La thèse est fort séduisante, car on sait qu'en plus, d'avoir un goût certain pour la spiritualité, le roi avait l'esprit philosophe. Dans la continuité de la politique de ses prédécesseurs, Henri III protégeait les intellectuels en décalage avec leur temps comme Giordano Bruno.

ChristiesIl ne semble pas exister de peinture connue qui reprend le dessin de Chantilly avec exactitude. L'original peint par Dumonstier semble perdu ; seules des copies ou des variantes subsistent. Et il en existe un certain nombre. La diffusion de l'image royale dans les années 1580 est à l'origine d'une production très importante de portraits.

Je vous en propose une gamme ci-dessous. Certains d'entre eux sont des copies tardives d'époque Henri IV ou Louis XIII. Ils sont reproduits de château en château dans les galeries de portraits. Il faut alors les prendre pour ce qu'ils sont, à savoir des interprétations parfois fort éloignées du modèle initial (la copie d'une copie).

Ces reproductions sont si nombreuses qu'il s'en vend de temps en temps dans les maisons de vente aux enchères.

Les plus fidèles reproduisent le pendant en forme de lettre λ (1ère ligne de portrait ci-dessous). Elles sont probablement les plus contemporaines du dessin original. Les autres, moins talentueux dans la reproduction des détails, font sauter le pendant.

Source de l'image : Christie's (vente du 2 avril 2003 à New York)

Henri III (palais Pitti)Henri III, château de VersaillesHenri III de France, Château du Wavel à CracovieVente de Tajan, 2013Source des images (1ère ligne) :  (Florence, palais Pitti) ; Agence photographique de la Rmn (Versailles, musée du château; Wikimedia commons (Cracovie, Château du Wavel) ; La Gazette Drouot (Tajan, vente du 26 juin 2013 à Paris)

Henri III, musée CondéVente de Millon, 2007Vente de Drouot, 2011Vente de Pousse Cornet Valoir, 2020Source des images (2e ligne) : Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé) ; La Gazette Drouot (Vente du 23 mars 2007, chez Millon) Drouot (Vente du 09 juin 2011 à Paris) ; Pousse Cornet Valoir (Vente du 8 novembre 2020 à Blois)

Henri III (musée Carnavalet)Henri III, musée Condéfrançois-clouet-portrait-of-king-henry-iii-of-franceHenri III (Vasari Auction)Source des images (3e ligne) : (Paris, musée Carnavalet) ; Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé) ; Artnet.fr ; Vasari Auction (vente du 15 mars 2014 à Bordeaux)

 

Henri III (Bnf)Henri_III_BnFHenri III (Metropolitan museum)

Dumonstier_Henri_III_ArtCurial_20212Il existe encore d'autres portraits de ce type, mais sous forme de miniature, comme celles insérées dans le livre d'heures de Catherine de Médicis (ci-contre, premières images à gauche).

Source des images : (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; (New York, Metropolitan museum of art) ; Artcurial (Vente du 9 juin 2021 à Paris)

 

 

Wierix_1647_Henr-III_RCPortrait d'Henri III sculpté en 1585 par le graveur anversois Johannes Wierix

Source des images  (Dessin de Johannes W.) : (Cambridge, The Fitzwilliam museum) ; (The Royal Collection). Source des images  (Dessin de Jerôme W.) : Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; (Londres, British Museum) ; (The Royal Collection)

Ce chef-d'oeuvre témoigne de la virtuosité technique des hommes du nord. Le tirage conservé par The Royal Collection, a été édité en 1647, mais d'après la matrice gravée en 1585. Elle reprend avec beaucoup de précision le dessin de Dumonstier à l'exception que le pendant en forme de lambda (λ) n'a pas été représenté. L'observation de la marque blanche présente sur le revers du col laisse supposer que le lambda avait été dessiné et gravé sur la matrice, puis effacé. Pourquoi cet effacement ?

Selon Isabelle Hanquet, il n'existe pas de témoignage contemporain pour certifier que le roi portrait un lambda en pendant d'oreille. Sa présence sur le portrait officiel serait seulement symbolique.

Wierix_Henri-III_BnF - CopieLe pendant λ n'apparaît finalement sur aucune estampe, car c'est la gravure de Johannes Wierix qui va servir de modèle aux autres publiées après lui.

Parmi ses copieurs, se trouve son propre frère Jérôme (ou en latin Hiéronymus). Les deux estampes ne doivent pas être confondues (image ci-contre). Jérôme Wierix a repris la gravure de son frère, mais avec beaucoup moins de rigueur. Son dessin présente un visage plus idéalisé et par conséquent moins réaliste. Par ailleurs, Jérôme commet l'erreur de reproduire la troisième boucle d'oreille, alors que le lambda avait été effacé sur la matrice de la première. Henri III se retrouve donc affublé de trois boucles d'oreille, dont deux à vide.

Gaultier_Henri-III_1587_Royal_collGaultier_Henri-III_BnFEn France, le portrait de Wierix a été repris avec moins de réussite par Léonard Gaultier. Le graveur français a été jusqu'à reproduire l'erreur de son modèle par la représentation de la troisième boucle, celle où devait pendre le lambda (λ).

Source des images : Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; (The Royal Collection) ; (The Royal Collection)

 

Rabel_1587_Henri-III_OnbAno_Henri-III_BnF_serieWierix_1586_Henri-III_BnF_v2L'oeuvre a servi utérieurement dans d'autres projets de publication. L'image d'Henri III est parfois utilisée dans des séries de portraits, portraits des rois de France, ou portraits des hommes illustres de son temps.

Source des imagesGallica ; (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Gallica ; (Österreichische Nationalbibliothek)

 

 

Henri III, musée NarodowePortrait d'Henri III peint par Etienne Dumonstier et aujourd'hui conservé au musée Narodowe de Poznan (en Pologne)1

Source de l'image : Château royal de Blois (localisation: muzeum Narodowe)

Le plus notable des portraits tirés du dessin de Dumonstier est celui du musée Narodowe en Pologne. Le cadre est élargi à la taille, faisant apparaître les mains du roi.

La peinture de Narodowe se distingue du dessin de Chantilly de plusieurs façons : la broche de la toque a la forme caractéristique d'une étoile à 8 branches ; le pendant d'oreille en forme de lettre λ (lambda) a disparu ; le col blanc est plus large.

La peinture a donc peut-être été tirée à partir d'un autre dessin de Dumonstier, et probablement plus tardif, si on considère l'extension du rabat comme un élément de datation.

Henri III, musee GranetCes élements distinctifs se retrouvent sur deux autres peintures, dont la copie réalisée au XVIIe siècle pour la galerie des illustres du château de Beauregard (ci-contre à droite).  

Source des images : Bridgeman Images (Aix, musée Granet) ; (Château de Beauregard)

 

 

 

 


 

Notes

1. Isabelle HAQUET, L’énigme Henri III, Presses universitaires de Paris Nanterre, 2012

2. Pour l'attribution du portrait et celui traditionnellement attribué à Quesnel voir la notice rédigée par Alexandra Zvereva in Fêtes et crimes à la Renaissance : La cour d'Henri III, Paris, Somogy, 2010, p. 82.

3. Isabelle HAQUET, Op. cit., 2012, p.

Article initialement publié en nov. 2020.

19 septembre 2022

Autres représentations


Portraits gravés du roi en armure

 

Henri III (BnF)Henri III (BnF)Henri III (BnF)Henri III (BnF)

 

 Source et localisation : Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Gallica ; Gallica ; Gallica

 


Portraits gravés en médaille

Henri-III_Bm_193105077Henri-III_Bm_G3FrMHenri-III_Bm_M2208Henri-III_Bm_M2207Henri-III_Bm_M2206


Source et localisation : (Londres, British museum) ; (Londres, British museum) ; (Londres, British museum) ; (Londres, British museum) ; (Londres, British museum)

 Autres portraits peints (XVIe-XVIIe, voire XIXe siècle)

 

Quesnel_Portrait_of_Henri_Valois Portrait d'Henri III attribué à Quesnel et conservé au musée national de Varsovie (source de l'image : Wikimedia commons)

 

 

 

 

Henr-III_metmuseumPortrait d'Henri III conservé au Metropolitan museum of art de New York et attribué à un peintre français de la fin du XVIe siècle.

La disposition de la coiffure et la forme de la fraise appartiennent à la mode vestimentaire des dames. Le contexte de production de cette image mériterait d'être connu.

 

 

 

 G_Henri_III_Frick_collectionPortrait d'Henri III vendu par Christie's le 18 novembre 1927 (source de l'information : Frick Digital Collections)

 

 

 

 

 

Coutau-Bégarie_2019Portrait d'Henri III vendu par Coutau-Bégarie le 24 mai 2019 (source de l'image : Gazette Drouot)

 

 

 

 

 

 

Henri III (Bussy-Rabutin)Portrait d'Henri III peint au XIXe siècle pour le château de Bussy-Rabutin (source de l'image : Regards)

Le tableau a été commandé au XIXe siècle pour compléter la galerie des illustres du château de Bussy-Rabutin (département de Côte d'Or). La galerie date du XVIIe siècle, mais elle a été réaménagée et complétée deux siècles plus tard.

Le portrait d'Henri III semble reprendre en partie la gravure de Wierix, car le roi porte le lambda en pendant d'oreille, ce qui n'est pas courant.

 

 


Portraits au crayon

 

 Henri-III_Henri III-bibliotheque

 

Source des images et localisation des oeuvres  : Paris, Conservatoire national des arts et métiers ; Collecta (Paris, Bibliothèque nationale de France)

 


Représentations non "pourtraict"  d'Henri III

 

Le Roy de FranceReprésentation du "roi de France" dans la série Habits de France de la Collection Gaignières, vers 1581-1586

Source de l'image : Collecta (Paris, Bibliothèque nationale de France)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

AnjouReprésentation d'Henri III  dans le Terrier de la seigneurie de Besse-en-Chandesse, conservé au musée Condé, vers 1574-1579

Source de l'image : Booksopenedition.org ; ou Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé)

 

 

 

 

 

 

traite_charite_chretienneReprésentation d'Henri III dans le Traité de la Charité chrétienne, conservé à la fondation des princes Czartoryski à Cracovie

Source de l'image : Henri III mécène: des arts, des sciences et des lettres, p. 45.

 

 

 

 

 

 


 

 

Les portraits d'Henri III en diaporama dans une vidéo postée sur You tube :

 

 

5 septembre 2009

Où nous retrouvons la princesse de Conti


Louise de Lorraine, princesse de Conti (1588-1631)Portrait de Louise de Lorraine par Thomas de Leu d'après Quesnel

Il s'agit d'un très beau portrait de Louise de Lorraine. Mais quelle Louise de Lorraine ? Il en existe plusieurs. On peut comprendre qu'il soit tentant d'y voir la reine Louise de Lorraine-Vaudémont (voir la base de données de Versailles et celle du British museum) mais le costume de la jeune fille représentée ne permet pas cette identification.

La gravure représente une fleur en bouton de la cour d'Henri IV. Or, qui d'autre que Louise-Marguerite de Lorraine, future princesse de Conti, fille de la duchesse de Guise peut incarner la beauté avec un tel éclat à la cour du Vert-galant ?

La coiffure semble dater le portrait vers 1597-1599, mais la jeune princesse n'avait qu'une dizaine d'années à l'époque. Comme la gravure ne mentionne pas son titre de princesse de Conti, elle a certainement été réalisée avant le mariage de la princesse en 1605, voire pour cette occasion.

Décidemment, la pauvre princesse est confondue souvent avec une autre. On se souvient que dans un précédent article, j'avais évoqué la confusion qui avait été faite à propos de l'un de ses portraits qu'on avait autrefois identifié à la reine Marie Stuart.

Source : (Londres, British museum)

26 mai 2007

Le duc d'Anjou


François_de_Valois_duc_d'AlençonPortrait au crayon de François d'Anjou par Pierre Dumonstier

Source de l'image et localisation : Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France)

Il s'agit peut-être d'un portrait réalisé au lendemain de la victoire que François remporte sur son frère Henri III. Avec ses alliés malcontents et protestants, il contraint le roi a signer l'édit de Beaulieu qui cède à François un nombre considérable d'avantages (1576).

François se soumet au roi mais reçoit en échange le duché d'Anjou en apanage. Désormais appelé duc d'Anjou, François fait son retour à la cour plus fort et plus puissant que jamais. Il devient un personnage incontournable, rivalisant avec le roi par son influence et son réseau de courtisans.

 

 

 

François d'AnjouLe dessin a servi à réaliser plusieurs portraits peints du prince.

Le costume n'est pas sans faire penser au portrait d'Henri III peint au début du règne et à celui du roi de Navarre peint vers 1576.

Le prince porte également le même type de pourpoint, le même collier et quasiment la même fraise que ceux portés dans le portrait précédent. Il ne serait pas étonnant que le portrait en soit une variante.

Ce tableau de très bonne facture (ci-contre), présente l'intérêt d'un cadrage plus élargi, ce qui permet de mieux apprécier le costume (le manteau et le haut-de-chausse).

François d'Anjou, miniature des OfficesFrançois, Victoria and Albret museumSource et localisation des images : Sotheby's ; Web gallery of art (Florence, galerie des Offices) ;(Londres, Victoria and Albert museum)

Biblio : Jean Adhémar, Les Clouet et la cour des rois de France, de François Ier à Henri IV, Paris, 1970 ;

P. Rosenberg, Pittura francese nelle collezioni publiche fiorentine, Firenze, Centro Di, 1977 (Florence, musée de Offices) 

 

 

Francois d'Anjou BeauregardFrancois_DrouotFrançois d'Alençon, Kunsthistorisches museumSource : (Vienne, Kunsthistorisches museum) ; Gazette Drouot (Mirabaud - Mercier, vente du 23 juin 2021 à Paris ) ; Wikimedia (Château de Beauregard)

 


 

 

 

 

François d'Anjou, extrait de la tapisserie des ValoisFrançois d'Anjou, extrait de la tapisserie des ValoisPortrait de François d'Anjou sur l'une des tapisseries des Valois

Le duc est représenté en armure devant un fond illustrant un combat équestre.

Source : Frances Yates, The Valois tapestries, 1959 (Florence, musée des Offices)  








François d'Anjou, extrait de la tapisserie des Valois, musée des OfficesLa reine margot et son frère François d'Anjou, musée des OfficesReprésentation de François d'Anjou et de sa soeur Marguerite de France, reine de Navarre sur l'une des tapisseries des Valois.

 

Contrairement à la précédente tapisserie, François est représenté en habit de cour. Il porte toujours une barbe légère et une petite moustache taillée.

Cette mise en scène, en toute apparence anodine, connote un dessein très politique. François était proche de sa soeur Marguerite. Comme elle, il était la victime des quolibets de la cour d'Henri III et les calomnies les avaient rapprochés.

L'éléphant d'Anvers, dans la tapisserie des Valois, musée des OfficesL'homme placé derrière eux sur la tapisserie n'a pas été identifié. Frances Yates qui a travaillé sur les tapisseries, a pensé qu'il pouvait s'agir d'un membre de la maison de Nassau. Protecteurs des Calvinistes aux Pays-Bas, les Nassau tentaient de libérer leur pays du joug espagnol et François était pressenti pour devenir leur nouveau souverain.

Sur le fond de la tapisserie, est représenté un spectacle mettant en scène un faux éléphant. Il pourrait s'agir d'un événement qui a eu lieu à Anvers en 1582, lors de l'Entrée de François. Ce n'est qu'une hypothèse. Les huit tapisseries ont pour point commun de représenter au premier plan des personnages qui n'ont pas de rapports temporels avec la scène représentée sur le fond.

Source : Fr. Yates, Op.cit. (Florence, musée des Offices) 

 

4 août 2018

L'enfant roi (1560-1565)


Portrait du roi Charles IX, peint et dessiné par François Clouet en 1561, respectivement conservés par le Kunsthistorisches museum et la Bibliothèque nationale de France

Charles IX, BnFCharles IX, Kunsthistorisches museumSource des images et localisation des oeuvres : (Vienne, Kunsthistorisches museum) ; Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France)

Le 5 décembre 1560, Charles succède à son frère François comme roi de France. Son accession au trône est évidemment l'occasion pour sa mère Catherine de lui faire tirer son premier portrait officiel par François Clouet.

Selon l'historienne Alexandra Zvereva qui en a fait l'historique, le portrait original serait le dessin vendu aux enchères par Christie's le 26 janvier 2012. Malheureusement, l'oeuvre aurait été fortement dénaturée par des retouches largement ultérieures. Le dessin conservé par la BnF (illustration ci-dessus) ne serait que la copie réalisée par Clouet lui-même (ou son atelier) pour sa propre collection1.

Charles_IX_Dorotheum _2023_05De ce dessin découle un grand nombre de portraits peints dont le plus abouti est celui conservé au Kunsthistorisches museum (illustration ci-dessus) ; le ruché porté par le prince est décoré de passementerie avec un souci du détail qui ne se retrouve pas sur les autres portraits.

Le roi a 10 ans. Étant mineur, le gouvernement de son royaume est confié à un conseil de régence présidé par sa mère. Face aux tensions religieuses naissantes, Catherine de Médicis entend fédérer la noblesse autour de la personne royale. La production et la diffusion d'un portrait officiel participe à ce projet en faisant connaître l'image du roi et le rapprocher de ses sujets.

De cette production est sorti un si grand nombre de portraits qu'aujourd'hui, il s'en vend régulièrement sur le marché de l'art. Parmi les plus notables, il y a celui vendu par Dorotheum à Vienne en 2023 (illustration ci-contre). C'est une belle réplique ; malheureusement, il lui manque la plume de la toque malencontreusement effacée par le repeint maladroit du fond.

Charles IX, VersaillesCharles IX, Chantilly, musée CondéCharlesIX (The Metropolitan Museum of art)Source des images et localisation des oeuvres ci-contre : Dorotheum (Vienne, vente du 3 mai 2023) ; Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé) ; (New York, The Metropolitan museum of art) ; (Versailles, musée du château)

Source des images et localisation des oeuvres ci-dessous : (Angers, musée des Beaux-arts)(Royaume-Uni, Royal Collection)

Charles IX, The Royal CollectionCharles IX, musée des Beaux-arts d'AngersDe cette série iconographique, la Collection royale britannique conserve une miniature dont on sait qu'elle a appartenu au roi Charles Ier d'Angleterre, petit-fils de Marie Stuart (ci-dessous à droite). L'oeuvre est attribuée à François Clouet, mais déjà, à l'époque, on sait d'après les inventaires qu'elle était identifiée à François II (le premier époux de Marie Stuart). Cette erreur d'identification est la preuve que, sans inscription qui identifie les portraits, les propriétaires ne conservaient pas longtemps la mémoire des noms.

 

 

Charles IX, Christie'sPortrait de Charles IX dont la récente apparition sur le marché de l'art a permis de remettre en cause l'identité d'un tableau conservé par le musée Condé traditionnellement identifié à François II (ci-dessous à gauche).

Le tableau a été vendu chez Christie's en 2009. Il a pour modèle l'oeuvre de François Clouet. Il se différencie du beau portrait peint du Kunsthistorisches museum par la couleur bleue de l'arrière-plan, un cadrage élargi au niveau du buste, et un rendu du détail moins important. Néanmoins, l'enfant roi reste particulièrement reconnaissable.

Cette précision du détail n'existe pas dans le portrait conservé à Chantilly (ci-dessous à gauche). Celui-ci est très ressemblant mais la carnation est si faiblement rendu qu'on ne reconnaît pas d'emblée les traits de Charles IX. Cette simplicité picturale explique pourquoi on y a vu à tort, les traits de François II. Pendant longtemps, le tableau a été faussement identifié au frère aîné de Charles et présenté comme tel au musée Condé. Avec la vente de Christie's, le portrait de Chantilly prend une toute autre signification ; la similitude de la pose, du costume et du visage, en fait une simple copie du premier.

Charles IX, Chantilly, musée CondéPortrait de Charles IX, autrefois identifié à François II (Chantilly, musée Condé)Par la couleur du fond, un autre portrait de Chantilly peut se rattacher à cette série (portrait ci-contre à droite).  Il représente Charles IX dans un cadrage élargi à la taille, la main au côté. La faible rendu de la carnation le rapproche de l'autre portrait de Chantilly.

A travers ces exemples, il est intéressant de voir combien les collections privées peuvent être enrichissantes pour comprendre les collections publiques et par la même occasion l'iconographie, l'art et les études historiques en général 2.

Source des images : Christie's (Vente du 29 janvier 2009 à New York) ; Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé) ; Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé)


Charles IX France, vente de 2020Ce portrait de Charles IX en habit blanc se démarque des autres représentations du roi. Le tableau est apparu sur le marché de l'art en 2020. Mais sa particularité interroge. Le costume est très riche et sur le plan pictural, particulièrement réussi, mais le visage en lui-même, plutôt impersonnel, n'est pas sans rappeler les précédents.

La particularité réside également dans le cadrage. Comme celui de Chantilly, il est élargi à la taille. Le tableau dévoile le détail des  basques découpées en trapèze, la ceinture et le pommeau de l'épée et la partie supérieure des hauts-de-chausses.  Au même titre que les portraits en pied, ce type de cadrage est peu habituel.

Source des images : Mutulalart (vente du 9 juin 2020)

 

Charles IX, Christie'sPortrait de Charles IX peint par François Clouet et récemment vendu aux enchères par Christie's

Source de l'image : Christie's (Vente du 8 décembre 2016 à Londres)

Ce portrait diffère de celui du Kunsthistorisches museum par l'absence de fourrure au niveau du col et des épaulettes. Son apparition dans une vente aux enchères permet de renouveler l'historique des portraits de Charles IX, en mettant à jour une nouvelle généalogie. Car ce tableau présente des points communs avec un portrait présent à  la Pinacothèque Tosio Martinengo de Brescia et un autre qui a été récemment vendu aux enchères chez Artcurial 3 (voir ci-dessous).

Le jeune garçon semble plus mature que dans le précédent modèle ; comme si l'intention était de donner à l'enfant, plus de présence et de crédibilité. L'oeuvre porte la date de "1561", mais le portrait aurait pu être peint pendant la première guerre de religion. Cet événement marquant pour le royaume et son roi aurait pu servir de prétexte à dresser et diffuser un portrait réactualisé de Charles IX.

 

Charles IX, Sotheby'sCharles IX, ArtcurialCharles IX, Brescia, Pinacoteca TosioCharles IX, Metz, musée de la Cour d'or

Source des images de gauche à droite : Wikimedia Common (Metz, musée de la Cour d'or) ; (Brescia, Musei Civici di Arte e Storia - Pinacoteca Tosio Martinengo) ; Artcurial (Vente du 21 mars 2018 à Paris) ; Sotheby's (Vente du 28 janvier 2005 à New York) 

 

 

Portrait de la famille royalePortrait du roi et de sa famille d'après la photographie d'un tableau détruit par un incendie

Source de l'image : Louis DIMIER, Histoire de la peinture de portrait en France au XVIe siècle, G. Van Oest, 1924

Le roi est représenté au centre du tableau, entouré de ses frères et sa soeur. Sa mère, le tient dans ses mains. Le tableau a été réalisé dans le contexte des guerres de religion. Catherine de Médicis tient fermement celui qui incarne l'État et que d'aucuns, Grands de la noblesse aimeraient placer sous leur influence pour faire basculer le royaume dans leur camp politique.

La première guerre de religion s'achève en 1563. Le roi est déclaré majeur mais Catherine de Médicis continue de gouverner en son nom. La reine a fait avancer la déclaration officielle de sa majorité pour mieux asseoir la légitimité du pouvoir royal. Après une année de guerre fratricide dévastatrice, la Couronne était dans la nécessité de faire entendre sa voix aux gens de guerre et d''imposer la Paix à ses sujets.
 

Charles IX, in Recueil des effigies, BnF

Charles IX, in Chroniques de FranceCharles IX, Osterreichische nationalbibliothekReprésentations gravées de Charles IX insérées dans des ouvrages imprimées

Source des images : (Vienne, Osterreichische nationalbibliothek) ; Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) 4 Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France)

La première estampe reprend le portait fixé par Clouet. La troisième représente le roi à mi-corps, en pleine page. Elle est tirée du Recueil des effigies des Roys de France 5, publié en 1567 par François Desprez (ci-contre à droite). L'image a été reprise par l'imprimeur italien Bernardo Giunti dans une édition de 1588 (voir l'exemplaire conservé à la Bibliothèque nationale de France ou  au British museum).

 

Charles IX, BnFPortrait au crayon de Charles IX, exécuté vers 1565 et conservé à la BnF

Source de l'image : Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France)

Le dessin représente Charles IX à l'âge de quinze ans environ. Il a l'originalité de montrer le roi sous un autre angle, celui, moins courant, du coté découvert de la tête.

A cette époque, le roi et sa cour parcourent la France dans un grand voyage qui dura plus de deux ans. C'est le grand tour de France (janvier 1564-mai 1566). Catherine de Médicis entend parachever la paix en amenant le roi aux confins de son royaume. Pour la Couronne, il s'agit de contrôler la bonne application de l'édit d'Amboise et de s'assurer la fidélité de ses sujets.

Plusieurs portraits semblent se rattacher à ce dessin. Celui qui nous intéresse le plus est le tableau vendu chez Sotheby's en 2002 (troisième image ci-dessous). Le catalogue de vente l'identifie à son frère, Henri d'Anjou, mais c'est une erreur. L'identité du modèle est confirmée par une variante conservée aux États-Unis, et identifiée à Charles IX (quatrième image ci-dessous).

Le lien entre ces deux peintures et le dessin de 1565 n'est pas évident, car le roi n'est pas représenté du même coté et l'on trouve quelques différences au niveau du costume. Peut-être s'agit-il de peintures réalisées d'après un portrait plus tardif ? Peut-être procèdent-elles du portrait tiré par François Clouet en 1566, et aujourd'hui perdu (puisque retouché par l'artiste trois ans plus tard, voir le dessin du musée de l'Ermitage dans l'article suivant) ?

Charles IX, musée de BirminghamCharles I, SothebysCharles IX (Collection privée)

Charles IX, Dresde, Staatliche Kunstsammlungen

Source des images : (Dresde, Staatliche Kunstsammlungen) ; meisterdrucke.fr  (collection privée) ; Sotheby's (Vente du 18 novembre 2002 à Paris) ; Wikimedia Commons (Birmingham, Museum of Art)

 

 


Notes

1. Alexandra ZVEREVA, Portraits dessinés de la cour des Valois. Les Clouet de Catherine de Médicis, Arthena, Paris, 2011, p. 365.

2. L'identification du portrait est corrigée par Alexandra ZVEREVA, Le Cabinet des Clouet au château de Chantilly, Nicolas Chaudun, 2011, p. 120, remplaçant les notices de A. CHATELET, F-G.PARISET, R .de BROGLIE, Chantilly, musée Condé, Peintures de l’école française, XVe- XVIIe siècles, Paris, RMN, 1970.

3. Catalogue de vente d'Artcurial, Maîtres anciens et du XIXe siècle, tableaux, dessins, sculptures, vente n°3254 du mercredi 21 mars 2018.

4. Gilles Nicole, Les Croniques et annales de France, depuis la destruction de Troye, jusques au Roy Loys onziesme, Volume 2, Chapitre CLXXXI.

5. Sur le Recueil des effigies des Roys de France, avec un brief sommaire des généalogies, faits et gestes d’iceux, voir la description sur le site de Christie's et le livre numérisé sur Gallica.

 

Article modifié le 05/05/2023

4 août 2018

Les portraits de Charles IX (1550-1574) Roi de

Les portraits de Charles IX (1550-1574)

 

Charles IXRoi de France à l'âge de 10 ans, Charles IX a eu le malheur de devenir le souverain d'un royaume en déliquescence, pris en otage par les factions politiques et les groupes religieux opportunistes. Les guerres de religion étaient inévitables et le pauvre enfant n'y pouvait rien, pas plus qu'il ne pouvait empêcher les atrocités commises durant la nuit du 24 août 1572 et les jours suivants.

Enfant, il avait du assister à de nombreuses réunions de tractations politiques, sans résultat probant de paix durable. Devenu adolescent, Charles se réfugia dans les activités sportives. Au dépit de sa mère, il fuyait l'exercice du pouvoir, s'épuisant à courir le gibier dans de longues parties de chasse. Il faut attendre les événements dramatiques de la fin de son règne, pour que le jeune roi prenne conscience de ses responsabilités d'adulte et gouverna. Mais, il décéda à l'âge de 24 ans.

Sur le plan iconographique, le fait que Charles IX soit devenu roi très jeune permet d'avoir de lui des portraits à toutes les étapes de sa vie. Cette série d'articles permet de le voir évoluer physiquement. A travers ses portraits, on le voit grandir, mûrir, prendre de la barbe et vieillir prématurément. 

Galerie de portraits de Charles IX

 Les articles ont été publiés une première fois, le 28 juin 2007 et réédités, après refonte, le 04 août 2018.

4 mai 2007

Les portraits des princesses de France La famille

Les portraits des princesses de France

Princesse_de_FranceLa famille royale des Valois compte au XVIe siècle une quinzaine de princesses royales. Filles, petites-filles, soeurs, tantes et cousines d'Henri II, celles qui ont atteint leur majorité ont été mariées aux plus grands souverains d'Europe et ont contribué à faire des Valois une véritable famille européenne.

L'Ecosse, la Lorraine, la Navarre, l'Espagne, la Savoie, la Toscane, Ferrare et Parme ont tour à tour accueilli l'une de ces princesses.

La plus célèbre d'entre elles, Marguerite de Valois, plus connue sous le nom de reine Margot a tenu à la cour une place si importante qu'elle méritait d'avoir une galerie de portraits particulière. Elle n'est donc pas comprise dans cette présente catégorie. 

Galerie des princesses de France









Cette catégorie est susceptible de se développer avec l'ajout des portraits de Renée, Charlotte, Madeleine, Marguerite et ... Marguerite, voire de Jeanne et Anne

30 avril 2007

La reine de France (1547)


Catherine de Médicis, dessin de seconde main (CNAM)Portrait de Catherine de Medicis, d'après un dessin de François Clouet

A la mort de François Ier en 1547, Catherine de Médicis devient reine de France. A cette occasion, François Clouet, portraitiste officiel du roi, a certainement réalisé son portrait, mais malheureusement ce portrait ne nous est parvenu que par des copies. 

On y voit Catherine porter ce que les Anglais appellent le French hood, une sorte de coiffe que les dames de la cour portaient dans la première moitié du XVIe siècle. Ses épaules sont recouvertes d'une gorgerette constellée de perles et de bijoux.blan

Catherine de Medicis, copie de la BnFCatherine de Médicis, the Asmolean museumLa royne mère, the Asmolean museumSource : (Paris, Conservatoire national des arts et métiers) ; ? (Paris, Bnf) ; (Oxford, The Asmolean museum) ; (Oxford, The Asmolean museum)

 

Catherine de MédicisLe dessin de Clouet a du faire l'objet de nombreux portraits peints, mais très peu d'entre eux nous sont parvenus (ci-contre à gauche)

Catherine de Médicis (Versailles)On le retrouve également en émail, tel ce petit portrait, mal reproduit ici, inséré dans un décor de style typiquement Renaissance.

Source des images : Agence photographique de la Rmn (versailles, musée du Chateau) ; Ivan Cloulas, Diane de Poitiers, 1997

 

 

 

 

 

 

 

Catherine_de_Medicis_Huys_Liefrinck_Britih-smuseumPortrait en pied de Catherine de Médicis gravé par Frans Huys et imprimé par l'éditeur anversois Hans Liefrinck

Source de l'image : (Londres, British museum) ou (Amsterdam, Rijkmuseum)

Catherine de Médicis a fait l'objet de plusieurs portraits gravés la représentant en tant que reine de France. Elle porte le costume de cour tel qu'il était à la mode en France dans les années 1550.

Portrait équestre de CatherineUne autre gravure, d'auteur inconnu, la représente à cheval, illustrant la réputation de la reine dans le domaine de de l'équitation (ci-contre).

 

 

 

 

 

 

Catherine de MedicisCatherineSource des images : (Paris, BnF) ; (Paris, BnF)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Portrait de Catherine de Médicis dessiné et peint par François Clouet, conservé au British museum pour le crayon et au Victora et Albert museum pour la miniature

Catherine de Médicis (Victoria and Albert museum)Catherine de Medicis, British museum

 

 

Catherine, musée CondéLe dessin de François Clouet (ci-dessus à droite) est à l'origine d'une très jolie miniature (ci-dessus à gauche) représentant la reine, le cou orné d'une petite fraise (ou ruché) et les épaules voilées par une guimpe cadrillée de perles. Elle tient dans ses mains un petit éventail. Le dessin a fait l'objet d'une copie assez pâle (ci-contre).

Source des images : (Londres, British museum) ; (Londres, Victoria and Albert museum) ; Agence photographique de la Rmn  (Chantilly, musée Condé)

 

 

Limosin_1553_Catherine de Médicis_KugelPortrait de Catherine de Médicis par Léonard Limosin vers 1553

Source des images : (Galerie Kugel)

 

14 septembre 2007

La remise en question d'un prétendu portrait de Jeanne d'Albret


Prortrait dit de Jeanne d'AlbretIl existe au musée Condé à Chantilly un portrait de Jeanne d'Albret, reine de Navarre dont l'identification mérite d'être réétudiée.

Le portrait représente une dame probablement mariée, âgée de 35 à 45 ans. C'est une femme d'un important lignage appartenant vraisemblablement à la cour de France. La coiffure appartient aux années 1560 mais la collerette appartient davantage à la première moitié des années 1570.

Or cette description peut difficilement désigner la reine de Navarre.

 * En 1570, Jeanne d'Albret est veuve depuis huit ans. Ses portraits la représentent en noir portant le voile et le chaperon noir, ce qui n'est pas le cas ici.

 * Deuxièmement, la femme représentée ici est assez loin d'être la protestante puritaine que fut Jeanne d'Albret. Le portrait représente davantage une femme de la cour habillée à la mode du temps.

 * comparaison du portrait de la dame avec un portrait de JeanneTroisièmement, le portrait ne ressemble pas à Jeanne d'Albret. La dame n'a ni son nez prédominant, ni ses petits sourcils droits et rectilignes. Son visage est moins allongé que celui de Jeanne d'Albret.

Du costume au visage, je ne vois rien qui puisse être rapproché du portrait de Chantilly.

 

 

 Deux portraits de la reine Jeanne

 

Diane de FranceAlors qui est donc cette dame ? Je propose de donner un nom : Diane de France, fille illégitime de Henri II.

Sur un portrait plus tardif, datée d'environ 1577, Diane est représentée avec des traits assez semblables à ceux de la dame de Chantilly, mais en plus accentués.

Il reste à confirmer la chose.

 

18 septembre 2007

Les portraits de François II Fils aîné d'Henri

Les portraits de François II

Galerie de François IIFils aîné d'Henri II, François est un roi de France qui n'a pas vécu longtemps. Mort à l'âge de seize ans, il n'a pas laissé beaucoup d'images de lui.

Appelé à monter un jour sur le trône, il est d'abord portraituré durant son enfance comme dauphin de France, héritier de la couronne. Il devient roi en juillet 1559 et meurt seize mois plus tard.

D'abord marqué par la répression, on oublie trop souvent que son règne fut sous l'action politique de Catherine de Médicis, le début de l'instauration d'un dialogue envers les tenants du calvinisme.

4 août 2018

Le roi adolescent (1566-1570)


Portrait de Charles IX aujourd'hui conservé à la fondation Bemberg à Toulouse et son pendant dessiné par François Clouet entre 1566 et 1569, conservé au musée de l'Ermitage

Charles, musée de l'ErmitageCharles IX, Fondation Bemberg

L'historique de ce très beau dessin a été reconstitué par l'historienne Alexandra Zvereva1 ; le portrait a été dessiné une première fois par François Clouet en 1566, puis, trois ans plus tard, l'artiste a profondément retouché son oeuvre pour vieillir les traits de l'adolescent ; il a également modifié le costume pour mettre le portrait à la mode de l'époque, rendant la toque emplumée plus bouffante.

Le tableau peint, conservé à Toulouse, fait apparaître les mains du personnage, derrière un rebord peint en trompe-l'oeil. Il s'agit de  mettre en scène le prince et rendre le portrait plus vivant. C'est une schéma de représentation traditionnel déjà expérimenté dans le grand portrait de François Ier conservé par le Louvre.

Charles IX, Ashmolean museumCharles IX, BnFCharles IX, musée CondéIl existe de ce portrait plusieurs reprises et répliques d'atelier dont les plus connus sont ceux qui le représentent en pied (dont celui du Kunsthistorisches museum, voir ci-dessous). Il existe également à la bibliothèque de Genève un très beau portrait inspiré par le crayon de Clouet (ci-dessous à droite).

 

Charles IX (Genève)Source des images (1ère ligne) : (Saint-Petersbourg, musée de l'Ermitage) ; Agence photographique de la Rmn (Toulouse, Fondation Bemberg

Source des images (2e ligne) : Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé) ; (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; (Oxford, Ashmolean museum)

Source des images (ci-contre) : (Bibliothèque de Genève)

 

 

Charles IX, Kunsthistorisches museumPortrait en pied de Charles IX peint par François Clouet en 1569 et aujourd'hui conservé au Kunsthistorisches museum

Source de l'image : (Vienne, Kunsthistorisches museum)

Le tableau a été envoyé comme cadeau de fiançailles à la cour impériale, dans le cadre des négociations avec l'empereur Maximilien d'Autriche pour le mariage de sa fille Elisabeth avec Charles IX 2

Il s'agit d'un très grand et beau tableau (224 x 116,5 cm), qui présente une grande richesse de détails dans le costume. On remarquera ici la grosseur des hauts-de-chausses qui atteignent leur taille maximale dans la seconde moitié des années 1560.

Le visage n'a pas le même traitement que le costume. Il s'agit probablement de deux peintres différents qui y ont travaillé. Il était fréquent pour un artiste de faire réaliser son tableau par les ses élèves de son atelier.

Charles IX, musée CondéCharles IX, musée du LouvreLe musée Condé et le musée du Louvre conservent deux répliques de petite taille, qui ne dépassent pas les 30 cm.

Source des images : Agence photographique de la Rmn (Paris, musée du Louvre) ; Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé)


Clouet_cercle_Charles_Ix_Galleria_Sabauda - CopieLe musée de Turin conserve une variante de grande taille tout aussi intéressante (196 x 99 cm) (image ci-contre). Le visage est le même, mais la posture et le costume diffèrent sensiblement. La fraise est plus épaisse et le bonnet plus volumineux ; du point de vue de la mode, l'oeuvre est légèrement plus tardive.

Le fait que le tableau soit actuellement conservé dans une galerie d'art piémontaise, héritière des collections ducales, laisse supposer que le tableau a été envoyé par la reine Catherine à son beau-frère le duc de Savoie.

Il est le témoin des démarches entreprises par la reine-mère pour marier son fils à une princesse européenne. 

Source de l'image : Catalogo Galleria Sabauda (Turin, Galerie Sabauda)

 

 

Charles IX, musée CondéPortrait de Charles IX peint dans l'atelier de François Clouet vers 1570 et aujourd'hui conservé au musée Condé à Chantilly

Source de l'image : Agence photographique de la RMN (Chantilly, musée Condé)

Le portrait a toujours pour modèle le dessin de l'Ermitage, mais se distingue par des modifications au niveau de la pilosité et du costume.

Le jeune roi arbore une petite moustache et des poils de barbe qui contribuent à rendre son visage d'adolescent plus mûr. Le costume a également évolué ; il est plus sobre que le précédent, mais le changement à souligner se situe dans la fraise et le chapeau qui ont légèrement pris du volume (fraise plus haute, et bonnet plus bouffant), montrant une mise à jour du portrait en fonction de la mode du moment. C'est également le premier portrait où Charles IX porte une boucle d'oreille

Le vieillissement du roi correspond à la volonté du jeune roi de paraître plus mature. Pour l'historienne Alexandra Zvereva, les précédents portraits peints dans le courant de l'année 1569, avaient laissé le roi insatisfait. Souverain d'un royaume où son autorité est sans cesse bafouée, Charles IX était soucieux de donner de lui une image plus virile.

Le conflit fratricide de la troisième guerre de religion oblige la couronne, à donner une image d'elle, qui soit fidèle à l'esprit de justice et de fermeté qu'elle entend incarner. Pour le jeune roi, c'est peut-être aussi une manière de répondre à son frère, Henri d'Anjou, élevé au rang de héros militaire après ses victoires sur les protestants à Jarnac et à Moncontour (1569). Prédisposé à la jalousie, Charles IX cherchait à renforcer son charisme pour contrer la gloire de son frère.

Charles IX, Tajan (Vente de 2005)Un portrait vendu chez Tajan en 2005 (image ci-contre) présente une troisième version peinte du dessin de l'Ermitage. Au premier abord, le tableau semble être une reprise du portrait en buste de Toulouse : les mains sont posées sur le rebord (alors qu'elles étaient absentes du tableau de Chantilly), la fraise est ouverte sur le devant, et le roi ne porte pas de boucles d'oreille. En revanche, le traitement du visage est le même que celui du tableau de Chantilly : le roi porte la barbe et les traits y sont plus accentués.

Comment le compendre ? Je propose l'explication suivante ; à l'origine, le tableau de Tajan n'était qu'une reproduction du tableau de Toulouse, mais une décision royale lui fit changer de trajectoire. Le roi exigea de son peintre d'être représenté plus mature. Les modifications ont pu être apportées alors que l'oeuvre était peut-être déjà en cours d'exécution. Sur le plan chronologique, le tableau de Tajan serait donc une étape intermédiaire entre celui de Toulouse et celui de Chantilly. 

Source de l'image : Tajan (vente du 21 juin 2005 à Paris)

 

Charles IX, musée du château de VersaillesPortrait de Charles IX, conservé dans les collections du château de Versailles

Source de l'image : Agence photographique de la Rmn (Versailles, musée national)

Du fait de son appartenance à la collection publique des musées français, c'est le plus connu des portraits de Charles IX.

La disposition originale des perles sur la toque et la forme évasée des tuyaux de la fraise ne le permet pas de le relier directement aux portraits précédents. L'atelier de François Clouet offre à travers cette peinture une quatrième version du portrait dessiné par le maître.

Les traits du visage sont bien les mêmes que le dessin de l'Ermitage, mais en plus prononcés. Le visage du roi a encore été vieilli. Le costume appartient à la mode des années 1570. Peut-être a t-il été peint vers 1572, à la même période que le portrait tiré par Decourt. Il s'agirait alors du dernier portrait peint de Charles IX sorti de l'atelier de François Clouet avant le décès de ce dernier  (voir article suivant).

 

Charles IX, British museumCharles IX, musée des beaux-arts d'AgenPortrait de Charles IX conservé au musée des beaux-arts d'Agen

Le portrait d'Agen propose une toute autre combinaison (image ci-contre à gauche). C'est celui d'un jeune homme barbu, habillé d'une fraise haute, dans un style qui le rattache davantage à la mode des années 1570.

Sa confrontation avec les portraits précédents le fait classer à part ; il ne semble pas appartenir à l'atelier de François Clouet. Le roi porte une barbe fournie, mais apparaît beaucoup plus jeune que sur le portrait de Chantilly ; en revanche, son habit, est d'un style plus tardif et donc plus moderne. En somme, c'est comme si les têtes n'étaient pas avec les bons costume. Comment le comprendre ?

La clé d'interprétation se trouve peut-être dans un dessin de Hans Liefrinck (ci-dessus à droite). Le portrait d'Agen s'en rapproche par le costume, la naïveté juvénile du visage et enfin, par la forme de la moustache (qui est recourbée vers la bouche au lieu d'être orientée vers la joue comme sur les portraits issus du modèle clouetien). 

Charles IX, par LiefrinckLiefrinck est un artiste et un éditeur flamand qui a fait imprimer plusieurs portraits de rois de France. Celui qu'il propose pour Charles IX n'est que la reprise du modèle imposé par Clouet, mais avec une caractéristique propre à Liefrinck qui est l'air ingénu qu'il confère à ses modèles ; le roi a un visage enfantin. Le tableau d'Agen reprend ce portrait, sans prendre en compte le changement adopté précédemment par le roi, ce qui crée cette légère incohérence dans l'iconographie évolutive de Charles IX : le tableau d'Agen présente un visage juvénile, alors qu'en France, la volonté royale était de paraître plus mature.

Le portrait de Liefrinck a fait l'objet de plusieurs gravures dont l'une le représente en pied (ci-contre). La représentation du costume que porte le roi porte est conventionnelle. Elle porte le témoignage d'une époque, mais peut-être pas de  la tendance du moment.

Source des images : Facebook du musée d'Agen (Agen, Musée des Beaux-arts) ; (Londres, British Museum) ; (Londres, British museum) ou (Vienne, Österreichische Nationalbibliothek) ou Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé)

 

Charles IX, BnFReprésentation de Charles IX à l'âge de 18 ans, sur une gravure de Mathias Zundt datée de 1568

Source de l'image : Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France)

Le jeune roi est représenté comme un chef de guerre, revêtu de son armure et tenant ses attributs royaux. Ce n'est pas un véritable portrait. L'artiste est un imprimeur allemand de Nuremberg. Il cherche moins à retranscrire les traits physiques du jeune prince, qu'à valoriser le prestige de son pouvoir temporel.

De plus, la gravure représente le roi comme un enfant plutôt qu'en jeune adulte. C'est le cas des autres portraits gravés du roi édités à la même époque. Dans une gravure de Liefrinck, représentant le roi en pied, l'artiste s'est contenté de reprendre une ancienne gravure de François II. Le roi est alors représenté comme un adolescent (ci-dessous).

C'est peut-être, en réaction contre ces images venues de l'étranger que le roi Charles IX avait exigé de ses portraitistes d'être représenté plus viril.

Charles, 1567Charles IXCharles IX, 1569, BnFLes représentations de Charles IX gravées à l'étranger sont rarement de véritables portraits. Il faut attendre l'avènement de son règne personnel pour voir émarger une image plus fidèle.

Source des images : (Amsterdam, Rijkmuseum) ou (Londres, British museum) ; Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) ou (Vienne, Österreichische Nationalbibliothek)(Londres, British museum)

 


Notes

1. Alexandra ZVEREVA, Portraits dessinés de la cour des Valois. Les Clouet de Catherine de Médicis, Arthena, Paris, 2011, p. 366.

2. Alexandra ZVEREVA, Le Cabinet des Clouet au château de Chantilly, Nicolas Chaudun, 2011, p. 27-28, 118-119, p. 150.

 

 

26 mai 2007

Le duc d'Alençon


Clouet_1572_Francois_dAnjou_Washington2

Portrait en pied du duc d'Alençon peint en 1572 et offert par Catherine de Médicis à la reine Elisabeth d'Angleterre1, aujourd'hui conservé à la National gallery of art de Washington

Source de l'image : (Washington, National Gallery of Art)

Ce tableau est l'un des plus beaux portraits des derniers Valois aujourd'hui existant pour cette époque. La qualité d'exécution, notamment dans le rendu du costume, confirme qu'il s'agit d'une oeuvre originale.

Comme les portraits français d'époque, en pied et en grandeur nature, sont rares dans les collections publiques, ce tableau est d'un intérêt exceptionnel.

Il est également intéressant pour l'histoire du costume (il est daté par une inscription en haut à gauche). Le jeune prince porte des hauts-de-chausses de forme trapézoïdale et une fraise dans la taille et la forme sont typiques de cette époque. La bosse du pourpoint au niveau du ventre annonce le volumineux panseron porté à la cour d'Henri III. 

Le tableau représente le duc d'Alençon à l'époque du massacre de la Saint-Barthélemy. C'est une période qui marque un tournant dans la vie de François. Longtemps resté dans l'ombre de ses frères et soeurs, il devient en 1572, le prétendant de la reine Elisabeth Ière d'Angleterre, après que son frère aîné Henri d'Anjou ait refusé de l'épouser l'année précédente. François d'Alençon devient ainsi le candidat tout désigné par la reine Catherine pour épouser la reine vierge. Ce serait dans le cadre de cette proposition d'alliance, que ce tableau aurait été offert à la reine d'Angleterre. 

Visage de François, extrait du tableauFrançois, prince consort de la reine d'Angleterre ? Malgré la grosse différence d'âge qui le sépare d'Elisabeth, François n'y est pas réfractaire.

L'année 1572 marque également le début de sa vie politique. Contre l'ascension du duc d'Anjou et l'action politique de la couronne pendant et après le massacre de la Saint-Barthélemy, François se place dans l'opposition, en se rapprochant des grands seigneurs catholiques, dits "malcontents" et des princes autrefois protestants, Condé et Navarre.

Il participe en 1573 au siège de la Rochelle que commande son frère Henri d'Anjou et planifie ses premiers projets d'évasion. Il envisage en effet de rejoindre la cour d'Angleterre qui soutient en secret les rochelais révoltés. 

 Francois_d_Anjou_Drouot_2012_05_30Portrait du duc d'Alençon vendu chez Drouot en 2012

Source de l'image : Alain.R.Truong (Drouot, vente du 30 mai 2012)

C'est une copie, plus affadie, du portrait de Washington (ci-dessus)

 

 

 

 

 

François d'AlençonPortrait du duc d'Alençon peint vers 1572 dans le livre d'heures de Catherine de Médicis

Source de l'image : (Paris, Bibliothèque nationale de France)

François est revêtu du manteau royal qu'il porte en tant que prince de la maison de France et la couronne ducale qu'il porte en tant que duc d'Alençon.

En pleine crise identitaire, le jeune prince devait après le massacre de la Saint-Barthélemy remettre brutalement en question l'autorité de sa mère. En 1574, il est à la tête d'un vaste complot qui a pour but le renversement de Catherine de Médicis et sa propre désignation comme héritier du trône à la place de son frère Henri parti rejoindre le trône de Pologne.

Par manque de coordination, la fronde des princes échoua lamentablement. François fut arrêté et son favori, La Mole, exécuté.

 

François assis à côté de ses frères, extrait de la fresque peinte par Vasari à RomeA cette époque, François est représenté par Vasari dans la fresque de la Sala Regia qui commémore le massacre de la Saint-Barthélemy (image ci-contre). Le peintre n'a jamais vu le prince mais pour l'exécution de sa fresque, il s'est fait envoyer à Rome son portrait. François est représenté assis à la droite de son frère le roi de Pologne.

 


Notes

1. Voir l'article écrit par Elizabeth Goldring dans The Burlington magazine, n°1211, volume CXLVI, février 2004. On y apprend que le tableau a été donné à la reine d'Angleterre au mois de mai 1572, par l'intermédiaire du comte de Leicester

Mise à jour de l'article le 18/10/2016

17 avril 2009

Les grandes erreurs


Je propose aujourd'hui d'évoquer les principales erreurs d'identification mises en exergue dans le blog. Il s'agit de six portraits représentant des Valois mais identifiés à la mauvaise personne.

Je reviens dessus car ce sont des portraits assez importants. Ils sont incontournables pour saisir l'iconographie des Valois et certains d'entre eux sont des oeuvres de maître. Il me semblait utile de rappeler la vigilance qu'il faut adopter à l'égard de chaque information trouvée sur une base de données mise en ligne même si celle-ci émane des institutions publiques. La recherche historique n'est qu'un cycle perpétuel de remise en question et je gage qu'il y a également sur le blog bien des choses qui pourraient être reprises.

Les quatre frères François II, Charles IX, Henri III et François d'Anjou ont été souvent confondus à cause de leur ressemblance physique. C'était bien le but de ce blog que de permettre à chacun de les différencier. 

Le tableau ci-dessous présente les anciennes et les nouvelles identifications.

Synthèse des erreurs

4 septembre 2009

Les portraits des princes de France Dans la

Les portraits des princes de France

Prince de FranceDans la famille royale, on peut distinguer deux types de princes : les aînés qui sont appelés à devenir roi et qui reçoivent à leur naissance le titre de dauphin et les cadets qui sont appelés à vivre dans l'ombre des premiers.

Des huit princes nés au XVIe siècle dans la famille des Valois, quatre sont devenus rois de France. La plupart pourtant n'étaient pas destinés à le devenir.

Les princes présentés dans cette catégorie sont ceux qui n'ont pas été rois mais qui auraient très bien pu l'être. Ils ont été généralement dotés d'un riche apanage et ont profité d'une influence considérable à la cour. Par les troubles qu'il a pu susciter, François duc d'Anjou est un personnage historique important qui a sa propre galerie iconographique. Il n'est donc pas présent dans cette catégorie.

Galerie des princes de France

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