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Les Derniers Valois
20 juin 2010

Charlotte de France (1516-1524)


Charlotte de France (Minneapolis)Portrait de Charlotte de France par Jean Clouet

Charlotte est la deuxième fille de François Ier. Elle est morte en 1524 à l'âge de sept ans. C'est précisément à cette date que Jean Clouet a réalisé le portrait ci-contre.

La mort de la petite princesse semble avoir beaucoup peiné sa tante. Marguerite d'Angoulême était attachée à elle au point de la faire revivre ultérieurement dans l'un de ses textes. Dans Dialogue en forme de vision nocturne, l'âme de Charlotte lui apparaît et lui raconte son bonheur de vivre dans l'au-delà.

Dans les jours qui avaient précédé sa mort, Marguerite était la seule personne de la famille à veiller à son chevet. La mère de la petite, la reine Claude, était morte deux mois plus tôt, sa grand-mère Louise était malade et son père François était en campagne. On était quelques semaines avant la défaite de Pavie et la capture du roi par les Espagnols.

Une variante de ce tableau existe à Chicago dans une collection particulière.

Source : (Minneapolis, Institute of Arts)

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4 décembre 2009

Charles d'Orléans (1522-1545)


Charles est le troisième fils du roi François Ier. A la mort de son frère aîné le dauphin François, c'est sur lui que le roi reporta son affection parternelle. Dans les années 1540, une importante rivalité devait opposer le prince Charles à son frère aîné Henri. Mais Charles mourut prématurément en 1545 à l'âge de 23 ans. Deux ans plus tard, Henri II montait sur le trône.


Charles de France, OrléansCharles de France, Chantilly, MN7Portrait de Charles de France dessiné au crayon par Jean Clouet et peint vers 1524 à l'âge de 2 ans environ1.

Source et localisation des images : Chantilly, musée Condé, MN7 (Agence photographique de la Rmn) ; Meisterdrucke ou Images d'art (Orléans, musée des Beaux-arts)

Il en existe plusieurs copies :

Images d'art (Chantilly, musée Condé, MN8) ; (Paris, musée du Louvre, INV33433, Recto)

 

 

Charles de FranceCharles de France (Chantilly)Portrait de Charles d'Angoulême dessiné au crayon par Jean Clouet vers 1535

Source des images et localisation : Agence photographique de la RMn (Chantilly, musée Condé, MN15 ) ; Agence photographique de la RMn (Chantilly, musée Condé, MN16)

 

 

 

 

 

 

Charles, duc d'AngoulêmePortrait de Charles d'Angoulême (d'après un dessin de Jean Clouet ?)

La forme de l'habit et l'âge apparent du modèle permettent de placer chronologiquement cette image entre le dessin de Jean Clouet dont il dérive peut-être, et le portrait peint par Corneille de Lyon en 1536.

Charles de FranceUn portrait similaire avait été vendu en 2010 (ci-contre).

Source des images : Artcurial (vente du 13 décembre 2023, à Paris) ; Mutualart ([Sotheby's ?], vente du 9 décembre 2010, [lot 128])

 

 

 

 

 

Medailleur_du_cardinal_de_Tournon_1535_Charles_duc_dAngoulême_MBa_LyonPortrait en médaillon de Charles d'Angoulême sculpté en 1535 et aujourd'hui conservé au musée des Beaux-Arts de Lyon

Source de l'image : (Musée des Beaux-arts de Lyon)

Ici encore, l'oeuvre appartient à une série de portraits probablement commandée par le roi représentant ses fils. Il existe un médaillon similaire pour le dauphin François et le prince Henri de France, tous revêtus d'un habit et d'une coiffe similaire. 

Charles se retrouve sur toutes les images représentant les fils du roi (ci-dessous).

 

 

Bellemare_Clouet_Francois_Ier_Christies_princeAntoine Macault lisant sa traduction au roi_1534_Chantilly_Wiki_extraitAnnales_1532-1533_fils_cadetsL'entrée du dauphin, dans les Annales des Capitouls de Toulouse (vers 1532/1533).

Antoine Macault lisant sa traduction au roi François 1er, dans Les premiers livres de Diodore de Sicile, traduits par Macault (1534).

François Ier, entouré de sa cour, reçoit un ouvrage de son auteur (vers 1540/1545). Le jeune prince représenté debout est probablement le dauphin Henri mais l'historienne Alexandra Zvereva a évoqué l'hypothèse que ce fusse son cadet Charles (voir la notice sur Christie's). 

 

Charles de France par Corneille de LyonPortrait de Charles d'Orléans peint par Corneille de Lyon en 1536 et aujourd'hui conservé à la Galerie des Offices de Florence

Source des images et localisation : Wikimedia (Florence, Galerie des Offices) ; (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; et copie (?)

À la mort de son frère aîné François, Charles devient le deuxième dans l'ordre de succession au trône. De son frère Henri devenu Dauphin, il reçoit en apanage le duché d’Orléans. Il a alors 14 ans.

Charles de France, BnFCharles de France, localisation inconnueLe portrait de Corneille a été repris dans le livre d'heures de Catherine de Médicis. (concernant cette image, voir aussi la catégorie des erreurs).

 

 

 

 

Charles, musée BonnatPortrait de Charles d'Orléans peint par Corneille de Lyon et aujourd'hui conservé au musée Bonnat de Bayonne

Source des images : Agence photographique de la Rmn (Bayonne, musée Bonnat) ; (Lyon, musée des Beaux-arts, B 918) ;

Il s'agit d'un portrait qui représente l'un des trois fils du roi François. Dans le catalogue raisonné de Corneille de Lyon, Anne Dubois de Groër l'identifie au dauphin François au lieu de l'identifier au prince Henri comme cela a été fait par le passé3. Mais la base photographique de la Rmn ne l'identifie à aucun des deux. Elle l'identifie au plus jeune des fils, le prince Charles (peut-être sur la base d'informations du musée Bonnat qui conserve le tableau).

Ano_XVIe_suppose_Le Dauphin FrançoisouCharles_Lyon_MBAvPour ma part, je ne peux que constater la ressemblance physique entre le portrait du musée Bonnat et celui du musée des Offices (voir plus haut). Charles II d'OrleansLa gravure d'une médaille du XVIe siècle  identifiée au prince Charles (Carolus Angol Dux) et reprenant le portrait du musée Bonnat nous pousse à favoriser cette hypothèse4.

Dans les années 1540, le prince Charles était appelé à jouer un rôle militaire et politique d'importance, ce qui devait le mettre en rivalité profonde avec son frère aîné le dauphin Henri.   

 

 

Clouet_c1543_Charles_dOrleans_Chantilly_MN13_RmnPortrait de Charles d'Orléans dessiné vers 1543 par François Clouet, et aujourd'hui conservé à Chantilly

Source des images et localisation : Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé)

Le portrait fut identifié à Charles par l'historien Henri Zerner, puis par Alexandra Zvereva2.

Henri d'Orléans, musée CondéCe beau portrait a fait l'objet de deux reprises dans lesquelles le visage du jeune prince a été vieilli. Le plus remarquable des deux est celui de la BnF. Le dessin présente les mêmes traits que celui de Chantilly, mais il s'en distingue par des poils de barbe plus développés. La barbe forme deux petites pointes, comme le voulait la mode masculine dans les années 1540. Elle n'est pas taillée.

 

[Charles_de_France_duc_d'Angoulême_[Le "vieillissement" du portrait se distingue également dans la retouche du couvre-chef. Les traces de l'ancienne toque sont à peine effacées. Le dauphin Henri arbore un chapeau beaucoup plus moderne.

Livre_heures_Catherine_Charles_dorleans_v2

Le dessin a été repris dans le livre d'heures de Catherine de Médicis. Le prince est représenté sur la miniature à gauche.

Henri d'Orléans, ses frères et beau-frère dans le livre d'heures de Catherine de Médicis, BnfSource des images et localisation : Gallica (Bibliothèque nationale de France) ; Gallica (Bibliothèque nationale de France, folio 99v)

 

 

 

Henri duc d'Orléans (Houston)Portrait équestre de Charles d'Orléans vers 1543 et conservé aux États-Unis

Source de l'image : (Houston, The Menil Collection)

Le portrait est identifié au dauphin Henri mais comme le portrait reprend le crayon de Chantilly, il ne peut s'agir que de Charles d'Orléans. Il est à mettre en parallèle avec les portraits équestres de François Ier et celui du dauphin Henri.

 

 

 

 

 

 

Représentations de Charles d'Orléans gravés par le peintre néerlandais Cornelis Anthonisz

Charles d'Orléans Charles d'OrléansCharles d'Orléans par Cornelis Anthonisz

Source des images et localisation : (Amsterdam, Rijksmuseum) ; (Amsterdam, Rijksmuseum) ; (Amsterdam, Rijksmuseum)

 

 

 

 

 

 


Notes

1. Cf. la notice de l'oeuvre dans Alexandra ZVEREVA, Portraits dessinés de la cour des Valois. Les Clouet de Catherine de Médicis, Arthena, Paris, 2011, p. 206.

2 Alexandra ZVEREVA, Portraits dessinés de la cour des Valois. Les Clouet de Catherine de Médicis, Arthena, Paris, 2011, p. 207.

3. Anne Dubois de Groër, Corneille La Haye, dit Corneille de Lyon, Arthéna, 1997, p. 135. L'argument que nous donne l'autrice au sujet du tempérament inexpressif du visage me semble peu sérieux. On y lit en effet que le portrait du tableau correspondrait davantage au caractère taciturne de François et d'Henri qu'à celui de l'enjoué Charles. C'est donner beaucoup d'importance à l'essence réflectrice de la peinture d'une part et aux images d'Epinal d'autre part. A ce propos, dans sa récente biographie d'Henri II, Didier Lefur nous invite à nous méfier de l'historiographie traditionnelle qui présente le futur Henri II comme un triste sir.

4. Anne Dubois de Groër en fait mention aussi à la même page.

18 juillet 2017

Portrait de la royne Claude conservé au musée du


Claude_de_France_LouvrePortrait de la royne Claude conservé au musée du Louvre

Source : Agence photographique de la RMN

 

Les seuls portraits existants de la reine Claude sont des reproductions d'un dessin original de Jean Clouet aujourd'hui disparu.

Bien que très dépouillé, le portrait conservé par le musée du Louvre, est le plus intéressant au regard de la vraisemblance.

Les autres copies, réparties dans différentes collections, sont d'un intérêt très inégal (ci-dessous).

 

Le modèle représenté est toujours le même ; la reine porte une robe en décolleté, ouverte sur une guimpe et une coiffe nouée sous le menton, enserrant le visage, dans une configuration typique des années 1510.

 

Claude, musée du Louvre 2Claude, CNUMClaude,ChantillyClaude-de-France-ermitageSource des images (de gauche à droite) : (Saint-Petersbourg, musée de l'Ermitage), Base Joconde (Chantilly, Musée Condé) ; (Paris, Conservatoire numérique des arts et métiers) ; Agence photographique de la Rmn (Paris, musée du Louvre) ; Rmn (Paris, musée du Louvre) (Ashmolean museum) ; (Ashmolean museum) ; (Osterreichische Nationalbibliothek)

Claude, Osterreichische NationalbibliothekClaude, Ashmolean museumClaude, Ashmolean museum 2Claude, musée du Louvre 3
 

 

 

 

 

Claude de France entourée des princesses de France dans le livre d'heures de Catherine de MédicisLe portrait a servi de modèle à plusieurs reproductions du XVIe siècle.

On le retrouve dans une miniature du livre d'heures de Catherine de Médicis représentant la reine Claude au centre d'un portrait de famille composé de ses filles (Louise, Madeleine et Marguerite), de sa soeur cadette, Renée (en bas à droite) et d'Eléonore de Habsbourg.

L'image est très artificielle, car les visages représentés appartiennent des époques différentes. Mais en plaçant la reine en situation dominante, c'est le modèle matriarcal incarné par Claude qui est mis à l'honneur, et proposé en modèle par Catherine de Médicis.

Source : (Paris, BnF)

Claude, musée du Louvre

Claudia_Gemahlin_Konig_Franz_IClaude, musée des OfficesLe portrait a servi de modèle pour différentes peintures aujourd'hui réparties dans différentes collections européennes :

Le musée des Offices de Florence conserve une belle miniature de la reine Claude, peinte dans les années 1570 (première image à gauche) ; le Kunsthistorisches museum détient un portrait de qualité médiocre mais qui s'intégrait dans une galerie de portraits (comme il était courant d'aménager dans les demeures nobiliaires du XVIe siècle) ; le musée du Louvre conserve un petit portrait en pied qui représente la reine dans une robe fleurdelysée.

Source : ? (Florence, musée des Offices) ; Kulturpool (Kunsthistorisches museum) ; (Paris, Musée du Louvre)

Claude, musée du Louvre

Représentation de Claude de France sur le retable de Sainte Chapelle réalisé en émail par Léonard Limousin en 1553

Le médaillon dans lequel est représentée la reine fait partie de la décoration d'un retable destiné à la Sainte Chapelle.

La reine est placée face à son mari dans un médaillon distinct. Leur représentation en priant font pendants à deux autres médaillons illustrant Henri II et Catherine de Médicis. Le retable inscrit le nouveau couple royal dans la continuité de celui incarné trente ans plus tôt par Claude et François de Valois.

Source : Agence photographique de la RMN (Paris, musée du Louvre)

 

Claude, gisantGisant de Claude de France sculpté par François Carmoy et Pierre Bontemps pour le tombeau commandé par Henri II à la basilique Saint-Denis

En mémoire de ses parents, le roi Henri II fit ériger à la basilique Saint-Denis un tombeau monumental dans lequel le roi François et la reine Claude sont représentés de façon très réaliste.

Claude, gisantClaude, gisantIl s'agit de transis représentant le couple royal de façon cadavérique. La reine Claude, allongée à côté de son époux est représentée nue, et la face émaciée.

Francois-1-Claude-de-FranceLa statue de la reine placée au sommet du tombeau, plus classique dans les formes, est moins intéressante. Claude est représentée en orant, les mains jointes, agenouillée derrière un prie-Dieu. Elle est accompagnée de sa famille, époux, fils et fille. Son visage est moins individualisé que le transi.

La différence de traitement entre les deux statues s'explique par les complications subies par le chantier d'édification du tombeau. Plusieurs sculpteurs se sont succédés pour terminer la décoration de l'édifice et à la mort du roi Henri II, le tombeau n'était pas terminé.

Source des images : Akg-images ; Akg-images AGORHA

 

 

Article initialement posté en décembre 2007

25 septembre 2010

Deux portraits de Marguerite en deuil blanc par

Marguerite de France en deuil blanc 2 (Londres)Marguerite de France en deuil blanc 1 (Londres)Deux portraits de Marguerite en deuil blanc par François Clouet en 1559

Ironie du sort pour Marguerite, c'est à quelques jours de son mariage avec le prince de Savoie Emmanuel-Philibert, en juin 1559, que le roi Henri II fut mortellement blessé au cours du fameux tournoi des Tournelles. Au seuil de sa mort, craignant que le prince savoyard ne se dérobe à ses engagements, le roi obligea la tenue immédiate du mariage. Les enjeux géopolitiques de cette alliance étaient considérables. La cérémonie a donc lieu, .. dans les pleurs. La reine Catherine qui avait tant désiré et attendu ce moment, était tombée malade sous le coup de l'émotion de l'accident de son mari. Elle n'assiste même pas au mariage. Le roi meurt dans la nuit même. 

Marguerite, Galerie SabaudaLe portrait représente Marguerite arborant pour son frère le deuil blanc. Il s'agit du dernier portrait avant le départ de la princesse pour la Savoie.

Parce qu'il était impossible pour Marguerite de quitter la France sans avoir participé au deuil de la cour et encore moins en abandonnant son amie Catherine et ses enfants dans une situation aussi malheureuse, son départ pour la Savoie fut plusieurs fois reporté. Catherine de Médicis avait également obtenu le report du départ de la reine d'Espagne à laquelle elle était aussi attachée. 

Marguerite ne quitta la France qu'au mois de décembre 1559. Elle fit son "entrée" dans la bonne ville de Nice et y resta le temps de recouvrer la santé, car les nouvelles de France qui lui parvenaient au sujet de la crise religieuse et des évenements d'Amboise l'affectaient beaucoup.

Source des images : (Londres, The British museum) et idem ; et en copie (Royaume-Uni, Royal Collection) ; (Turin, Galerie Sabauda) 

 

 

Marguerite de France

Portraits de la duchesse de Savoie d'après un original perdu

Les trois tableaux représentent la duchesse dans un portrait probablement fait en Savoie (le portrait original est inconnu mais il subsiste sous forme de copies dont une très belle gravure1).

 Ritratto di Margherita di Valoisv2Marguerite de France (Kunsthistorisches museum)

 

 

Busto_di_Margherita_di_Valois_wikimediaMarguerite_de_Savoie_par_Quesnel_GallicaOn peut faire le rapprochement de ces tableaux avec un dessin de la BnF identifié à tort à Marguerite de Parme (image ci-contre).

Epouse d'un prince officiellement allié à la France, Marguerite se fit remarquer par son amabilité et ses interventions pour tenter d'apaiser les tensions dans le nord de la péninsule italienne. Elle sut maintenir son époux pourtant tout dévoué à l'Espagne, dans une amitié - très fragile - avec la France.

Ano_Marguerite_de_France_MBa_Lyon

Source des images :  Arcadja2 ; (Vienne, Kunsthistorisches museum)BeniCulturali (Château royal de Racconigi) ; Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Wikimedia (Turin, Galleria Sabauda) ; (Musée des Beaux-art de Lyon)

 

 

Ritratto di Margherita di ValoisPortrait de Marguerite peint au XVIIe siècle et conservé au palais ducal de Venaria Reale près de Turin.

Le portrait est une copie du portrait peint vers 1560-1565 et aujourd'hui perdu. Il représente la duchesse de Savoie en pied. Sa présence dans le palais ducal de Turin rappelle la place et l'importance de cette princesse de France dans la généalogie des princes de la Maison de Savoie qui devinrent rois d'Italie, au XIXe siècle.

Turin, place forte française depuis la campagne menée par François Ier en 1536 faisait partie de la dot de Marguerite. La capitale du Piémont devait être rendue au duc de Savoie, à la condition que Marguerite mît au monde un héritier mâle. C'est ce qui arriva en 1562 avec la naissance de Charles-Emmanuel. Les soldats français évacuèrent la place et Turin devint la capitale du duché, au détriment de Chambéry.

Marguerite se faisait beaucoup de soucis pour son pays natal, meurtri par les guerres de religion. Plus tard, Charles-Emmanuel, son fils tant désiré devint duc de Savoie à la mort de son père (1580). Il n'eut toutefois aucun scrupule pour agrandir son état au détriment du royaume de France. Henri IV et Louis XIII durent mener à plusieurs reprises des campagnes contre son état pour étouffer ses ambitions.

 

Giovanni Caracca_Ritratto di Margherita di Valois con Carlo Emanuele I di Savoia_château royal de RacconigiMarguerite de France et son filsSource des images : (Venaria Reale, palais ducal) ; BeniCulturali (Château royal de Racconigi)

 

Caracca_Ritratto di Margherita con il figlio Carlo Emanuele I, olio su tela, ca


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Notes

1. Dana Bentley-Cranch, « L'iconographie de Marguerite de France », in Culture et pouvoir au temps de l'humanisme et de la Renaissance. Actes du Congrès Marguerite de Savoie, Paris, Slatkine, 1978, p. 243-256. Voir également Alexandra Zvereva, Les Clouet de Catherine de Médicis : chefs-d’œuvre graphiques du musée Condé, Paris,  Somogy, 2002, p. 114.

2. L'oeuvre a été vendue aux enchères sous une autre identification. Par comparaison avec le portrait du Kunsthistorisches museum et avec la gravure précédemment citée, l'erreur paraissait évidente.. 

Article modifié en février 2014

 

20 juin 2010

Madeleine de France (1520-1537)


Madeleine, collection privéeMadeleine, musée CondéPortrait de la princesse Madeleine de France dessiné et peint par Jean Clouet vers 1524.

Source des images : Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé) ; The Weiss Gallery (collection privée)

Madeleine est la troisième fille du roi François Ier et de la reine Claude. Sur ce portrait de la main de Clouet, elle est représentée vers l'âge de trois ans1.

Dans la version peinte, la princesse tient dans ses mains le hochet à dent de loup, caractéristique de cette époque. Après avoir « disparu » pendant la Seconde Guerre mondiale, le tableau est récemment apparu sur le marché de l'art2.

 

Madeleine_of_France_Weiss_GalleryPortrait de Madeleine de France peint par Corneille de Lyon vers 1536.

Source de l'image : The Weiss Gallery (collection privée)

Ce très beau portrait de la princesse Madeleine est récemment apparu sur le marché de l'art. Il surpasse en qualité tous les autres autres portraits connus de la princesse. La finesse de son réalisme permet de l'attribuer au talent de Corneille lui-même.

Le portrait a été réalisé vers 1536. Il rappelle par le costume, celui de Catherine de Médicis, conservé au Polesden Lacey, ou encore celui du Fogg art museum que j'avais proposé d'identifier à la princesse Marguerite. A cause de la ressemblance physique des deux princesses, l'identification de ces portraits nécessite d'être confirmée. La confusion entre les deux dernières filles de François Ier reste possible3.

Madeleine_Valois_Versaillesv2Portraits de Madeleine de France, reine d'Écosse, peints d'après Corneille de Lyon vers 1537

Source des images : Agence photographique de la Rmn (Versailles, musée du château)  ;  Agence photographique de la Rmn (anciennement à Blois, musée des Beaux-arts4)

Madeleine de France, BloisLe 1er janvier 1537, Madeleine est mariée au roi Jacques V d'Écosse. Elle meurt la même année peu de temps après son arrivée en Écosse. Elle n'avait que seize ans seulement.

Le portrait original a probablement été réalisé avant son départ de la cour de France. Contrairement au portrait précédent, Madeleine est habillée dans l'habit traditionnel des dames de France avec des revers de manche doublés de fourrure. Selon l'auteur de la Weiss Gallery, la présence d'hermine soulignerait le caractère royal du modèle et donc le fait que Madeleine est dans ce portrait représentée en tant que reine.

04_Madeleine_et_Claude_saint-Denis_Rmn_v1 - CopieMadeleine_livre_Heures_BnFC'est ce portrait qui est pris comme modèle dans le livre d'heures de Catherine de Médicis. Madeleine y est représentée en haut à droite, derrière la reine Claude qu'elle n'a jamais connue (image de gauche ci-contre).

L'effigie de Madeleine se trouve également à la basilique Saint-Denis. Elle est représentée à genoux en position de priante à un emplacement privilégié du tombeau de François Ier et de Claude de France ; la sculpture de la princesse est installée dans l'axe central derrière les effigies de ses parents (image de droite ci-contre).

Source des images : Wikimedia (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Regards des Monuments nationaux (Saint-Denis, basilique)

 

Article modifié le 05/04/2020 


Notes

1. Sur les portraits au crayon de Madeleine d'après Jean Clouet, voir Alexandra Zvereva, « ... Louise de Savoie et les recueils de portraits au crayon », in P. Brioist (et al.), Louise de Savoie (1476-1531), Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2015, p. 183-204.

2. Il est mentionné comme porté disparu dans P. Mellen, Jean Clouet, catalogue raisonné, dessins miniatures et peintures, Paris, Flammarion, 1971. En 2007, il est mis en vente par la Weiss Gallery.

3. L'identification à Madeleine n'est pas soutenue par l'historienne Alexandra Zvereva qui semble y voir plutôt sa soeur Marguerite (voir la notice sur le site de la Weiss Gallery).

4. Le tableau a été volé et détruit en 1996 (affaire Stéphane Breitwieser). H. Lebédel-Carbonnel (dir.), Catalogue des peintures du musée du château de Blois. XVe-XVIIIe siècles, Montreuil, Gourcuff Gradenigo, 2008, p. 212.

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30 mai 2009

Portrait d'Eléonore d'Autriche par Joos Van Cleve

Eleonore d'Autriche, Royal collectionPortrait d'Eléonore d'Autriche par Joos Van Cleve

La reine Eléonore arrive en France en 1530. Elle est accompagnée de ses deux beaux-fils François et Henri. L'échange sur la Bidassoa est particulièrement tendu. Depuis que François Ier a manqué à sa parole, les Espagnols se méfient des Français. Le duc de Montmorency et le cardinal de Tournon attendent la reine et les anciens otages de l'autre côté de la frontière. Ils sont venus avec une rançon d'un million.

Le roi les attends à Bordeaux. Son mariage avec Eléonore a lieu quelques semaines plus tard. L'année suivante, la reine est sacrée à Saint-Denis.

Source : (The royal collection)

 

 

 

Eleonore d'Autriche, KunsthistorischesLe peintre hollandais Joos Van Cleve l'a représenté avec une coiffure et un costume de type ibérique qu'elle a en principe cessé de porter en s'installant à la cour de France.

Il en existe des copies et des variantes.

Source : (Vienne, Kunsthistorisches museum)

Eléonore d'Autriche Eléonore d'Autriche, musée Condé Eléonore d'Autriche, château de Gaasbeek

Source : Corbis (?) ; Rmn (Chantilly, musée Condé) ; Oronoz (Gaasbeek, musée du château)

 

30 avril 2007

Historique des modifications

 


 

2022

  • Mise à jour des articles consacrés à Henri III

 

2021

 

  • Clouet_Francois_II_ArtCurialAjout d'un exceptionnel portrait du roi François II peint par François Clouet vers 1559. Le tableau a été mis aux enchères le 9 juin 2021 chez Artcurial (image ci-contre).
  • Ajout d'un portrait en émail de Catherine de Médicis par Léonard Limosin (Galerie Kugel).
  • Ajout d'un médaillon de Charles de Valois, sculpté par Guillaume Dupré et conservé à la Frick Collection.
  • Ajouts de plusieurs portraits de Charles IX.

 

 

2020

  • Diane, Krannert art museumAjout de plusieurs portraits de Diane De France, duchesse de Montmorency, fille légitimée d'Henri II, dont la peinture d'une tres belle facture récemment restaurée au Krannert Art Museum (État-Unis), image ci-contre
  • Ajout de plusieurs portraits de Charles IX.
  • Ajout d'un dessin de Charles de Valois d'après Dumonstier.

 

Actualités 2019

 

Henri II à Saint-GermainCette année, les Valois sont à l'honneur dans plusieurs expositions.

 

Charles IX , SuedeOctobre 2018

  • Ajout d'un très beau portrait équestre du roi Charles IX conservé au musée national de Suède. Il s'agit d'une miniature peinte d'après Decourt. L'image est inserée dans la partie Le roi adulte (1570-1574).

 

Septembre 2018

 

Charles IX, Christie'sCharles IX, musée des beaux-arts d'AgenAoût 2018

  • Refonte complète des articles consacrés à Charles IX. La récente vente aux enchères de plusieurs portraits inédits a été l'occasion d'entreprendre une importante mise à jour. Plusieurs portraits remarquables ont été ajoutés dont ceux du petit roi vendu par Christie's en 2016 (ci-contre à droite) et Artcurial en 2018. L'ensemble a été complété par l'ajout de quelques représentations gravées. A noter également, l'ajout du portrait du musée des beaux-arts d'Agen (ci-contre à gauche), qui n'est pas sans lien avec les gravures de Hans Liefrinck. Les articles ont été réorganisés selon les quatre grande périodes de la vie du roi et ont été republiés (à la date du 04 août 2018).

Avril 2018

 Février 2018

  • Institution du rosaireRemise à jour des articles consacrés à Claude et de ses illustrations (dont l'Institution du rosaire, conservé au musée Lorrain de Nancy).
  • Ajout d'une illustration en couleur du portrait de Claude de France, duchesse de Lorraine peint par Clouet et conservé à Munich (ci-contre image de droite).

JClaude_de_France_en_pied_louvreuillet 2017

  • Ajout de plusieurs portraits de la reine Claude de France, dont l'un la représente en pied dans une robe fleurdelysée et mise à jour de l'article (ci-contre image de gauche).
  • Ajout d'un portrait de Catherine de Médicis (musée du château de pau)

Septembre 2016

Marguerite de Valois - Dresde

Août 2015

  • Ajout d'un portrait de Marguerite de Valois conservé à la Gemäldegalerie Alte Meister à Dresde (ci-contre). Il s'agit de la copie d'une peinture dont le crayon est conservé à la BnF.

 

Juillet 2015

  • Henri III en prière au pied du Christ en croixAjout d'une image en couleur du tableau représentant Henri III en prière au pied du Christ en croix. L'oeuvre appartenait au musée du Louvre mais avait disparu depuis la Seconde guerre mondiale. Elle est réapparue en 2014 à l'occasion d'une vente chez Drouot. Lorsque j'ai présenté cette peinture en 2007, je n'avais pu poster qu'une reproduction en noir et blanc. La peinture avait été photographiée et inventoriée dans un vieux catalogue du musée datant des années 1920.

Mai 2015

  • Elisabeth de Valois, reine d'Espagne, suiveur de François ClouetAjout d'un très beau portrait peint de la princesse Elisabeth de France, reine d'Espagne, mis en vente chez Christie's en juin 2015. Il n'est pas sans rappeler le portrait de la princesse Marguerite de France duchesse de Berry, vendu en 2011, dans la même maison. Les deux portraits sont proches par la datation (fin du règne d'Henri II). Leur récente apparition sur le marché de l'art à quatre années d'intervalle montre qu'il existe encore des portraits inédits des derniers Valois et présage de bonnes nouvelles en perspective !

Mai 2014

  • François de Valois à la messe par Bol, Hans (1534-1593)Ajout d'une image en couleur d'une miniature représentant le prince François de Valois, duc d'Anjou assistant à la messe.

Mars et avril 2013

Catherine de Médicis, royal collectionElisabeth Cleveland art museum

          • Ajout d'un portrait en buste de Catherine de Médicis réalisé par Germain Pilon et appartenant à la collection royale de Grande-Bretagne.
          • Ajout d'un dessin de la reine Elisabeth d'Autriche.

 

Henri III PiasaHenri III LyonCatherine, ses deux fils rois et brusOctobre 2012

          • Ajout de plusieurs portraits représentant le roi Henri III dont l'un est un portrait en pied le représentant avec des membres de sa famille.

 

Septembre 2012

          • Effigie de Marguerite en 1615Ajout d'une gravure exceptionnelle représentant la veillée funéraire de la reine Marguerite de Valois en 1615. Elle rappelle le statut exceptionnel qu'occupait la reine à sa mort et sa renommée.

 

Août 2012

          • ACatherine (Florence)jCatherine (Florence)Catherine DrouotCatherine par Vasariout de plusieurs portraits de Catherine de Médicis et renouvellement des articles qui lui sont consacrés.

 Juillet 2012

          • Ajout de deux portraits inédits de la reine Elisabeth d'Autriche.
          • Elisabeth d'autricheElisabeth d'AutricheHenri d'anjouAjout d'un nouvel arbre généalogique : celui des Bourbons avec une présentation des membres protestants de la famille.
          • Ajout d'un portrait du duc d'Anjou (futur Henri III)

Octobre 2011

          • Marguerite de FranceAjout d'un très beau portrait - inédit - de Marguerite de France, duchesse de Berry, la chère amie de la reine Catherine. Le portrait, réalisé sous le règne de Henri II, son frère, est d'une qualité qui peut faire supposer qu'il s'agisse d'un travail de François Clouet lui-même. Son apparition sur le marché de l'art montre qu'on peut encore trouver de véritables chefs-d'oeuvre dans les collections privées.
19 juin 2009

Identification d'un double portrait : François II et le duc de Lorraine ?


François II et le duc de Lorraine ?J'aimerais poser la problématique concernant un tableau représentant deux jeunes princes portraiturés en pied.

Le tableau a été affublé de deux intitulés différents :

  • soit il s'agirait de deux enfants de François Ier : Henri d'Orléans (futur Henri II) et de son frère François (le dauphin).

  • soit il s'agirait de deux enfants d'Henri II : le dauphin François (futur François II) et de son frère cadet Charles-Maximilien (futur Charles IX).

J'émets de sérieux doutes quant à la première solution. Le costume que les enfants portent sur le tableau appartient davantage à l'époque Henri II qu'à celle de François Ier. On y voit des toques, des fraises et des hauts-de-chausses (les hauts-de-chausses ne se voient pas sous François Ier). Il est donc peu vraisemblable que le tableau représente les deux enfants de François Ier.

S'agit-il donc du futur François II et du futur Charles IX tels qu'ils étaient dans les années 1550 sous le règne de leur père, le roi Henri II ? Il semble ne pas y avoir d'inconvénient pour considérer que le personnage de gauche soit François II. Le prince possédait la même petite tête ronde. Par contre, si on considère l'âge des modèles, l'identification à François II et Charles IX ne tient pas. Les deux princes avaient 6 ans d'écart. Quand François II avait 12 ans, Charles IX n'en avait que 6. Or les deux princes représentés sur le tableau paraissent d'un âge quasi semblable.

De plus, si on considère que François II est le personnage de gauche, il n'est pas possible que l'autre soit Charles IX puisqu'à à cause de sa taille, il paraît légèrement plus âgé. Qui serait donc le personnage de droite ? Le tableau le représente avec une tête plutôt allongée et des yeux marqués. 

Existe t-il un tel prince dans l'entourage du dauphin ?

Charles duc de LorraineOui. Il y a Charles III, duc de Lorraine. Le très beau portrait qu'en a fait de lui François Clouet est très semblable à celui du prince représenté sur le double portrait.

Avant d'être marié à Claude et de devenir le gendre de Catherine de Médicis, Charles de Lorraine est un prince de la cour de France élevé dans l'entourage du dauphin. Il est son compagnon de jeux. Né en 1543, il a un an de plus que lui (ce qui coincide avec la taille sur le tableau).

Il n'est pas donc impossible que ce soit lui qui soit représenté sur le tableau. Charles était un personnage important de la cour. Etant le prince souverain du duché de Lorraine, il vient dans la hiérarchie juste après les frères du dauphin. Il vivait à la cour depuis ses 9 ans. En 1552, Henri II avait mis son royaume sous tutelle et l'avait emmené avec lui. En 1559, il en fit son gendre (dans l'objet de garder la Lorraine dans le giron de la France).

Source : Topofart (Wilton House, Collection of the Earl of Pembroke)

Source : Rmn (Chantilly, musée Condé)

26 mai 2007

Les portraits de François de France (1555-1584)

Les portraits de François de France (1555-1584)

François d'AnjouCinquième fils d'Henri II et de Catherine de Médicis, François est le dernier-né de la famille royale. Longtemps négligé par les historiens, il est resté un personnage assez peu connu de l'Histoire de France.

Pourtant en tant qu'héritier et successeur potentiel du roi Henri III, il a tenu dans le royaume une place primordiale. Dans les années 1570, il se fait remarquer à plusieurs reprises en se rebellant contre son royal frère.

Appelé à monter sur le trône de France, à devenir prince consort d'Angleterre et souverain des riches Pays-Bas, François était devenu dans les années 1580, une figure internationale. Malheureusement, sa personnalité complexe lui fit échouer beaucoup de ses entreprises.

Galerie de portraits de François d'Anjou

2 juin 2007

Les portraits de Marguerite de Valois (1553-1615)

Les portraits de Marguerite de Valois (1553-1615) 

Marguerite de ValoisPlus connue sous le nom de la reine Margot, Marguerite de Valois s'est rendue célèbre pour son esprit frondeur et son destin romanesque. Fille de roi, soeur et épouse de roi, Marguerite était une princesse qui avait une haute estime d'elle-même.

Elle était également connue pour son glamour. Femme courtisée et chef de file de la mode, Marguerite fut durant les années 1570 l'un des plus beaux ornements de la cour de France. Les poètes et les écrivains ont loué son esprit et chanté son élégance.

L'étude de ses portraits remet partiellement en question cette image flatteuse. Marguerite ressemblait beaucoup à sa mère Catherine de Médicis, connue pour sa disgrâce physique, et - canon de l'époque - Marguerite avait une bonne corpulence qui ne fit que s'accentuer avec l'âge.

Galerie de portraits de Marguerite

 

19 septembre 2022

Le duc d'Angoulême puis d'Orléans


Alexandre Edouard (BnF)Portrait au crayon d'Alexandre Edouard duc d'Angoulême vers 1552

Le futur Henri III naît au château de Fontainebleau le 19 septembre 1551. Il est le sixième enfant du roi Henri II et de son épouse Catherine de Médicis. On lui donne alors comme prénom celui d'Alexandre Édouard (il a pour parrain le roi Édouard VI d'Angleterre, et son premier prénom fait référence à Alexandre le Grand, l'un de ces héros de la Grèce antique prisés à la Renaissance).

Il existe plusieurs portraits de lui étant petit. L'un d'entre eux est un dessin du musée Condé qui le représente malade, la tête posée sur un coussin (ci-dessous à gauche). Le dessin est de la main de Germain Le Mannier, le portraitiste affecté aux enfants royaux. Le garçon n'est pas identifié par une inscription, mais les historiens semblent y reconnaître le futur Henri III 1.

Alexandre Edouard (Chantilly)

Alexandre Edouard (BnF)Source des images et localisation des oeuvres : Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé) ; Gallica ou Banque d'images de la BnF (Paris, Bibliothèque nationale de France)

 

 

 

    

Présumé Alexandre Edouard (British museum)Portrait traditionnellement identifié à Charles-Maximilien, conservé au British museum et attribué à François Clouet

Source de l'image et localisation de l'oeuvre : (Londres, British museum)

Bien que le modèle soit identifié par une annotation comme étant le prince Charles-Maximilien, c'est-à-dire le futur Charles IX, l'historienne Alexandra Zvereva attribue ce portrait au prince Alexandre-Edouard, futur Henri III 2.

Le petit prince porte encore le béguin pour bébé. Il est probable qu'il soit encore revêtu de sa robe d'enfant. Par-dessus cette robe, il est habillé d'un col blanc de forme pointue, rabattu sur un col de fourrure.

 

 

Alexandre Edouard (Berlin)Portrait en buste d'un jeune prince vers 1555

Source de l'image et localisation de l'oeuvre : (Saatliche museen zu Berlin)

Le même souci d'interrogation se pose pour ce buste anonyme conservé au musée de Berlin. C'est une sculpture de terre cuite attribuée à l'école de Germain Pilon. Selon la notice du musée, elle était autrefois ornée d'une plume et de pierres précieuses. Il s'agit donc d'une oeuvre rare ayant appartenu à un prince de la cour. L'identité du jeune homme n'est pas mentionnée, mais le buste représenterait l'un des fils d'Henri II. Sans certitude, le musée de Berlin propose d'y voir les traits du futur Henri III.

 

 

Portrait d'Alexandre Edouard, duc d'Orléans, dessiné au crayon par François Clouet vers 1561, et sa version en peinture

Le duc d'Orléans (Berlin)Le duc d'Orléans (collection privée)

A l'avènement de Charles IX, à la fin de l'année 1560, Catherine de Médicis demande à François Clouet de réaliser le portrait de ses quatre plus jeunes enfants. Le cabinet des estampes et dessins de Berlin possède le dessin original représentant le futur Henri III 3 (ci-dessus à gauche).

Alexandre Edouard est ici représenté en tant que duc d'Orléans, titre qu'il a pris à son frère, quand celui-ci est devenu roi. Le jeune prince porte le même type de costume que Charles IX sur ses portraits. Cette ressemblance et la proximité de leur âge (ils ont un an de différence) explique que les deux garçons aient parfois été confondus d'un tableau à l'autre.

Alexandre Edouard (Rochdale Art Gallery, Lancashire)Alexandre Edouard (BnF)Le portrait au crayon, sa version peinte et leurs différentes copies sont aujourd'hui éparpillées dans différentes collections.

Source des images et localisation des oeuvres : Agence photographique de la Rmn (Berlin, Kupferstichkabinett) ; Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Klei.org (collection privée) Bridgeman art library (Touchstones Rochdale Art Gallery)

 

 

 

Charles IX, Marguerite et Henri (extrait)Extrait d'un tableau représentant la famille royale vers 1561

Source de l'image : L. Dimier, Histoire de la peinture de portrait en France au XVIe siècle, G. Van Oest, 1924

Sur ce tableau peint d'après Clouet, le duc d'Orléans est représenté à droite en compagnie de son frère le roi Charles et de sa sœur Marguerite. Il a entre dix et onze ans.

A partir de cette époque, le duc d'Orléans et sa soeur Marguerite ne quittent plus le roi. Ils sont présents à ses cotés à toutes les grandes cérémonies de la monarchie auxquelles ils sont désormais systématiquement associés. Dans le cadre troublé des guerres de religion, il est important pour l'État de les exposer pour témoigner qu'en dépit de la jeunesse du roi, la famille royale est une force (par le nombre) et que son avenir, ainsi que celui de la Couronne, est assuré (le duc d'Orléans étant l'héritier du trône).

Alexandre Edouard participe ainsi à tous les grands grands évènements historiques du règne (états généraux, colloque de Poissy, etc.).

Etats-généraux de1561Il est par conséquent représenté dans différentes images qui illustrent ces évènements. Dans la gravue représentant les États généraux de 1561 (Localisation de  la gravure : Gallica), il est figuré assis à coté du roi en symétrie avec sa soeur.

Gage d'avenir de la Couronne, le duc d'Orléans accompagna également le roi durant le grand voyage qu'il fit à travers la France de 1564 à 1566. C’est au cours de son passage à Toulouse, alors qu'il faisait sa confirmation, qu''Alexandre Édouard changea de prénom. En mémoire de son mari bien-aimé, Catherine de Médicis lui donna celui d'Henri 4.

 


Notes.

1. Alexandra ZVEREVA, Portraits dessinés de la cour des Valois. Les Clouet de Catherine de Médicis, Arthena, Paris, 2011, p. 302-303.

2. Alexandra ZVEREVA, Portraits dessinés de la cour des Valois. Les Clouet de Catherine de Médicis, Arthena, Paris, 2011, p. 303. Voir la copie du XVIIIe conservée à la BnF et celle conservée au musée d'art et d'archéologie de Senlis sur la Base Joconde.

3. Alexandra ZVEREVA, Portraits dessinés de la cour des Valois. Les Clouet de Catherine de Médicis, Arthena, Paris, 2011, p. 366-367.

4. Pierre CHEVALLIER, Henri III : roi shakespearien, Paris, Fayard, 1985, p. 68.

Article publié une première fois en mai 2007

2 juin 2021

Le roi François II


Francois II, ArtCurial (2021)

Francois II, BnF, GallicaPortrait au crayon de François II dessiné par François Clouet et sa version peinte apparue dans une vente aux enchères en 2021

Source des images : Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Artcurial (vente du 9 juin 2021)

François II succède à son père quelques jours après l'accident tragique de ce dernier lors du tournoi de la rue Saint-Antoine. Le jeune prince qui n'a alors que quinze ans, est roi de France de juillet 1559 à décembre 1560. Son règne ne dure que seize mois et c'est finalement, cet unique portrait qui va subsister de lui en tant que roi.

Le tableau est apparu dans une vente publique le 9 juin 2021. La vente qui a lieu chez Artcurial est exceptionnelle car elle vient combler un manque iconographique majeur dans la représentation picturale de ce roi de France 1. Avant cette vente, il n'existait pas de peinture de François II fidèle au crayon de François Clouet (à l'exception d'une miniature du livre d'heures de Catherine de Médicis, largement postérieur au règne de François II). De fait, le dessin de la BnF a toujours été la seule illustration utilisée dans les manuels d'histoire pour représenter ce roi.

François II, Christies (2005)En 2005, Christie's avait déjà vendu un portrait de François qui reprenait le dessin de Clouet (image ci-contre). Le costume était reproduit à l'identique mais l'auteur n'était pas identifié. La peinture était accompagnée en pendant d'un portrait de Marie Stuart représentée beaucoup plus jeune. Il pouvait donc s'agir d'un double portrait représentant le couple au moment de leur mariage vers 1558, ou plus probablement avant (sur la datation des crayons, voir la notice rédigée par Alexandra Zvereva sur le site d'Artcurial).

François II_Dorotheum_v2

Le portrait vendu par Artcurial en 2021 est donc exceptionnel : il est de la main de Clouet, et peut-être la seule peinture de François II qui subsiste de son règne.

Deux ans plus tard, la même maison vendait une miniature de la main du peintre (image ci-contre à droite).

 

 

  

François II et Marie Stuart dans le livre d'heures de Catherine de Médicis, BnFLe dessin de François Clouet sert de modèle à la miniature du livre d'heures de Catherine de Médicis peinte vers 1573. François et Marie Stuart y sont représentés côte à côte (image ci-contre à droite). La BnF conserve également deux copies du dessin de Clouet (images ci-dessous).

François II, BnFFrançois II, BnFSource des images : Artcurial (Vente du 14 juin 2023) ; Christie's (Vente du 7 septembre 2005 à Londres) ; (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Gallica (BnF) ; Gallica (BnF)

 

 

 

Francois II, NGSPortrait en émail de François II, attribué à l'atelier de Léonard Limosin et conservé à la Galerie nationale d'Écosse

Source de l'image et localisation de l'oeuvre : (Édimbourg, National Galleries of Scotland)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Francois II, Kunsthistorisches museumCe portrait officiel va marquer l'iconographie post-mortem de François II et servir de modèle à une série de portraits qui pour la plupart datent du XVIIe siècle.

A défaut de talent, la plupart d'entre eux présentent des traits du visage qui ne sont pas fidèles à l'original et le costume est toujours modifié dans un sens anachronique ; en effet, le jeune roi est souvent representé avec une fraise (à l'exemple de l'image ci-contre), alors que c'est un accessoire qu'il n'a pas vraiment connu, du moins pas sous une forme aussi développée.

 

Source des images et localisation : (Vienne, Kunsthistorisches museum) ; Bridgeman Images (Collection privée) ; Hampel (Vente du 22 septembre 2006 à Munich) ; Valoir-Pousse-Cornet (Vente du 8 novembre 2020 à Blois) ; LiveAuctionneers ; National Trust Collections (Anglesey Abbey, Cambridgeshire)

  Francois II, Anglesey AbbeyFrançois IIFrancois II, Hampel (2006)





 

 

 

Source des images et localisation : Gallica ; Gallica ; Gallica ; Gallica ; British museum

 


Notes

1. L'oeuvre est probablement passée par la galerie Knoedler d'où une reproduction photographique avait été tirée en 1961 (voir the Frick Digital Collections).

30 avril 2007

La dauphine


Catherine de Médicis à 17 ans, par Corneille de LyonPortrait de Catherine de Médicis à l'âge de 17 ans environ, peint par Corneille de Lyon

Source de l'image : Bridgeman (Polesden Lacey, The national trust)

Catherine de Médicis est née à Florence d'un père italien et d'une mère française qu'elle n'a pas connu. Orpheline, elle grandit à Florence, puis à Rome sous l'autorité de son cousin le pape Clément VII.

En 1533, elle est mariée au deuxième fils du roi de France, Henri duc d'Orléans. Elle n'a alors que 14 ans. Son mariage qui a lieu à Marseille, fait l'objet de fêtes magnifiques. Personne ne se doute alors qu'elle sera un jour la matriarche de la maison des Valois.

Trois ans plus tard, à l'occasion d'un séjour de la cour à Lyon, le peintre hollandais Corneille de Lyon a réalisé l'un de ses premiers portraits (ci-contre).

Catherine de Médicis (Chantilly)Catherine de Médicis (Versailles)Le portrait de Corneille fait écho aux témoignages des contemporains sur l'absence de charme physique de la princesse florentine. Catherine était déjà marquée par une certaine corpulence.

Peu habituée aux manières de la cour et parlant difficilement français, elle  avait de la peine à capter l'attention de son mari le duc d'Orléans, plus préoccupé par les formes mûres de Diane de Poitiers, la cousine de Catherine.  

Le portrait  de Polesden Lacey a fait l'objet de deux répliques d'atelier, aujourd'hui conservées dans des collections françaises (ci-contre) :

Source des images : Agence photographique de la Rmn (Versailles, musée national) ; Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé)

Catherine de Médicis par Santi di Tito vers 1585Catherine par VasariLe portrait peint par Corneille de Lyon a été repris et réinterprété par plusieurs artistes italiens de la seconde moitié du XVIe siècle ; tout d'abord par Vasari pour décorer le palais Vecchio à Florence (ci-contre à gauche) et plus tard dans les années 1580, par Santi di Tito (ci-contre à droite).

Tandis que Vasari a vieilli expressément le visage de la reine, Santi di Tito semble ne pas avoir compris la mode de l'époque et n'est pas parvenu à reconstituer le costume (cela se voit au niveau des manches  ; voir les portraits de la reine Eléonore, de Marguerite de Navarre ou de Marguerite de France qui présentent des costumes plus vraisemblables que celui imaginé par Santi di Tito).

Caterina_Cristofano_dellAltissimo_UffiziC'est également le portrait de Corneille  de Lyon que le peintre Cristofano dell'Altissimo choisit de copier pour la grande galerie de portraits commandée par Cosme Ier de Médicis (ci-contre).

Source des images : Polo museale fiorentino (Florence, palais Vecchio) ; Agence photographique de la Rmn (Florence, galerie des Offices) ; Italianways (Florence, galerie des Offices)

 

 

 

Dame inconnue vers 1540Portrait inédit de Catherine de Médicis réalisé aux alentours des années 1540

Ce portrait a été mis en ligne dans la base d'images de la RMN, sous le titre de dame inconnue. L'identification de ce portrait à la dauphine reste donc à confirmer. Personnellement, je trouve qu'il ne fait aucun doute qu'il s'agisse de Catherine de Médicis. La dame inconnue représentée sur ce dessin possède les même yeux, les mêmes sourcils, la même forme du visage, le même nez et la même bouche que les portraits directement antérieurs et postérieurs de la dauphine.

Ce portrait est très intéressant car il illustre mieux que les portraits précédents, le physique ingrat de Catherine.

Source : Rmn (Chantilly, musée Condé)

 

 

 

Portrait présumé de Catherine de Médicis, BnFCet autre dessin représenterait également Catherine de Médicis jeune fille mais le portrait est assez idéalisé et le costume a été retouché dans les années 1560. Un dessinateur lui a rajouté une encolure avec collerette et une coiffure moderne en raquette avec des boucles.

Ce portrait représente-il vraiment Catherine de Médicis ?

Source (Paris, Bnf)

 

 

 


Article modifié en août 2012, avril 2018

4 décembre 2007

Erreurs en série sur François d'Alençon

 


alenconIl existe un certain nombre de faux portraits de François d'Alençon, c'est-à-dire des portraits qui représentent une autre personne que lui, mais identifiée à lui par erreur. C'est le cas de ceux-là.

Le premier portrait représente un homme portant un costume du milieu des années 1560. Non seulement, il possède des traits physiques très éloignés de ceux d'Alençon mais en plus à cette date le prince n'est encore qu'un enfant.

Même remarque pour les deux autres qui m'ont l'air d'être deux personnages identiques, mais les costumes qu'ils portent, n'appartiennent pas à l'époque de François d'Alençon.

alencon_3alencon_2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source : Rmn (Chantilly, musée Condé)

Individu par Corneille de LyonCe portrait-ci est l'oeuvre de Corneille de Lyon. Il représente un homme du règne de François Ier ou d'Henri II. En aucun cas, il ne peut s'agir de François d'Alençon. Outre le costume d'une autre époque, les traits du visage sont très éloignés de ceux du prince.

 

 

 

 

 

 

 

 Individu identifié a AlençonCet autre portrait est également censé représenter François d'Alençon. Le costume correspond parfaitement au modèle, mais les traits du visage sont-ils ceux de François ? Personnellement, j'en doute.

A confirmer.

Peut-être faut-il rapprocher ce tableau des portraits allemands car le collier qu'on aperçoit, est le genre de collier porté outre-Rhin.

4 août 2018

Autres représentations de Charles IX


Le 26 août 1572 par VasariExtrait d'une fresque de la salle royale du Palais du Vatican, peinte par Giorgo Vasari en 1573 et représentant Charles IX devant son parlement au lendemain du massacre de la Saint-Barthélemy

L'évènement majeur du règne de Charles IX est le massacre de la Saint-Barthélemy qui s'était répandu contre la volonté royale dans plusieurs villes de France. Devant sa difficulté à maintenir l'ordre face à une émotion populaire déterminée, le roi fut contraint de sortir de sa réserve. Il fallut bien expliquer pourquoi le gouvernement avait décidé d'exécuter les chefs huguenots et c'est pour cette raison que le roi se déplaça au parlement le 26 août 1572. Il assuma tout, portant pour la postérité, la responsabilité d'un massacre qu'il n'avait pas souhaité.

L'événement fut célébré par l'Église catholique romaine comme une victoire sur l'hérésie. Ce fut un malentendu ; comme beaucoup de ses contemporains, la Curie romaine avait cru comprendre que le roi avait décidé l'élimination des hérétiques, mais ce ne fut pas le cas. Du point de vue du gouvernement français, l'événement était une affaire purement politique et militaire. Avaient été éliminés les ennemis de la Couronne ; les protestants gardaient la liberté de conscience et le roi prenait des mesures pour les protéger.

L'événement fit grand bruit dans toute l'Europe et chacun l'exploita à des fins de propagande. Du coté romain, on ne se préoccupa pas de la vérité, ni des contre-vérités énoncés par le gouvernement français. De fait, le pape Sixte V passa commande à Giorgo Vasari d'une importante fresque historique qui en garderait le souvenir. Aujourd'hui, cette peinture orne toujours les murs du Vatican.

La fresque décore les murs de la salle royale, une salle d'apparat qui servait de salle d'audience au pape. C'est aussi la dernière grande oeuvre de Vasari. Terminée au mois de mai 1573, elle a été réalisée en un temps record, ce qui fit la fierté de son auteur 1.

La fresque se compose de trois scènes qui retracent les moments forts du massacre. L'une d'entre elles représente l'attentat contre l'amiral de Coligny. Sur la fresque intitulé Le roi approuve l'assassinat de Coligny (illustration ci-dessus), le roi est représenté brandissant l'épée de la victoire. Il est accompagné par ses frères, le duc d'Anjou et le duc d'Alençon, représentés assis à sa droite.

Source de l'image et localisation : Wikimedia common (Rome, palais du Vatican)

 

Charles IX par LimousinAllégorie de Charles IX en dieu Mars, sur une plaque en émail de Léonard Limousin réalisée en 1573

Le thème de Mars, dieu de la guerre, est un thème prisé par la monarchie depuis la troisième guerre de religion. Le roi entend donner une image de lui plus militaire, marquant sa détermination à combattre les rebelles ennemis, ici les Huguenots (Henri IV reprendra le même thème face à la Ligue).  

Les évènements de 1572 marque le début d'un renforcement du pouvoir royal. Décidé à ne plus se laisser dicter sa conduite par les partis, Charles IX s'investit désormais personnellement dans son gouvernement. Ce durcissement de la position royale débouchera sur le complot des "Malcontents".

Cette oeuvre appartient à une série de plaque en émail produite par Léonard Limousin. Elles mettent en scène dans les mêmes dispositions, Catherine de Médicis en Junon, et le duc d'Anjou (ou Henri II ?) en Jupiter.

Source de l'image : (Los Angeles, J. Paul Getty Museum)

Charles IX par CaronPortrait d'un prince par CaronPortraits équestres présumés de Charles IX, dessinés par Antoine Caron

Il s'agit moins de portraits que la représentation emblématique du prince en gloire. Comme les dessins ne sont pas annotés, les personnages sont parfois identifiés au duc d'Anjou, futur Henri III 2. Peut-être ont-ils servi de modèle pour une tapisserie, un ouvrage d'orfèvrerie, ou une oeuvre éphémère comme en faisait souvent Antoine Caron pour les fêtes de la cour.

Source des images : Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé) Base Joconde (Chantilly, musée Condé)  

 

Charles IXPortrait équestre de Charles IX en habit impérial romain

L'oeuvre évoque de nouveau le thème antique du chef de guerre triomphant, si prisé à la Renaissance.

Source de l'image Agence photographique de la Rmn (Paris, musée du Louvre)

 

Médaille_uniface_Charles_IX_medaillon_British_museumPortraits en médaillon de Charles IX

Le premier porte la mention de 1561, mais cela n'induit pas qu'il date du XVIe siècle.

Le second appartient à une série de médaillons en bronze représentant plusieurs membres de la famille des Valois. Ils sont présumés avoir été réalisés par Germain Pilon. Celui de Charles IX a été produit vers 1573, il n'est pas sans similarité avec le portrait d'Henri III fait par ce même artiste deux années plus tard (voir dans cet article) 4.

Ano_1564_Charles_IX_MBA_LyonWoeiriot_Pierre_1572_Charles_IX_MBa_LyonBrucher_Antoine_1568_Charles_IX_MBA_LyonSource des images : (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; (Londres, British museum) ; MedFr37 : (Musée des Beaux-arts de Lyon)MedFr34 : (Musée des Beaux-arts de Lyon) ; E538-c : (Musée des Beaux-arts de Lyon) ;

 

Charles IX par Pilon, Wallace collection

Henri III ou Charles IX par Pilon, musée du LouvrePortraits en buste par Germain Pilon

La première image est un buste en bronze conservé à la Wallace collection.

La seconde image est un buste en marbre conservé par le musée du Louvre. Malgré une attribution ancienne à Charles IX, il est maintenant identifié à Henri III 4.

Ce qui permet douter de l'identité du modèle, c'est la moutache épaisse retombant en boucle sur les joues. Elle est similaire à celle que porte Charles IX sur le buste en bronze et rappelle le portrait royal peint par Decourt. Par ailleurs, elle ne s'accorde pas à l'iconographie de Henri III qui est toujours représenté avec une moustache très légère et une barbe de trois jours 5. Cette discordance continue de rendre discutable l'identification du marbre à Henri III.

Charles IX, (tête du XIXe), musée du Louvre Il n'est pas impossible d'envisager que la tête ait été modifiée à une date bien ultérieure, comme ce fut le cas pour un autre buste en marbre de Charles IX, représenté enfant (image ci-contre). L'oeuvre est également conservée au musée du Louvre et appartient à une série de trois bustes royaux dont celui dit de Henri III. La tête a été refaite au début du XIXe siècle.

Source des images : (Londres, Wallace collection) ; Agence photographique de la Rmn (Paris, musée du Louvre) ; Agence photographique de la Rmn (Paris, musée du Louvre)

 

Charles IX en 1573 par LimosinPortrait présumé de Charles IX, supposé être de la main de Léonard Limousin

C'est une très belle représentation du roi, en pied, à la fin de son règne. La localisation de l'oeuvre reste à trouver.

Il en existe une copie du XIXe, vendue chez Bonhams en 2008 (source : Bonhams, Vente du 1er juillet 2008).

 

 

 

 

 


Notes.

1. Roland LE MOLLÉ, Giorgio Vasari, l'homme des Médicis, Paris, Grasse, 1995, p. 424.

2. C'est le cas du catalogue consacré à l'oeuvre de Caron de J. EHRMANN, Antoine Caron, peintre des fêtes et des massacres, Paris, Flammarion, 1986.

3. L'attribution à Germain Pilon de la série de médaille en bronze des Valois est régulièrement remise en question. G.BRESC-BAUTIER (dir.), Germain Pilon et les sculpteurs français de la Renaissance, Paris, La documentation française, 1993, p. 47, 146-153.

4. Pour l'ancienne attribution : J. BABELON, Germain Pilon, Les Beaux-Arts, Édition d'études et de documents, collection « L'Art français », 1927, p. 67-69 ; pour la nouvelle attribution : G.BRESC-BAUTIER (dir.), Germain Pilon et les sculpteurs français de la Renaissance, Paris, La documentation française, 1993, p. 47.

5. A l'exception du portrait en émail de Limousin qui présente Henri III avec une moustache qui se prolonge sur les cotés, mais celle-ci reste encore bien en-dessous de l'épaisse moustache immortalisée par Decourt sur les portraits de Charles IX.

1 mars 2008

Le duc d'Orléans


Henri d'Orléans, musée CondéHenri d'Orléans, musée CondéPortrait d'Henri d'Orléans réalisé par Jean Clouet vers 1524

Né en 1519, Henri est le deuxième fils du roi François Ier.

Le dessin est le résultat d'une demande faite par le roi d'avoir le portrait de ses cinq enfants. Il en existe une copie à la BnF.

Si le dessin a servi de modèle à la peinture, l'artiste a développé sur le tableau les détails du costume. Il a rajouté à l'enfant des bras et lui fait porter un petit chien. Le couvre-chef a également été modifié.

Source : Rmn et Rmn (Chantilly, musée Condé)

Henri d'Orléans à la cour du roi François, musée CondéLe petit duc d'Orléans apparaît sur une miniature peinte au début des années 1530, représentant une lecture faite par Antoine Macault à la cour du roi François.

Le roi se tient assis sous un dais et derrière une table sur lequel se tient un singe. Il est entouré de plusieurs courtisans parmi lesquels, on peut reconnaître le connétable de Montmorency. A gauche, sont représentés les trois fils du roi. Henri se tient au milieu, entre ses deux frères, le dauphin François et Charles.

Source de l'image : Agence photographique de la Rmn (Chantilly, musée Condé)

 

 

 

Medailleur_du_cardinal_de_Tournon_1535_Henri_dOrleans_MBa_LyonPortrait en médaillon d'Henri d'Orléans sculpté en 1535 (exemplaire conservé au musée des Beaux-Arts de Lyon)

Source de l'image : MedFr22 (Musée des Beaux-arts de Lyon) ; voir également l'exemplaire MRR328 (Paris, musée du Louvre

Il s'agit d'un d'un très beau portrait où le futur Henri II est encore représenté habillé selon l'ancienne mode avec la grande toque et les cheveux longs. Il a environ seize ans.

(Paris, musée du Louvre)


 

 

 

Henri d'Orléans, galerie EstensePortrait d'Henri d'Orléans par Corneille de Lyon 

Lors du séjour de la cour à Lyon en 1536, le peintre a eu l'occasion de portraiturer de nombreuses personnalités de la cour dont le prince Henri qu'il a peint, revêtu d'une armure.

Le duc d'Orléans a environ 17 ans. Il vient d'être marié à Catherine de Médicis. La même année, son frère le dauphin François meurt, faisant de lui, l'héritier légitime du trône.

L'identification du portrait a été plusieurs fois remise en cause et aujourd'hui le doute subsiste1. Représenterait-il le dauphin François ou le frère cadet Charles ?

Source : Wikimedia commons (Modène, galerie Estense)


Notes

1. Hervé Oursel et Julia Fritsch (dir.), Henri II et les arts : Actes du colloque international, École du Louvre et Musée national de la Renaissance-Écouen, 1997, La Documentation Française, 2003, p. 25. Anne Dubois de Groër a maintenu l'identification au prince Henri (Corneille La Haye, dit Corneille de Lyon, Arthéna, 1997, p. 133).

 

18 septembre 2007

Les portraits ultérieurs


Comme les portraits de François II sont rares, je propose de mettre ici les portraits posthumes.

A11__Fran_ois_II_et_Marie_Stuart__portrait_posthume_Il y a la très belle miniature du livre d'heures de Catherine de Médicis où François est représentée au côté de son épouse. Le portrait ne fait que reprendre le dessin de Clouet.

A12__Fran_ois_II___posthume_Il existe un très beau portrait en pied de François II au parlement anglais, probablement réalisé au XIXe siècle.

Source

A13__Fran_ois_II_par_Rauch_CharlesIl y a enfin un portrait réalisé par Charles Rauch pour le musée Louis-Philippe de Versailles. Le portrait ne fait que reprendre le visage du portrait peint de Chantilly.

Source (Paris, musée de l'armée)

19 septembre 2022

Scènes religieuses, de genre ou d'histoire


Messe de la Ligue, musée des BA de RouenL'Office solennel à l'avènement d'Henri III dit La Messe de la Ligue, peint vers 1574 par Herman Van Der Mast, et conservé au musée des beaux-arts de Rouen

Source de l'image : Plateforme Ouverte au Patrimoine (localisation : Rouen, musée des Beaux-arts)

L'oeuvre n'a pas encore dévoilé sa véritable identité. On ignore encore le contexte de sa production qui permettrait de comprendre le message politique donnée à cette représentation allégorique exceptionnelle.

La peinture réunit une scène religieuse (le Christ sortant du tombeau) et une réunion internationale regroupant de façon fictive de grands princes catholiques. Le contexte est celui de la Contre-Réforme ; l'enjeu est d'affirmer l'unité des catholiques autour d'un article de foi fondamental : la présence réelle (de Dieu) dans le pain consacré. La peinture est clairement un manifeste religieux et politique contre les protestants qui rejettent cette croyance.

L'apparition du Christ ressuscité pendant l'office eucharistique est un thème iconographie assez répandu à la Renaissance. Il est connu sous le nom de Messe de Saint Grégoire. La scène associe la représentation d'une messe à une vision mystique du Christ sortant du tombeau.

Autour de l'autel sont représentés des célébrités politiques des années 1570. Il ne s'agit pas de représenter un évènement particulier, car ces personnalités n'ont jamais été réunies ensemble. L'image se veut symbolique.

Messe de la LigueA droite, sont représentés plusieurs personnages de la cour de France. Certains portraits n'ont pas trouvé leur identité, mais d'autres sont facilement reconnaissables, comme le roi Henri III (revêtu de son manteau de sacre fleur-de-lysé et bordé d'hermine) et derrière lui, son frère le duc d'Alençon.

Devant le roi, se tient l'empereur Maximilien habillé à l'antique en imperator ; c'est le seul personnage à pouvoir prétendre la préséance sur le roi de France 1. Derrière, sont représentées des personnalités qui ne peuvent être que des seigneurs de la très haute noblesse. Certains sont facilement identifiables comme le duc de Guise.

L'identité des autres personnalités peuvent être déduites par l'ordre de préséance et confirmées par les portraits. Le barbu à côté du roi, est probablement le duc de Montpensier. En tant que prince du sang, Montpensier est un chef catholique des plus importants à la cour. Il est notamment connu pour son intransigeance ; on sait aujourd'hui qu'il fut l'un des ordonnateurs du massacre de la Saint-Barthélémy ; sa présence parmi ces hauts seigneurs catholiques serait sensée.

Plus haut, se trouvent probablement le prince de Mantoue, Louis de Gonzague, duc de Nevers, principal conseiller du roi 2, et à côté de lui, probablement, le duc de Mayenne, le frère cadet du duc de Guise, qui avait déjà manifesté son soutien à l'Église en allant combattre les Ottomans. Les autres personnalités sont nécessairement des princes, sinon des Grands du royaume. Très étonnant, est la figure placée dans l'ombre entre le roi et Alençon. Il pourrait s'agir du roi de Navarre (catholique jusqu'en 1576), dont on aurait voulu minimiser l'importance du fait de son ancienne appartenance religieuse.

Pendant un temps, le tableau avait été titré Messe de la Ligue, mais ce mouvement politique aussi connu sous le nom de Sainte-Union, n'existait pas encore à cette date. L'oeuvre montre pourtant que très tôt les élites catholiques s'étaient s'associés pour organiser leur défense. La cour d'Henri III est ici inscrite dans ce projet. On y associe de grands seigneurs français avec des princes européens catholiques comme l'empereur (pourtant très libéral sur le plan religieux) ou encore, sur le côté gauche, le pape Grégoire XIII. L'oeuvre représente donc bien une ligue, c'est-à-dire une association d'hommes. Les intentions personnelles du commanditaire restent à découvrir.

 

Henri III_LouvreHenri III à genoux en prière au pied de la Croix.

Source : Agence photographique de la Rmn (Paris, musée du Louvre) ; Jean Guiffrey, La peinture au musée du Louvre: Ecole Française, Paris, illustration, 1923 (localisation : Paris, musée du Louvre)

C'est un tableau du musée du Louvre qui avait disparu pendant la Seconde guerre mondiale. En 2014, il est réapparu dans une vente aux enchères. Lorsque j'avais présenté cette oeuvre en 2007, je n'avais mis en illustration que la photographie en noir et blanc du catalogue du musée de 1923 (image ci-dessous à droite). Depuis, le tableau a réintégré les collections du Louvre.

Henri III était un homme très pieux, surtout dans les dernières années de sa vie. Sa foi très profonde l'amenait parfois à s'isoler du monde et à se retirer dans des couvents. Pendant plusieurs jours, la cour n'avait plus de nouvelles de lui.

Henri III au pied du calvaire, musée du LouvreHenri III considérait que les malheurs qui s'abattaient sur son royaume était causés par ses péchés. De la même manière que Jésus est mort sur la croix pour le Salut du monde, il considérait qu'il devait offrir ses souffrances à Dieu pour le Salut de ses sujets. Les ossements humains, placés sur le tableau au pied de la croix (mememto mori) rappellent l'évanescence du monde physique et l'égalité de l'homme devant la mort. Henri III, agenouillé, revêtu de son manteau d'hermine semé de fleur de lys, s'humilie devant Dieu.

On remarquera que les deux seules représentations d'Henri III en habit de sacre - connues à ce jour en peinture - le sont alors qu'il est agenouillé devant le Christ (celle-ci et la précédente).

Le roi Henri III a laissé le souvenir d'un homme excentrique ayant une très haute opinion de lui-même ; soucieux des protocoles, il a sacralisé son quotidien en obligeant les courtisans à le saluer - à distance respectable - comme le vrai représentant de Dieu sur terre. Mais ces peintures rappellent qu'il est aussi un homme de religion qui s'efforce par pénitence de se rabaisser.

Procession_&_habit_des_penitents_[Il n'existe pas de représentation du roi en bure de moine, mais assurément c'est un vêtement qu'il prisait occasionnellement. Une image peut illustrer cet attrait pour la pénitence, c'est la gravure de la procession des pénitents blancs (ci-contre). Il s'agit d'une confrérie fondée par le roi réunissant les grands seigneurs de sa cour. Caché sous une cagoule, le roi participe à la marche rédemptrice qui le rapproche de Dieu. Il est le pénitent qui porte une croix à droite.

Assurément, Henri III est un homme de contraste et c'est sans doute ce qui a laissé ses contemporains assez dubitatifs.

Source de l'image : Gallica (Bibliothèque nationale de France)

 


Henri III présidant la 1ère cérémonie de l'ordre duSaint_EspritLa Création de l'ordre du Saint-Esprit, peinte en enluminure par Guillaume Richardière d'après une oeuvre d'Antoine Caron.

Source : Agence photographique de la Rmn (localisation : Chantilly, musée Condé)

L'image illustre la première cérémonie de l'ordre du Saint-Esprit fondé par Henri III en 1578. La scène représente la réception de l'un de ses membres les plus éminents : Louis de Gonzague, duc de Nevers.

Nevers est l'ancien mentor du roi, et son principal conseiller politique ; même si le duc a perdu de son influence au fil du temps, il reste l'un des plus gros piliers du règne. Nevers est un prince italien, élevé au sein de la famille royale, comme compagnon d'enfance des petits princes Valois. Marié à Henriette de Clèves, héritière du prestigieux duché de Nevers, Louis de Gonzague est l'un des plus Grands à la cour, même si le duc de Montpensier, prince du sang, lui a violemment disputé ce statut, par une altercation et une querelle que le roi a eu peine à calmer. 

L'oeuvre est une enluminure peinte sur l'évangéliaire de l'ordre. Elle a été faite d'après une peinture d'Antoine Caron, exposée en son temps à Paris au couvent des Augustins. Ce couvent était le siège de l'ordre, le lieu où le roi réunissait ses chevaliers. Comme d'autres tableaux présents aux Augustins, l'oeuvre originale a été détruite par la Ligue parisienne après l'assassinat du duc de Guise en 1588 3.

Sur le tableau sont représentés d'autres personnages importants du règne. Sur la droite, on observe la figure dominante du cardinal de Bourbon, prince du sang (le futur Charles X de la Ligue), le cardinal de Guise (le futur "martyr" de la Ligue). Le haut dignitaire qui tient le livre est Hurault de Cheverny, garde des sceaux et futur chancelier.

Livre_armorial_des_escriptz_13r_BnFMalgré les destructions de la Ligue, le trésor de l'ordre a été en partie préservé et se trouve aujourd'hui exposé au musée du Louvre. Il comprend des colliers, des manteaux et la masse d'arme tels qu'ils sont représentés sur cette enluminure.

Parmi les oeuvres laissées par l'Ordre, se trouve également le livre armorial 4, conservés à la Bibliothèque nationale de France. L'ouvrage contient tous les blasons des chevaliers de l'ordre, ainsi que quelques représentations figurées dont cette vue de l'église des Augustins où se déroulaient les cérémonies (image ci-contre à droite).

Livre_armorial_des_escriptz_BnFCe livre contient également une image du roi revêtu de sa tenue (image ci-contre à gauche).  La qualité n'est pas à la hauteur de la précédente car ni les traits du visage, ni les proportions ne sont très bien respectées. Mais ce qui est intéressant est que cette image est contemporaine à la fondation de l'ordre en 1578 ; et cela se voit du point de vue de la mode, ou plutôt de la physionomie du roi. Henri III n'est pas encore touché par l'alopécie ; son bonnet est dissimulé par des cheveux soigneusement frisés et relevés en hauteur.

Dix ans plus tard, le peintre Jean Rabel a peint le roi avec la même tenue. La peinture originale a été détruite, mais l'image est restée par la gravure qu'en a fait Thomas de Leu (première estampe ci-dessous à gauche). L'image est plus tardive car comme tous les derniers portraits du roi, le bord du bonnet est aligné avec le front du roi.

Source des images : Gallica (Bibliothèque nationale de France) ; Gallica (Bibliothèque nationale de France) ; Gallica ; Gallica ; Gallica

Rabel_Henri-III_BnFLeu_Henri-III_Onb2Ano_Henri-III_BnF9Ano_Henri-III_BnF11

 

 


Pavane à la cour - Louvre Le mariage de Joyeuse, VersaillesPavane à la cour d'Henri III, autrefois intitulé Bal donné pour le mariage du duc Anne de Joyeuse et de Marguerite de Lorraine-Vaudémont

Source de l'image et localisation de l'oeuvre : (Versailles, collection du château) ; (Paris, musée du Louvre)

L'oeuvre existe en deux versions ; la plus grande est conservée à Versailles (ci-dessus à gauche) et la seconde qui est sa réplique est au Louvre (ci-dessus à droite). Bien qu'elle soit souvent attribuée à Hiéronymous Francken, peintre flamand installé à Paris, aucune source, ni analyse stylistique ne permet de le confirmer 5.

L'image inaugure unPavane à la cour d'Henri IIIe série de représentation de bals aristocratiques qu'on retrouvera dans la peinture flamande au début du XVIIe siècle (notamment via le fils de Hiéronymous, Frans Francken).

Elle illustre la vie festive à la cour d'Henri III où sont donnés plusieurs fois par semaine fêtes, bals et mascarades. Sous le dernier Valois, la cour de France reste la première cour d'Europe ; les ambassadeurs étrangers en ont laissé des témoignages tantôt amusés, admiratifs ou circonspects. Le roi en personne danse régulièrement avec sa reine et les dames de sa cour, appréciant autant les soirées officielles organisées au palais du Louvre que les fêtes privées organisées dans les hôtels particuliers de la capitale. 

Au centre du tableau, se tient un duo dont l'habillement peut faire penser qu'il s'agit d'un couple de jeunes mariés. Jusqu'à récemment, il était admis que le tableau représentait les noces d'Anne de Joyeuse l'un des plus célèbres favoris du roi. Le 18 septembre 1581, celui-ci épousait à Paris la propre soeur de la reine Louise, Marguerite de Lorraine. Ce mariage célébré pendant plusieurs jours est l'un des évènements historiques du règne d'Henri III, car le faste déployé à cette occasion n'a pas d'équivalent dans le XVIe siècle français pour ce type de mariage.

Depuis, l'oeuvre a fait l'objet d'une nouvelle analyse de la part des spécialistes (notamment à l'occasion d'une exposition réalisée à Fontainebleau sur l'art de la fête à la cour des Valois en 2022). Plusieurs incohérences ont été soulignées au niveau de l'identification traditionnelle des personnages 6.

Pavane à la cour d'Henri IIISi le roi et les membres de sa famille sont aisément identifiables (on y voit débout à gauche, sa nièce Christine, et assises à sa droite, sa mère Catherine de Médicis et à sa gauche son épouse Louise de Lorraine), il restait un doute sur la présence du favori. 

Anne de Joyeuse ne serait pas représenté au centre mais à côté du roi, la main posée sur le siège royal (ce qui fait sens au regard de sa position de principal favori et de beau-frère du roi). Sa présence au premier plan fait pendant à celle de l'autre favori du moment, le duc d'Epernon ; Jean-Louis de Nogaret est en effet représenté à droite des Guise (Henri de Guise et son frère le duc de Mayenne).

Le couple placé au centre pourrait être des figures de fantaisie mais rien n'interdit d'y voir un vrai couple de mariés. Les mariages à la cour étaient fréquents. Il reste à trouver l'identité des mariés.

A l'occasion de cette nouvelle analyse, le tableau a été réintitulé Pavane à la cour d'Henri III. Ce nouveau titre a l'intérêt de renvoyer au sujet central du tableau - un couple en train de danser - et fait écho à un tableau similaire conservé au Louvre, représentant lui aussi une danse à la cour de Valois (ci-dessous).

 

Bal à la cour d'Henri IIII (Louvre) Branle à la cour d'Henri III conservé au musée du Louvre

Source de l'image et localisation de l'oeuvre : (Paris, musée du Louvre)

Cette représentation de la cour d'Henri III n'est pas sans similitude avec le tableau précédent. On y retrouve les mêmes figures de fantaisie (la dame assise représentée de dos), mais le roi est désormais représenté debout et les musiciens sont placés sur une estrade dans le fond.

Henri III et Catherine de Médicis (extrait)Le tableau était autrefois identifié sous le nom de Bal du duc d'Alençon, mais ce dernier est absent du tableau. A cette époque, le frère du roi est auprès de sa soupirante anglaise, la reine d'Angleterre. La soeur du roi, Marguerite de Valois est également absente du tableau ; elle se trouve alors à Nérac, à la cour de son mari, le roi Navarre.

Le roi, représenté debout à gauche au premier plan, est revêtu du costume en vogue à l'époque dont la panse qui transforme le bas du pourpoint en pointe et le boulevart porté sur les hanches.

Pour la datation de la scène, on peut remarquer que le duc de Mayenne, situé derrière le roi, porte le collier de l'ordre du Saint Esprit. Le tableau est donc postérieur à 1582, date d'entrée de Mayenne dans l'ordre. On retrouve au premier plan les personnalités observées sur le tableau des noces du duc de Joyeuse, vu précédemment. Derrière le roi, se tient le duc de Mayenne, Christine de Lorraine, nièce du roi, Catherine de Médicis, sa mère et sur le côté, le duc de Guise. Il est possible que le tableau ait été peint par le même artiste (avec les mêmes interrogations concernant le peintre flamand Hieronymous Francken).

Il existe d'autres tableaux de ce genre. Mais contrairement à Pavane et à Branle, les personnages représentés sont des anonymes (illustrations ci-dessous).

Bal à la cour des Valois (Rennes, musée des Beaux-arts) Bal à la cour des Valois (Blois)Source des images : Agence photographique de la Rmn (Rennes, musée des Beaux-arts) ; Webmuseo, Bridgeman art library (Blois, musée des Beaux-arts)

 

 

 

 

  


Le 23 et 24 décembre 1588, le roi fait assassiner le duc Henri de Guise et son frère le cardinal Louis de Lorraine. Les faits se déroulent au château royal de Blois, pendant la session des États généraux. C'est un évènement historique majeur, car il marque le point de départ d'un déchaînement de violence qui aboutira à la mort du roi. Le duc de Guise n'était pas seulement un prince, il était aussi un homme politique très populaire, et un homme de parti très puissant. Son assassinat révulsa une partie de la société catholique et provoqua l'édition d'un très grand nombre d'imprimés hostiles au roi. Parmi eux, se trouvent des gravures qui racontent le récit de ces évènements historiques. En voici quelques unes tirées du recueil du chroniqueur et collectionneur Pierre de L'Estoile Les belles Figures et Drolleries de la Ligue (numérisé et mis en ligne par la BnF dans Gallica) :

 

Les_belles_Figures_et_Drolleries_Etats_Generaux_2v2L'assemblée des États généraux à Blois, sous l'autorité du " perfide Henry de Vallois "

L'image représente une séance des États généraux que le roi préside. Henri III siège sur son trône, encadré par les deux princes lorrains. Il s'agit d'une représentation simplifiée car les deux Guise sont mis en avant au détriment des autres princes et officiers de la Couronne ; sur les 4 secrétaires d'État, seuls d'eux entre eux sont représentés attablés au pied du roi.

Les_belles_Figures_et_Drolleries_Etats_Generaux_2Henri III est placé au-dessus de tous. Il est mis en valeur parce qu'il est le roi. La présence de son sceptre et de son manteau royal rappelle sa nature sacrée. C'est là encore une figuration symbolique car le roi était habillé en tenue civile pendant les séances des États généraux.

Habillés d'un manteau bordé d'hermine (mais sans leur couronne ducale), les deux princes lorrains sont représentés comme des pairs de France, et donc comme les garants de la royauté.

 

Au fond de l'image, les deux princes sont représentés de dos, agenouillés devant l'autel où un prêtre dit la messe. Ils sont représentés en tant que princes catholiques. Ils reçoivent d'un prêtre l'hostie consacrée signe de leur adhésion à la foi catholique, mais également de leur participation au sacrifice du Christ, préfiguration de leur propre sacrifice.

Malgré qu'il soit revêtu d'une personnalité sacrée, Henri III est désigné comme le traitre. Le reste de la gravure montre l'assassinat des princes catholiques. Elle dénonce le viol fait par le roi des voeux prononcés au moment de son sacre, celui de protéger la religion catholique ; il devient parjure. Le message de la gravure anticipe les appels de la Ligue à destituer le roi, voire à le faire assassiner.

 

Les_belles_Figures_et_Drolleries_Etats_Generaux_Anne_Este_2Henri III montre à la duchesse de Nemours, les cadavres de ses fils assassinés.

La gravure met en scène Anne d'Este, la mère des deux princes assassinés.

Anne est une grande dame de la cour et un membre de la famille royale. Par sa mère, elle est la petite-fille du roi Louis XII. Henri III est son cousin germain.

Anne est surtout connue pour être l'épouse et la mère des ducs de Guise. Elle est la veuve éplorée de François de Guise, le chef charismatique des catholiques, assassiné par un protestant pendant la première guerre de religion. L'auteur de la gravure utilise son image de victime pour apitoyer son public. La tragédie est d'autant plus importante pour Anne que le meurtre se déroule dans le château de son grand-père. Avant qu'il ne devienne château royal, le château de Blois était la demeure personnelle de Louis d'Orléans, futur Louis XII.

 

Les_belles_Figures_et_Drolleries_Etats_Generaux_Anne_Este_3Sur l'image, le roi lève la main pour signifier sa mise en arrestation. Anne sera effectivement assignée à résidence après l'assassinat de ses fils 7. Incarcérée dans un premier temps à Amboise, elle sera finalement relâchée deux mois plus tard. Elle rejoindra alors Paris où elle animera la résistance contre le roi avec les autres membres de sa famille.

Dans le fond, à droite, les gardes emmènent les autres chefs de la Ligue. A gauche, les gardes préparent le feu de cheminée pour brûler les corps.

 

 

Les_belles_Figures_et_Drolleries_Etats_Generaux_Chefs_ligueurs_2Le roi montre les cadavres aux chefs de la Ligue

La gravure met en scène trois des principaux chefs de la Ligue arrêtés par le roi. L'assassinat des princes lorrains fut suivi de plusieurs arrestations politiques.

En tête est représenté le vieux cardinal de Bourbon. Charles de Bourbon est le premier prince du sang catholique. Premier dans l'ordre de succession, il est l'héritier du roi imposé par la Ligue (par l'exclusion des princes protestants). A la mort d'Henri III, Charles de Bourbon, quoique toujours séquestré, sera reconnu roi par les ligueurs sous le nom de Charles X.

Les_belles_Figures_et_Drolleries_Etats_Generaux_Chefs_ligueurs_3A ses côtés se trouve l'archevêque de Lyon, Pierre d'Epinac qui est l'une des têtes pensantes de la Ligue. C'est de sa main qu'aurait été rédigé le programme d'action politique retrouvé sur le corps du duc de Guise après son assassinat 8.

Le troisième prince est un jeune homme de 17 ans. C'est le prince de Joinville, le fils du duc assassiné. Il est le nouveau duc de Guise.

Comme dans la gravure précédente, le roi est montré en train de présenter les cadavres, ici décapités, des deux lorrains. Sa cruauté est inspirée par le duc d'Epernon, représenté en diable tenant un soufflet.

L'image est fictive, sans réalité historique. Un roi n'a pas rencontré ceux qu'il a fait arrêter, pas plus qu'il n'a participé à une quelconque exhibition macabre.

 

 

Henri _3_drolleries89Le roi ordonne de brûler les restes du duc de Guise et du cardinal de Lorraine

L'exécution des deux princes lorrains a suscité une immense émotion dans le royaume. Considérés comme martyrs de la foi catholique, ils ont aussitôt fait l'objet d'une vénération populaire.

Si le roi ordonne de brûler leurs corps, c'est pour éviter que la Ligue ne les récupère pour en faire des reliques. L'année précédente, la soeur des Guise Catherine-Marie duchesse de Montpensier, avait lancé une grande campagne de propagande en faveur de sa cousine Marie Stuart que la reine d'Angleterre avait fait exécuter. La duchesse de Montpensier avait encouragé l'organisation de manifestations dans les rues de Paris pour commémorer à grand renfort d'images, la mort de la reine d'Écosse et la faire reconnaître comme martyre catholique.

Henri _3_drolleries29L'image est une mise en scène dramatique qui ne correspond pas à la réalité. Henri III n'a pas assisté à la mise en pièce macabre des princes de Guise. Or ici, le roi supervise en personne et en grande dignité, au dépeçage des corps et à leur destruction. Bien que le roi ne soit pas représenté de façon caricaturale, l'image contribue à sa diabolisation. Cette décision de faire brûler les corps est aussi sacrilège que le meurtre en lui-même, car la crémation est contraire à la foi chrétienne.

Henri III est entouré d'un courtisan et d'un homme de loi, censés représenter les "mauvais" conseillers. L'entourage du roi est autant dénoncé que celui-ci. A travers lui, sont visés les intrigants parvenus et arrivistes, mais aussi les politiques, ces hommes de raison prêts à accepter que l'État fasse des compromis avec l'ennemi (les protestants) pour favoriser la paix et le bien du royaume.

 


Notes

1. Il a été proposé d'identifier cette figure au cardinal de Granvelle (Fêtes et Crimes à la Renaissance..., 2010, p. 111).

2. Il pourrait encore s'agit du duc Charles III de Lorraine ou du duc Jacques de Savoie-Nemours (mais ces derniers sont plus âgés et le duc de Lorraine, en tant que souverain ne pouvait être relégué au dernier plan). 

3. Frédéric HUEBER, Antoine Caron, peintre de ville, peintre de cour (1521-1599), Presses universitaires François Rabelais, 2018, p. 279

4. Livre armorial des escriptz et blasons des armes des chevalliers commandeurs de l'Ordre et milice du Sainct-Esprit, institué... le dernier jour de décembre 1578, par Martin COURTIGIER, sieur de la Fontaine, hérault d'armes de Sa Majesté

5. Oriane BEAUFILS, Vincent DROGUET (dir.), L'art de la fête à la cour de Valois [exposition, château de Fontainebleau, 2022], Fine éditions d’art, 2020, p. 272

6. Oriane BEAUFILS, Vincent DROGUET (dir.), op. cit., p. 263-264

7. Nicolas Le Roux, Un régicide au nom de Dieu : l'assassinat d'Henri III, 1er août 1589, Paris, Gallimard, coll. « Les journées qui ont fait la France », 2006, p. 174.

8. Nicolas Le Roux, Un régicide au nom de Dieu : l'assassinat d'Henri III, 1er août 1589, Paris, Gallimard, coll. « Les journées qui ont fait la France », 2006, p. 158.

Article initialement publié en fév. 2021

19 septembre 2022

Derniers portraits du règne


Henri III (BnF)Portrait au crayon d'Henri III attribué à Etienne Dumonstier et aujourd'hui conservé à la Bibliothèque nationale de France

Source des images (et localisation) : Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Agence photographique de la Rmn (Le Mans, musée de Tessé) ; La Gazette Drouot (Vente du 29 septembre 2020)

Le dessin est centré sur le visage du roi, tourné exceptionnellement vers la gauche. A la façon dont la toque est placée au-dessus du front on peut affirmer que ce portrait est plus tardif que celui de Chantilly (voir article précédent). Le couvre-chef cache désormais les cheveux, faisant apparaître au niveau du front un début d'alopécie.

Quand on sait l'importance du paraître à la cour d'Henri III, la dissimulation des cheveux est significative de l'évolution de la physionomie royale. Dans les années 1580, les cheveux sont censés être relevés en hauteur au-dessus du front et brossés en arrière. Cette représentation du roi n'est pas un arrangement trompeur. Elle témoigne de façon réaliste de son évolution physique à trente ans passés.

Henri III, vente de Drouot (2020)Henri III (musée de Tessé)A ce dessin, peuvent se rattacher deux peintures, l'une est conservée au musée de Tessé du Mans (ci-contre, image de gauche), et l'autre a récemment été vendue aux enchères (ci-contre, image de droite).

Elles se distinguent du dessin, par la broche en forme d'étoile et l'absence de perle suspendue. Il semblerait que dans le courant du règne, les portraits du roi aient abandonné les pendants d'oreille.

 

Henri III par Leu (National Gallery of Art)Henri III par Leu (Princeton)Il est possible que ce soit ce dessin qui ait servi de modèle à Thomas de Leu pour son portrait gravé du roi. On peut leur trouver deux points communs : l'alignement de la toque sur la ligne du front, faisant disparaître les cheveux, et l'absence de la seconde boucle d'oreille (ci-contre).

Source des images (et localisation) : (Musée d'Art de l'université de Princeton) ; (Washington, National Gallery of Art)

 

Henri III par Gaultier (BnF)Henri III par Granthomme (BnF)C'est aussi le modèle vraisemblablement repris en 1588 par Gourdelle, dans sa série dite des ligueurs (ci-contre, image de gauche). Dans son sillage, Léonard Gaultier propose une version du roi en fraise (ci-contre, image de droite). Ces gravures témoignent du succès de ce genre, à une période où le conflit politique opposant la Ligue au roi s'intensifie.

Source des images (et localisation) : Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Gallica (Paris, BnF) ; 2e version : Gallica (Paris, BnF).

   

 

Henri III par Dumonstier (Sotheby's)Portrait du roi Henri III attribué à l'atelier de Dumonstier lors d'une récente vente aux enchères

Source des images (et localisation) : Wikimedia commons (Hampel, vente du 11 avril 2013 à Munich) ; Sotheby's (vente du 15 juin 2021 à Paris)

Il s'agit d'un très beau portrait du roi récemment apparu dans une vente aux enchères. C'est un évènement que de tels portraits inédits et d'une telle beauté puissent encore être découverts sur le marché de l'art.

Le tableau a été vendu en 2013 chez Hampel ; il était alors attribué au peintre François Quesnel ; puis en 2021, il est vendu chez Sotheby's et rendu à Dumonstier et son atelier (voir la notice rédigée avec l'aide de l'historienne Alexandra Zverava).

Le tableau a probablement été peint dans les années 1580. La présence du collier de l'ordre du Saint-Esprit permet de le dater de façon certaine à une date postérieure à 1578. Mais l'âge du roi qui peut se deviner aproximativement au vieillissement des traits, devrait orienter les recherches vers une datation plutôt tardive, vers 1585.

Ce tableau reprend un portrait en pied aujourd'hui conservé au Kunsthistorisches museum de Vienne  (ci-dessous).

Henri III (KHM)Le portrait en pied est toujours intéressant pour appréhender la mode d'une époque. Malgré le caractère sombre du costume, on devine au niveau du bas ventre, l'énorme panseron qui, à la manière du costume de Polichinelle,  rendait le pourpoint déformé.

La cape très courte cache des manches ballonnées. Sur son coté gauche, est brodée la croix de l'ordre du Saint-Esprit.

Le portrait en pied est un genre qui se développe en France dans la seconde moitié du XVIe siècle et plus particulièrement sous le règne d'Henri III. Si un certain nombre de portraits en pied du roi devait exister,  beaucoup d'entre eux ont disparu du fait des destructions et des autodafés organisés par la Ligue. Après l'assassinat du duc de Guise, les portraits du roi ont été publiquement détruits. Ont ainsi disparu son portrait que la reine Catherine possédait en son palais parisien, ou encore celui en costume de l'ordre du Saint-Esprit, conservé au couvent des Grands Augustins.

La plupart des portraits en pied qui subistent aujourd'hui ne sont que des copies tardives. L'un des exemples les plus éloquents est celui commandé par le duc d'Epernon à la fin des années 1590 pour son château de Cadillac, alors en construction (ci-dessous, 3e portrait à droite) ; le roi est rhabillé à la mode de l'époque (son col dit pelle à tarte a les dimensions de la tendance des années 1590). Plus intéressant est l'exemplaire du musée des Beaux-arts de Troyes qui reprend avec quelques modifications vestimentaires (toujours au niveau du col), celui du musée du Kunsthistorisches (ci-dessous, au milieu).

Source et localisation de l'image : (Vienne, Kunsthistorischesmuseum)

Henri III (localisation inconnue) Henri III (musée des BA de Troyes)

 Henri III (Château de Cadillac)

Source des images (et localisation) (de gauche à droite) : Akg images (Paris, Musée du Louvre)  et sa notice sur a base du musée ; Henri IV et la reconstruction du royaume, colloque, Pau, 1989 (Troyes, musée des Beaux-arts) ; Regards, Centre des Monuments historiques (Cadillac, Château des ducs d'Épernon)

 

 

 

Henri-III (musée du Louvre)Portrait d'Henri III autrefois attribué à François Quesnel1 et aujourd'hui exposé au musée du Louvre

Source de l'image (et localisation) : (Paris, musée du Louvre)

Ce portrait représente le roi dans la dernière partie de son règne, soit vers 1585. Henri III a maintenant la trentaine passée. Son chapeau est désormais placé au sommet du front à cause d'une calvitie de plus en plus importante.

Le roi arbore le ruban bleu au bout duquel pend la croix de l'ordre du Saint-Esprit.

Ce portrait illustre le style sevère adopté par le roi dans les dernières années de son règne. Le chapeau, le manteau et le pourpoint sont complètement noirs. Hormis celui de la toque, aucun bijou ne vient égayer la face grave du roi.

Devant l'absence d'héritier mâle et la montée de l'obscurantisme religieux (la Ligue), Henri III traverse une période de remise en question qui le conduit à mener une vie de dévotion intense. Les années 1580 constituent également le début de la Contre-réforme catholique en France, marquée par la quête d'une spiritualité intérieure. Plus que jamais le roi s'engage dans une vie austère, faite de pénitence qui lui vaudra le surnom de roi-moine.


Henri III (BnF)Portrait au crayon d'Henri III conservé à la Bibliothèque nationale de France

Ce dessin d'Henri III est le dernier réalisé de son vivant. Il a été attribué par l'historienne Alexandra Zvereva à Étienne Dumonstier.

Il représente le roi à la fin de son règne, marqué par le soulèvement  de la Ligue et la fuite de la capitale. Henri III n'a que 38 ans environ, mais sur le dessin, il paraît plus âgé. Ses traits sont marqués, et la calvitie est à un stade avancée. Comme sur la peinture du Louvre, elle apparaît sur les golfes temporaux que la toque peine à cacher.

Henri III (château d'Azay-le-Rideau)Source des images (et localisation) : Gallica (localisation : Paris, Bibliothèque nationale de France) ; Plateforme ouverte du patrimoine ou Collection du Château de Versailles (Château d'Azay-le-Rideau)

  

 

 

 


 

 

Notes

cartel_Henri III_Louvre 1. L'attribution de ce tableau au peintre Quesnel n'est plus d'actualité ; le musée du Louvre lui a retiré ce titre. Le cartel actuellement en place (2023) l'attribue à un Peintre anonyme.

Article initialement publié en 2020.

18 mars 2021

Anne de Joyeuse (1560-1587)


Joyeuse_BnFPortrait au crayon d'Anne duc de Joyeuse (en 1580 ?)

Source de l'image : Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 C_Ano_Anne de Joyeuse_detail_ 1582_Varsovie_Muzeum_Lazienki_Krolewskiev2Portrait en miniature d'Anne duc de Joyeuse (en 1582 ?)

Source de l'image : (Varsovie, Muzeum Łazienki Królewskie)

 

Aujourd'hui intégré dans un portrait en pied, de moins bonne facture, mentionné par Collecta (projet d'archivage numérique de la collection Gaignières).

Reproduit par Roger Gaignières au XVIIe siècle : dessin de la Bibliothèque nationale de France

 

 

 

 

 

PPortrait d’Anne, duc de Joyeuse (1560-1587) en prière devant une Crucifixion_Christiesortrait d’Anne, duc de Joyeuse en prière devant une Crucifixion, par Étienne Dumonstier

Source de l'image : Christie's (Vente du 29 mai 2020 à Paris)

 

 

 

 

 

 

 

 

Ano_Two_Gentlemen_Joyeuse_Epernon_Herbert_Johnson_Museum_of_ArtDouble Portrait d’Anne, duc de Joyeuse et de Jean-Louis, duc d'Épernon

Source de l'image : Exposition "An Earthly Paradise : The Art of Living at the French Renaissance Court" (Ithaca, Herbert F. Johnson Museum of Art)

 

 

 

 

Château_de_Beauregard_-_Anne_de_JoyeusePortrait d'Anne duc de Joyeuse (copie du XVIIe siècle)

Source de l'image : Wikimedia common (Galerie des illustres du château de Beauregard)

 

 

 

 

Joyeuse_OnBPortraits gravés d'Anne duc de Joyeuse par Rabel

Source de l'image : (Österreichische national Bibliothek)

 

 

 

Le_duc_de_Joyeuse_GourdellePortraits gravés d'Anne duc de Joyeuse par Gourdelle en 1587

Source de l'image : (Centre de recherche du château de Versailles) ; voir également l'exemplaire de Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) et (Londres, British Museum), (Cambridge, The Fitzwilliam Museum)

 

 

Le_duc_de_Joyeuse_Thomas_de_LeuPortraits gravés d'Anne duc de Joyeuse par Thomas de Leu en 1590

Source de l'image : Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) et (Londres, British Museum)

 

 

 

Le_duc_de_Joyeuse_GaultierPortraits gravés d'Anne duc de Joyeuse par Gaultier (XVIIe siècle)
Source de l'image : (Centre de recherche du château de Versailles) ; voir également l'exemplaire de Gallica (Paris, Bibliothèque nationale de France) et (Österreichische national Bibliothek)

 

 

 

 

 

 


Anne_de_Joyeuse_Le mariage de Joyeuse, VersaillesLe duc de Joyeuse représenté à coté du roi dans le tableau intitulé Pavane à la cour d'Henri III

 

Source de l'image : (Collection du Château de Versailles)

 

 

 

 

 

 

Anne_de_Joyeuse_British_MuseumPortrait d'Anne duc de Joyeuse gravé en médaille vers 1587

Source de l'image : (Londres, British Museum) ; voir également l'exemplaire de (Bibliothèque nationale de France)

 

 

 

 

30 avril 2007

Intro

Catherine de MedicisHenri II britishBienvenue sur le blog consacré aux portraits des Derniers Valois.

Ce blog vous propose de découvrir l'iconographie des Derniers Valois.

Pour chaque membre de la famille royale, vous trouverez une galerie de portrait. Cliquez sur les images ou sur l'une des catégories placées dans la colonne de droite pour y accéder.

Le but de ces galeries est de répertorier les portraits des Derniers Valois. Comme qu'il en existe un nombre très conséquent, il ne s'agit pas d'établir un catalogue exhaustif. Ne sont présentés que les portraits essentiels pour comprendre l'évolution iconographique des Derniers Valois. La primeur étant donnée aux portraits du XVIe siècle, les galeries ne vont guère au-delà du XVIIe siècle.

La plupart des images postées dans ces galeries, proviennent de de la toile. Les images ne sont donc pas forcément libres de droit. Pour connaître l'origine de ces images, la source de chacune d'entre elles est indiquée.

Bonne visite !

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AlencondfDiane de France

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cliquez sur l'un des personnages pour accéder à la galerie qui les concerne.

30 avril 2007

Portrait de Catherine de Médicis en clarisse Il

Catherine de Medicis en clarissePortrait de Catherine de Médicis en clarisse

Il s'agit d'une miniature du livre d'heures de la reine. L'époque est à la Contre-Réforme : les années 1580 marquent chez les catholiques français l'amorce d'un renouvellement spirituel très important. Dans tout le royaume, les confréries de dévotion et les communautés monastiques se multiplient. De nouvelles formes de ferveur font leur apparition.

Pour paraître revêtue de cette façon sur son livre d'heures, on peut se demander si, à la fin de sa vie, Catherine de Médicis avait noué des liens avec l'ordre des clarisses ? Un rapprochement semblable se retrouve chez l'infante Isabelle la petite-fille de Catherine de Médicis. Après la mort de l'archiduc Albert, elle avait rejoint l'ordre des clarisses. Un tableau la représente en tenue de religieuse ; il s'agit de la même tenue que celle portée par Catherine sur la miniature.

Son visage, celui d'une très vieille femme, semble reprendre le modèle de la peinture de Baltimore. La miniature a probablement été peinte à la fin des années 1580, dans les derniers mois de la vie de la reine.

Source : (Paris, BnF)


Article modifié en août 2012

2 juin 2007

Marguerite sur la tapisserie des Valois


La reine Marguerite apparaît à trois reprises dans la tapisseries des Valois, conservées à la galerie des Offices de Florence.

Marguerite, son beau-frère et son mari dans Les joutes nautiquesPortrait de Marguerite de Valois dans la Fête nautique sur l'Adour.

La reine de Navarre est représentée accompagnée de son mari, Henri de Navarre (placé en face d'elle), et de son beau-frère, Charles III duc de Lorraine (placé derrière elle), très reconnaissable à ses grandes moustaches.

Les huit pièces de la tapisserie des Valois aujourd'hui conservent leur part de mystère. On présume qu'elles ont été réalisées à la fin des années 1570, mais on ignore l'identité de leur commanditaire. Les personnages sont représentés sur un fond qui n'a rien à voir directement avec eux. Sur cette tapisserie seraient représentées les festivités nautiques de l'entrevue de Bayonne (1565). La scène a pour modèle le dessin qu'en avait fait l'artiste Antoine Caron.

Les joutes nautiques de Bayonne, Galerie des OfficesLes personnages du premier plan appartiennent, quant à eux, à la fin des années 1570, probablement après l'année 1578, date des retrouvailles de Marguerite et de son époux après une séparation qui avait duré deux ans. Le roi et la reine de Navarre s'étaient brouillés pour des broutilles de cour, mélant histoire de coeur et tensions politiques.

Photo : Roberto Palermo (Florence, musée des Offices)

 

Marguerite et Francois, dans la Mascarade à l'élephantPortrait de Marguerite de Valois dans la Mascarade à l'éléphant.

La reine de Navarre est représentée avec son frère François, et derrière eux, leur neveu Henri de Lorraine, alors adolescent. 

Marguerite entretenait de bons rapports avec son frère cadet. Les intrigues de la cour les avaient rapproché. Marguerite partagait la cause de son petit frère quand il était en butte aux humiliations des hommes du roi. 

Ce partis pris avait valu à Marguerite de subir la méfiance constante d'Henri III. Le roi la pensait complice de la fuite de François en 1575 et la fit enfermer au palais du Louvre ; pendant plusieurs semaines, Marguerite vécut récluse dans sa chambre sans pouvoir en sortir.

Marguerite soutenait son frère cadet au point d'entreprendre un grand voyage aux Pays-Bas, pays dont François est appelé à devenir le souverain. Marguerite a laissé dans ses mémoires le récit rocambolesque de cette aventure, où elle manqua à plusieurs reprises d'être enlevée.

Marguerite de ValoisSur la tapisserie, la princesse est représentée en pied dans un grand décolleté, la main au côté, le visage souriant. Sa ressemblance avec Catherine de Médicis est ici particulièrement saisissante.

Le costume qu'elle porte appartient encore aux années 1570. La collerette s'ouvre largement au-dessus des épaules (ce qui est moderne pour la mode de l'époque), mais le reste de la robe est assez simple. Marguerite ne porte pas encore de vertugadin en bourrelet, ni de manches ballonnées comme il est d'usage à la cour d'Henri III.

 

Pour le commentaire de cette tapisserie voir l'article dans la partie François d'Alençon.   

Photo : Roberto Palermo ; Source : F. Yates, The Valois tapestries, London, Warburg institute, 1959

 

 Henri de Navarre, Marguerite de Valois et Catherine de MédicisPortrait de Marguerite de Valois dans le Carrousel des chevaliers bretons et irlandais à Bayonne

La reine de Navarre est représentée cachée derrière sa mère et son mari. On la reconnaît à sa perruque blonde et à ses traits de visage qui la rendent si proche de sa mère. 

L'image que renvoie cette représentation, c'est qu'entre les deux grands personnages historiques qui l'encadrent, Marguerite apparaît comme prisonnière, une représentation qui n'est pas sans rappeler une certaine réalité matrimoniale et politique.

De par la nature de son mariage, Marguerite avait un rôle politique d'une grande importance à jouer : celui de garder le roi de Navarre dans le giron de la Couronne. Dans le contexte des troubles politiques de l'époque, Marguerite était le pont d'alliance établi entre Henri de Navarre, prince du sang et trublion potentiel d'une part et la reine-mère, garante des intérêts de la couronne d'autre part. C'est bien pour maintenir le prince Henri sous sa tutelle que Catherine de Médicis ramena physiquement Marguerite auprès de lui en 1578.

Seulement le double jeu de Navarre (qui se comprend par le comportement des Valois pendant le massacre de la Saint-Barthélemy) et les aléas des conjonctures politiques devaient porter préjudice à cette alliance. Des deux côtés, Marguerite allait être prise à partie. 

Après plusieurs années, lasse de servir de bouc émissaire, elle finit par abandonner son mari et par tremper dans la trahison. Après des aventures dignes d'un roman, elle fut emprisonnée par son frère, déshéritée par sa mère et au final démariée par son mari.

Pour le commentaire de cette tapisserie voir également l'article dans la partie Catherine de Médicis.

Photo : Roberto Palermo (Florence, musée des Offices) 


 

Article modifié en avril 2019

2 juin 2007

Une reine en exil


Marguerite de ValoisPortrait présumé de Marguerite de Valois

Source et localisation de l'image : (Musée de Reims)

Le précédent dessin représentait la jeune reine à l'âge de vingt ans environ. Celui-ci est largement postérieur. Marguerite de Valois semble avoir pris vingt ans. Peut-être date t-il de la période d'exil  ? La forme de sa coiffe appartient à la mode de la deuxième moitié des années 1580 au plus tôt.

Qu'est-ce qui peut dans ce portrait nous confirmer qu'il s'agisse bien de Marguerite ? Le physique bien sûr ! On retrouve son nez long et étroit, sa petite bouche, les deux joues et les yeux en amande si caractéristiques de Marguerite avec des paupières quasi absentes. C'est bien Marguerite, mais vers l'âge de 40 ans environ.

Les portraits de Marguerite se font plus rares dans les deux dernières décennies du XVIe siècle, et pour cause, la reine de Navarre entre brutalement dans une période d'oubli.

Après s'être dressée contre le roi son frère et le roi son mari, elle fut consignée au château d'Usson où elle demeura de 1586 à 1605, abandonnée de sa famille.


Portrait_de_Marguerite_de_Valois_Gaultier_bnfPortrait de Marguerite de Valois, gravé par Léonard Gaultier et édité par Pierre Gourdelle

Source de l'image : Gallica ; Localisation : Paris, Bibliothèque nationale de France

L'existence de cette gravure permet d'attester la réalité de la renommée de Marguerite en matière de beauté physique, tant du point de vue du corps, que l'artiste met en valeur de façon maladroite, que du point de vue du costume, par sa richesse et son exubérance. La diffusion de cette estampe contribue au développement du mythe. La gravure est accompagnée d'une inscription grandiloquente :

Si le pinceau pouvoit animer cette image de la plus elle reine, et d'esprit et de corps, celui qui la verroit, ils confesseroit lors qu'il n'y a rien d'humain en ce divin ouvrage.

 GaultierLeuLe portrait est repris par Gaultier, modifiant le costume, que reprend son contemporain Thomas de Leu. Leur deux gravures sont quasiment identiques (outre l'inversement de l'image et le fait qu'elles soient toutes les deux signées, la différence se perçoit dans quelques détails de la représentation physique et du costume).

Source de l'image : Gallica ; Localisation : Paris, Bibliothèque nationale de France et (Vienne, Osterreichische Nationalbibliothek)

Marguerite_de_Valois_Granthomme_v2Portrait de Marguerite de Valois, édité par Jacques Granthomme

Source de l'image : (Vienne, Osterreichische Nationalbibliothek)

L'image est de piètre qualité, mais peut être rapproché par la gravure de Gaultier (le collier est le même, mais le costume est bien différent).

 

 

 


Marguerite (1600)L'image est également reproduite dans une enluminure illustrant un manuscrit écrit en 1597. Le document est un hymne composé en l'honneur de la reine par Loys Papon, un noble lettré qui animait à l'échelle locale un cercle littéraire.

Loin de la cour, Marguerite était parvenue à reconstituer autour d'elle une petite cour attirant à elle les lettrés de la région 2,3.

Gallica ; Localisation : Paris, Bibliothèque nationale de France

 

 

 



Marguerite_de_Valois_Passe_Portrait en médaillon de Marguerite de Valois, gravé et édité par Crispin de Passe en 1598

Source de l'image : Gallica ; Localisation : Paris, Bibliothèque nationale de France

Dans ce portrait édité en 1598, l'artiste flamand Crispin de Passe reprend le dessin de Gaultier en idéalisant profondément le visage de la reine. Dans l'inscription, Marguerite est présentée comme fille d'Henri II, soeur d'Henri III et épouse d'Henri IV. Elle n'est pas mentionnée comme reine de France et ce détail important nous rappelle qu'à cette date, Marguerite reste une princesse royale en exil.

Le contexte d'édition de cette gravure mériterait d'être connu. En effet, avec la paix de Vervins, l'année 1598 marque la fin de l'épopée d'Henri IV et l'aboutissement de son avènement sur le trône de France. Après plusieurs années de chevauchées militaires, de négociations et de libéralités financières, il peut enfin se poser et fonder une famille. Mais à cette date, malgré une forte opposition, le roi entend annuler son mariage pour se marier avec sa favorite Gabrielle d'Estrées.

Dans un tel contexte, l'édition et la diffusion d'une telle image n'est pas anodin. Marguerite de Valois est une reine en exil et son époux légitime ne semble pas vouloir changer cette situation pour le moment. Il s'agit donc d'une gravure non officielle de soutien à Marguerite, mais qui en même temps, semble ménager la susceptibilité du roi.

Pour éviter d'offenser Henri IV, la gravure ne présente pas Marguerite comme une reine mais se contente de suggérer qu'elle pourrait l'être : en effet, qui de mieux qu'une épouse de roi pour devenir reine (HENR. IIII GAL. RREG UXOR) ? C'est comme s'il s'agissait d'infléchir la position du roi et de le convaincre à reprendre Marguerite à ses côtés. Quelle princesse bien née peut rivaliser en dignité avec une fille et une soeur de roi (HENRICI II FIL. HENR. III SOR.) ? Le message à l'adresse des partisans du mariage de Gabrielle d'Estrées, « la duchesse d'ordure » comme l'appelle le peuple, est sans équivoque. Dans cet objectif, on comprend l'intérêt d'arranger le physique de la reine et de la présenter à son avantage.

Marguerite de Valois n'est pas nécessairement la commmanditaire de cette gravure, car il ne manquait pas à la cour de France  - et à l'étranger - des puissants hostiles au projet d'union avec Gabrielle. Au regard des conventions sociales, morales et géopolitiques du XVIe siècle, ce projet était considéré comme déshonorant pour le royaume.

Marguerite_Leu_BnFL'artiste graveur Thomas de Leu a produit une image identique (le visage est ressemblant, le buste est positionné de face) (image ci-contre). Le français a peut-être copié De Passe, mais comme il a également des points communs avec l'oeuvre originale de Gaultier (présence des plis de la robe, boucle derrière la coiffe) que n'a pas l'oeuvre de De Passe, il est possible que ce soit plutôt ce dernier qui se soit inspiré de Thomas de Leu. 

La technique de De Passe est beaucoup plus aboutie, mais le fait qu'il ait repris une copie médiocre, explique les différences importantes avec l'oeuvre originale de Gaultier. Ceci expliquerait notamment qu'en présentant un aspect plus géométrique que réaliste, la collerette n'est pas aussi bien rendue (la pointe du bustier est convexe au lieu d'être concave).

Source de l'image : (Vienne, Osterreichische Nationalbibliothek)

Marguerite, estampe d'interprétationMarguerite, estampe d'interprétationMarguerite de Valois, collection particulièreCe modèle sera abondamment repris aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

Malheureusement, les estampes d'interprétation qui en découlent laissent très souvent à désirer : les artistes ne cherchent pas à reproduire les traits physiques de la reine.  Ils associent de manière anachronique un type de costume que la reine a porté en son âge mûr (tel que De Passe, via de Leu l'a interprété de façon subjective), à un visage jeune et romantique.

 

Marguerite de ValoisMarguerite de Valois (musée de Fécamp)Portrait de Marguerite de Valois vers 1595-1600

Source de l'image  de gauche : Base Joconde ; Localisation : Fécamp, musée des Arts et de l'Enfance

Source de l'image de droite  : Mutualart.com (vendu chez Sotheby's en 2010 à Londres ?)

Ce dessin représente Marguerite avec une coiffure à la mode vers 1595. Il s'agit donc d'un dessin de la reine en exil à l'époque où de nombreux échanges épistolaires se font avec la cour pour l'annulation de son mariage et l'obtention d'un revenu qui lui permette de vivre selon sa dignité royale.

L'origine de cette image et le contexte de son élaboration reste à découvrir. L'annulation officielle de son mariage en 1599 en est l'un des facteurs les plus vraisembables. 

En 2010, une plaque d'émail tirée de ce dessin, a été vendu aux anchères sans identification (image de droite).   

 


Notes et références

1. J'ai trouvé ce joli dessin dans un livre d'histoire des années 80, assez complet en illustration. Comme il faut toujours se méfier des images provenant des ouvrages d'histoire, il vaut mieux le prendre avec prudence. La légende indiquait uniquement son appartenance au musée de Reims.

2. Claude LONGEON, Une province française à la Renaissance. La vie intellectuelle en Forez au XVIe siècle, Saint-Etienne, Centre d'études foréziennes, 1975, p. 431.

3.  Éliane VIENNOT, « Une intellectuelle, auteure et mécène parmi d’autres : Marguerite de Valois (1553-1615) », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés [En ligne], 13 | 2001, mis en ligne le 19 juin 2006, consulté le 22 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/clio/137 ; DOI : 10.4000/clio.137

2 juin 2007

Le retour de la reine Marguerite


Marguerite de valois, 1605Portrait de Marguerite de Valois, gravé par Firens et édité par Le Clerc en 1605

Source de l'image : Gallica ; Localisation : Paris, Bibliothèque nationale de France

L'oeuvre est éditée à l'occasion du grand retour de la reine à la cour de France. Après dix-neuf années d'exil et de négociations compliquées, Marguerite obtient d'Henri IV, désormais son ex-époux, l'autorisation de revenir à la cour. Pour Marguerite, c'est une nouvelle vie qui commence, plus apaisée et plus sage.

La gravure la représente habillée à la mode du temps, la coiffe en mitre et la collerette élevée derrière la tête. Le portrait n'est pas de qualité. L'embonpoint de la reine est représenté, mais peut-être est-il idéalisé. A en croire le témoignage - tardif -  de Tallemant des Réaux, la reine serait devenue « horriblement grosse ».

 

Couronnement de Marie de MédicisMarguerite de Valois mise en scène dans une gravure de Léonard Gaultier représentant le couronnement de Marie de Médicis à Saint-Denis en 1610.

A l'occasion de la cérémonie observée au couronnement de Marie de Médicis, l'ancienne reine Marguerite est présente au premier plan. On la voit représentée sur la gravure (ici à droite) ; elle se tient derrière la petite princesse Elisabeth.

A son retour à Paris, Marguerite s'est fait construire un très bel hôtel sur un terrain situé face au Louvre, de l'autre côté de la Seine. Réconciliée avec son ancien mari, elle rendait régulièrement visite à la famille royale et entretenait avec sa nouvelle épouse des relations très amicales. Marie de Médicis était rassurée de voir qu'elle s'était prise d'affection pour le petit dauphin, le futur Louis XIII dont elle avait fait son héritier.

Source : Gallica (Paris, BnF)

détail RubensMarguerite de Valois représentée par Rubens dans le Couronnement de Marie de Médicis à Saint-Denis vers 1624

Le couronnement de Marie de Médicis en 1610, musée du Louvre

L'image est anachronique parce que Rubens qui la peinte treize ans après les faits, n'a pas forcément respecté les costumes de l'époque. En revanche, le célèbre peintre n'a pas lésiné à représenter l'obésité de la reine, preuve que sa corpulence avait marqué les esprits et que dix ans après sa mort on s'en souvenait encore.

Au lendemain du couronnement de Marie de Médicis, le roi meurt assassiné par Ravaillac. La reine Marguerite devait lui survivre cinq ans. Pendant ces dernières années, elle fut pour la régente, une alliée et pour le petit Louis XIII, une amie. Elle meurt en 1615 en son hôtel parisien.

Source de l'image : Agence photographique de la Rmn (Paris, musée du Louvre)

 

Effigie de Marguerite en 1615L'effigie funéraire de Marguerite de Valois en 1615 (extrait)

Cette gravure exceptionnelle présente dans les collections du musée Czartoryski de Cracovie représente la veillée funéraire autour de l'effigie de la reine.

On y voit à ses pieds, le petit roi Louis XIII tenant une chandelle, rendant un dernier hommage à la princesse des fleurs de lys.

La scène se passe à l'hôtel de la reine, alors ouvert au public ; "il y a une presse aussi grande qu'à un ballet", témoigne le poète François de Malherbe1.

Ce type de représentation en gravure des obsèques princières n'est pas étonnante pour les années 1610. Il en existe de sembables pour les enterrements d'Henri IV et du duc Charles III de Lorraine2.

 Source : (Cracovie, musée Czartoryski)

Effigie de Marguerite de Valois Louis XIII Le peuple


Notes

1. Eliane Viennot, Marguerite de Valois, "La reine Margot", Plon Tempus, 2005, p. 304.

2 Voir les très belles gravures reproduites dans Philippe Martin (sous la dir.), La pompe funèbre de Charles III, 1608, Editions Serpenoise, Metz, 2008.

Article modifié en septembre 2012

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